Depuis le 29 octobre, Blagnac (Haute-Garonne, Occitanie) n’éclaire plus une partie de ses rues entre 1h et 5h du matin. La commune d’une superficie de 16,8 km2 et de près de 25 000 habitants organise une expérience d’une durée d’un an dans le but de protéger l’environnement et de favoriser la biodiversité. Cet essai rejoint d’autres démarches en France qui luttent contre la pollution lumineuse, émettant 6 % des émissions de gaz à effets de serre dans le monde.
L’expérience concerne trois secteurs comprenant quarante-sept chemins et rues, deux places, une digue et une résidence. Les trois lieux retenus dans le cadre de l’étude sont un secteur d’activités artisanales, un quartier résidentiel et une zone près des berges de la Garonne et le Ramier des quinze sols, un milieu naturel préservé jouxté de sept lacs.
L’endroit fait partie du site de la Vallée de la Garonne, déclaré depuis un arrêté publié en 2006 du réseau Natura 2000. La mairie organise cette expérience dans le cadre d’une feuille de route locale, l’agenda 21, et explique que l’action est mise en place afin de maîtriser les consommations d’énergie, diminuer les émissions de gaz à effet de serre, la pollution lumineuse, et préserver la biodiversité. Elle ajoute dans un communiqué :
« Il s’agit de recréer un espace de nuit nécessaire à l’équilibre naturel ».
Elle explique que la pollution engendrée par l’éclairage affecte divers secteurs : le cycle annuel de migration des oiseaux (dont une grande partie se déroule de nuit) est perturbé, la végétation est en forte diminution par sa présence et la mortalité des insectes est vivement accrue.
En effet, selon l’un des chercheurs à l’origine d’une étude publiée en 2019, Brett Seymoure, la lumière artificielle de nuit pourrait être un moteur dans le déclin des populations d’insectes, affectant leur environnement d’une telle sorte qu’ils se retrouvent dans l’incapacité d’utiliser leurs fonctions biologiques les plus vitales.
D’après l’étude, un tiers des insectes piégés dans les environs de ces lumières se retrouvent piégés et meurent pendant la nuit, de fatigue ou en étant mangés par des prédateurs. Ils ajoutent que la disparition de ces insectes affecte la pollinisation.
La plupart de nos cultures ayant besoin d’être pollinisées, leur disparition nous affecte de la façon la plus directe possible. Actuellement, 40% des espèces d’insectes sont en voie de disparition, et on estime le déclin de leur population à 1 ou 2% chaque année.
Cet été, 1592 faisceaux lumineux illégaux ont été repérés sur l’ensemble de notre territoire par la fédération France Nature Environnement.
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L’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) rappelle dans ses positions l’importance d’une véritable mesure sur nos besoins en éclairage de nuit :
« La modernité et l’innovation ne se résument pas du tout à utiliser simplement la dernière technologie d’éclairage, par principe. Ni à installer électronique et numérique partout, sans en donner les coûts et impacts réels. La véritable innovation réside d’abord dans des approches nouvelles parce qu’elles sont globales, tant en termes de coûts que d’impacts. Elle réside dans une approche à des besoins avérés et non créés, amplifiés ou imposés. Elle réside dans la recherche de plus de sobriété lumineuse. »
D’autres villes ont pris des mesures similaires à Blagnac, en Occitanie. Auzeville-Tolosane, Tournefeuille, ou encore Colomiers pour laquelle éteindre 50% des lumières de ses parcs lui a permis d’économiser 150 000 euros chaque année. Blagnac dressera un bilan à la fin de l’hiver prochain pour estimer si le dispositif requiert une adaptation de ses modalités.