Selon une étude publiée mardi 31 janvier et réalisée sur 93 villes européennes par une équipe internationale d’une douzaine de chercheurs, augmenter la présence moyenne des arbres à 30 % en ville pourrait réduire de 0,4 % les températures, et ainsi réduire d’un tiers les décès dus aux chaleurs estivales.
En Europe, en moyenne, la couverture végétale est de 14,9 %. Selon cette nouvelle modélisation, si la couverture végétale d’une ville pouvait atteindre les 30 % de sa surface, les températures pourraient baisser de 0,4 %. Cela permettrait de réduire les décès liés à la canicule en été de 39,5 %.
En utilisant des données de 2015, ils ont estimé que parmi les 6700 morts prématurées dues au réchauffement climatique, 2644 auraient pu être évitées en augmentant la couverture végétale.
Tamara Iungman, de l’institut de Barcelone, auteure principale de l’étude, a commenté pour le journal britannique The Guardian :
« Cette mesure devient de plus en plus urgente dans un contexte de réchauffement climatique, où l’Europe connaît plus de fluctuations extrêmes de températures. Nous savons déjà que les hautes températures dans des environnements urbains sont associées avec des conséquences néfastes pour la santé, telles que des insuffisances cardio-respiratoires, l’augmentation des admissions à l’hôpital et des morts prématurées. »
La France n’est pas épargnée par ce constat. Avec un déficit de précipitations dans tous les départements de 10 à 40 %, et l’une des plus longues et des plus étendues sècheresses des sols, l’année 2022 a été la plus chaude en France depuis le début des relevés en 1900.
Le professeur Yadvinder Malhi, professeur en science des écosystèmes à l’Université d’Oxford, a développé :
« Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville, c’est pourquoi les arbres sont d’une importance capitale pour rendre les zones urbaines plus résilientes face au réchauffement climatique. Les arbres en milieu urbain apportent de nombreux co-bénéfices au-delà de l’adaptation au changement climatique : plusieurs études montrent que le simple fait de voir et de sentir des arbres présente des avantages pour la santé et le bien-être, et améliore la biodiversité urbaine.
Mais la plupart du temps, on trouve les couvertures végétales dans les villes et les quartiers riches, donc les renforcer à d’autres endroits peut réduire cette inégalité et particulièrement réduire la haute vulnérabilité de quartiers plus pauvres au changement climatique. »
Les villes qui sont les plus susceptibles de bénéficier de cette augmentation de la couverture végétale se situent dans le l’Europe de l’est et du sud, où les températures estivales tendent à être plus élevées et où cette couverture est moins dense.
A Cluj-Napoca, en Roumanie, où le plus grand nombre de morts prématurées dues à la chaleur a eu lieu en 2015, la couverture végétale représente 7 % de la surface de la ville. A Lisbonne, au Portugal, elle ne s’élève qu’à 3,6 %, et à Barcelone à 8,4 %. Une vaste différence avec les 15,5 % de Londres et les 34 % d’Oslo.