Le site chinois de commerce en ligne Temu a révélé cette semaine le classement des pays représentant leurs premiers clients en Europe. Juste derrière l’Allemagne, la France se positionne deuxième sur le marché, avec 12 millions de destinataires chaque mois. Au total, ce sont plus de 93 millions d’acheteurs répartis sur l’ensemble du continent.
94 millions de destinataires en Europe
Tous les mois, en France, environ 12 millions de personnes sont les destinataires de colis en provenance de la plateforme chinoise Temu. Le site de commerce en ligne proposant des produits variés, avec, notamment, pléthore de vêtements et objets en tout genre, regroupe au total 93,7 millions de destinataires mensuels dans l’ensemble de l’Union Européenne. 16,3 millions pour l’Allemagne, 10 millions pour l’Italie ou encore 9,6 millions pour la Pologne.
En parallèle, La Poste annonçait il y a quelques semaines que près de 22% des colis gérés par le groupe provenaient des plateformes Shein ou Temu. Il y a cinq ans, ce chiffre était inférieur à 5%…
Aidées par leurs produits vendus à coûts dérisoires et plébiscitées par de nombreux influenceurs sur les réseaux sociaux, ces plateformes promeuvent la consommation excessive d’ultra fast-fashion, avec des milliers de modèles différents mis en lignes chaque jour, avec un slogan, « shop like a billionnaire ».
Au-delà des vêtements, Temu met en avant des objets high-tech, des éléments de décoration, des accessoires pour animaux de compagnie ou encore des bijoux. Autant de produits qui s’avéreraient potentiellement illégaux ou dangereux.
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Une réglementation à durcir
En effet, le 31 octobre dernier, la Commission européenne ouvrait à ce titre une enquête afin de s’ « assurer que les produits vendus (sur la plateforme de Temu) respectent les normes de l’UE et ne mettent pas en danger les consommateurs ». L’enquête s’attache également à « examiner « les risques liés à la conception addictive du service » de vente en ligne, y compris les programmes de récompenses sous une forme ludique « susceptibles d’avoir des conséquences négatives sur le bien-être physique et mental des utilisateurs ».
En 2022, déjà, Greenpeace alertait sur la présence de substances toxiques au sein des produits vendus par la plateforme concurrente Shein. Sur 47 objets achetés, 32% contenaient des « substances chimiques dangereuses à des niveaux préoccupants ». Sept d’entre eux étaient également bien au-delà des limites réglementaires fixées par l’Union européenne.
En France, pour tenter d’endiguer la course effrénée à cette sur-consommation environnementalement et humainement délétère, une loi contre la fast-fashion proposée par le parti Horizons, a été votée en mars dernier, dans l’objectif de « fixer le seuil à partir duquel une entreprise sera considérée comme proposant de la fast-fashion », mais aussi d’imposer une pénalité de 5 euros par produit neuf commercialisé dès 2025, pouvant atteindre 10 euros en 2030.
En parallèle de l’annonce de ses chiffres concernant les destinataires européens, Temu a dévoilé son « rapport de transparence pour l’Union européenne », dans la suite de l’adoption du nouveau règlement européen sur les services numériques, entré en vigueur en août 2023.
Des droits humains et environnementaux bafoués
En outre, afin de proposer des milliers de nouveaux objets par jour aux consommateurs, les plateformes d’ultra fast-fashion exploitent des travailleurs dans des conditions déplorables et rémunérés par des sommes dérisoires. Dans certaines usines, les employés (bien souvent sans contrat de travail), doivent assumer des journées de 18 heures par jour, sans plus d’un seul jour de congé par mois, et un salaire d’à peine 600 euros par mois. Sans parler du contact permanent avec des substances toxiques.
Enfin, à plus large spectre, le secteur de l’industrie textile représente 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Aussi, selon l’ADEME, 20 % de la pollution des eaux mondiales seraient dues à la teinture et au traitement des textiles, gourmands en substances ultra-toxiques.
Au-delà d’une réglementation européenne et internationale à durcir d’urgence, il est également nécessaire de repenser la place des vêtements et objets variés dans nos vies au quotidien, et surtout le besoin que nous avons réellement de les posséder. Pour rappel, afin de s’aligner sur les Accords de Paris sur le climat, chaque habitant ne devrait consommer que cinq vêtements neufs par an.
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