Enorme victoire pour les opposants aux méga-bassines. La justice a interdit la construction de 15 d’entre elles, à travers deux projets, en Poitou-Charentes, au motif qu’elles étaient « surdimensionnées » et inadaptées « aux effets du changement climatique ». Ce jugement met un coup d’arrêt aux projets.
Ce mardi 3 octobre, le tribunal administratif de Poitiers a confirmé l’annulation des 2 arrêtés préfectoraux portant sur la création et l’exploitation de 6 méga-bassines de la Pallu en Vienne et de 9 méga-bassines de l’Aume Couture (dont 7 en Charente et 2 en Deux-Sèvres).
Les recours avaient été déposés par de nombreuses ONGs opposées à « l’accaparement de l’eau pour l’agroindustrie », Poitou-Charentes Nature, l’UFC, la LPO, mais aussi la Confédération paysanne et l’Association de Protection et avenir du Patrimoine en Pays d’Aigre et en Nord Charente (APAPPA).
« Cette décision qui fera date se base sur ce que nous dénonçons depuis longtemps et nous renforce dans le sentiment que les actions menées ces derniers mois pour arrêter les projets de méga-bassines sont absolument légitimes ! » ont réagi les Soulèvements de la Terre, la Confédération Paysanne et Bassines Non Merci
Le tribunal a estimé que les décisions des services de l'Etat encourageaient le développement de l'irrigation en bafouant la notion de substitution : " une erreur manifeste de la Préfète dans la gestion durable de la ressource.." Ça pique pour la Préfète du 79 et 86 ! pic.twitter.com/9NN8w7r3kW
— BassinesNonMerci ⏚ (@BassinesNon) October 4, 2023
Ces collectifs ont mené des actions de terrain rassemblant de plus en plus de monde au cours des dernières années, jusqu’au terrible affrontement de Sainte-Soline en mars 2023 où des moyens militaires massifs avaient été déployés pour décourager les gens à rejoindre le mouvement, plongeant un jeune homme dans le coma.
La mégabassine de Sainte Soline, une retenue d’eau de 16 hectares, soit quasiment la taille du Stade de France, et d’une contenance de 720 000 m³ d’eau, est un cas emblématique de la menace que fait peser sur la ressource en eau une installation aussi gigantesque.
C’est d’ailleurs cet argument, détaillé par des scientifiques en février 2023, qui a été avancé par le tribunal administratif de Poitiers qui considère que « le projet n’est pas associé à de réelles mesures d’économie d’eau et ne tient pas en compte les effets prévisibles du changement climatique ».
Concernant les retenues prévues dans la Vienne, les juges ont souligné « un surdimensionnement du projet » en termes de volumes d’eau à prélever pour remplir les réserves, par rapport à ce que le milieu hydrologique local « est capable de fournir dans des conditions écologiques satisfaisantes et compte tenu des effets prévisibles du changement climatique ».
Pour les citoyens et ONGs opposées aux méga-bassines, « Il est grand temps que le gouvernement reconnaisse la nécessité d’un moratoire immédiat et cesse de réprimer le mouvement de défense de l’eau »
En effet, la mégabassine de Sainte-Soline est toujours en cours de réalisation, n’étant pas concernée par ce jugement, ainsi que d’autres projets en France. De leur côté, la Préfecture et les irrigants ont déclaré vouloir faire appel de la décision.