Dimanche 30 janvier, plus de 250 personnes se sont rassemblées sur l’aire de pique-nique de la zone d’aménagement concerté des Portes du Tarn pour protester contre la construction de la plate-forme logistique Terra 2, jugée inutile et écocidaire.

L’appel à manifester avait été lancé dans la semaine par Stop Terra 2. Créé en 2018, ce collectif composé de quatre associations bénéficie du soutien de poids lourds de la société civile, comme les Amis de la Terre, France Nature Environnement (FNE), Youth For Climate et Alternatiba.  

Par un froid glacial, les riverains, citoyens et militants venus manifester ont dénoncé, au cours de nombreuses prises de parole, « un véritable scandale démocratique » qui « entraînera de nombreuses nuisances pour les riverains : pollution, bruit, atteinte paysagère, encombrement, dangers (risque d’incendie) » et « des dommages catastrophiques pour l’environnement ».

Les manifestants ont ensuite formé un cortège jusqu’à la zone des travaux pour constater « l’étendue du chantier et des dégâts sur les riches terres agricoles menacées par le projet ». 

Un mastodonte du e-commerce

À cheval entre les communes de Buzet-sur-Tarn (Haute-Garonne) et Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), l’entrepôt logistique Terra 2 a tout des grands projets inutiles et imposés.

De dimensions titanesques (530 mètres de long, 123 de large, 14 de haut), ce futur mastodonte du e-commerce toulousain et albigeois s’étendra sur 70 000 m² et nécessitera d’artificialiser 12 hectares de terres agricoles, à quelques centaines de mètres des plus proches habitations. 

Installé sur une immense plaque de béton, l’entrepôt comportera 123 quais de chargement, qui accueilleront 3 000 semi-remorques par jour (soit 6 000 passages quotidiens), de 5 heures du matin à 10 heures du soir, hors dimanche. 

Porté par le syndicat mixte Les Portes du Tarn (SMIX, créé en 2009), un établissement public qui dépend du département, le projet Terra 2 doit s’inscrire dans une zone d’aménagement concerté (ZAC) de 198 hectares, acquise pour 87 millions d’euros.

En octobre 2021, après des années de démarches administratives, Terra 2 a reçu toutes les autorisations nécessaires pour s’implanter sur la ZAC, récemment estampillée « territoire de logistique clé en main ».

Dans le cadre du plan de relance, cette désignation est censée faciliter l’implantation ou la relocalisation d’activités industrielles « à haute valeur ajoutée ». C’est elle qui a permis aux premiers travaux (voiries et réseaux) de démarrer à la fin de l’année dernière.

Double recours administratif

Pour tenter d’entraver une nouvelle fois le projet, les associations Saint-Sulpice active et citoyenne et FNE Midi-Pyrénées ont déposé, le 24 janvier 2022, une double requête en référé-suspension au tribunal administratif de Toulouse ; double, parce que la ZAC s’étend sur deux départements. 

À la suite de relevés naturalistes complémentaires, il y a trois ans, les associations ont en effet découvert que certaines espèces n’avaient pas été recensées, sur la zone, par le cabinet d’expertise Biotope auquel avait été confiée la première étude d’impact en 2013.

Selon Saint-Sulpice active et citoyenne et la FNE, plus d’une centaine d’espèces animales et végétales protégées (contre 48 lors de la première recension) auraient été retrouvées sur le site du futur entrepôt, « dont plusieurs sont inscrites en liste rouge des espèces menacées sur le territoire national ou le territoire de l’ancienne région Midi-Pyrénées ». 

Parmi elles figurent deux plantes, sept amphibiens, deux insectes, cinq reptiles, trois mammifères, quatorze chiroptères et 70 oiseaux différents, dont le célèbre élanion blanc, petit rapace à grosse tête devenu l’emblème de Stop Terra 2.

Propositions alternatives

Dans une lettre adressée le 25 janvier à Christophe Ramond, président du conseil départemental du Tarn et de la SMIX, le collectif a réclamé la suspension des travaux engagés sur la ZAC, estimant que « cette attitude serait conforme au respect du principe de précaution qui prévaut dans les pratiques liées au droit de l’environnement ».

Au cours de leur manifestation, les opposants au projet de méga-entrepôt ont en outre rappelé leurs propositions de « commercialisation alternative de la ZAC » : préservation des linéaires de haies essentiels à la reproduction des oiseaux, maraîchage pour les cantines scolaires, filière bois pour la construction et la rénovation thermique, entre autres.

Le président du département n’ayant pas répondu, tous leurs espoirs reposent maintenant sur la décision de justice. Fixée le 15 février prochain, elle seule pourra infléchir le cours des événements.