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Malgré la pollution aux PFAS, Arkema s’agrandit près de Lyon

Arkema a rejeté, depuis 2011, 3,5 tonnes de PFAS dans le Rhône, affectant les eaux qui approvisionnent une centaine de communes. Plus de 220 000 personnes pourraient être touchées par ces rejets.

C’est une défaite sanitaire en plein scandale sur les PFAS. Le tribunal administratif de Lyon autorise l’entreprise japonaise Arkema à construire une nouvelle unité de production pour augmenter la fabrication de PVDF, une substance per- ou poly fluoroalkyle (PFAS), dont l’innocuité n’est pourtant pas connue.

Le scandale des PFAS d’Arkema

Les associations et collectifs Bien Vivre à Pierre-Bénite, PFAS contre terre, Générations futures, Action Justice Climat Lyon et Notre Affaire à Tous demandaient au tribunal la réalisation d’une étude d’impact ainsi que la publication d’une autorisation environnementale pour valider le projet. Demandes rejetées par le juge, qui estime que l’augmentation de l’activité ne génère pas de risque sanitaire et écologique supplémentaire.

Plus inquiétant encore, la décision juridique autorise Arkema à accroître ses capacités de stockage de trifluorure de bore (BF3), un gaz très toxique. Des fuites de ce produit avaient déjà été détectées en-dehors de la zone de confinement en 2023. Les associations se disent « très inquiètes », d’autant plus qu’aucune étude sérieuse n’a été faite sur la santé des riverains.

« Arkema a nié l’impact que pouvaient avoir ces augmentations de stockages, alors que les chiffres sont impressionnants » s’inquiète Thierry Mounib, président du collectif Bien Vivre à Pierre Bénite, pour La Relève et La Peste.

Maître Elodie Simon, avocate de l’industriel, explique que cette décision « permet d’assurer la transition vers la fabrication de PVDF sans utiliser de surfaçant PFAS, c’est une vraie amélioration de la performance environnementale ». Arkema entend remplacer les PFAS par d’autres produits chimiques, mais n’a pas souhaité divulguer la liste de ces nouveaux intrants.

Récemment, l’entreprise utilisait du 6:2 FTS, un perfluoré, dans son processus de production. Cette substance a été rejetée par centaines de kilos dans le Rhône. Avec cette nouvelle méthode de fabrication du PVDF, Arkema espère mettre fin à la controverse.

« Connaissant la pollution émise par l’entreprise depuis des dizaines d’années, on ne peut qu’être inquiet tant que l’innocuité n’est pas prouvée et qu’Arkema demeure floue » estime Thierry Mounib.

La Vallée de la Chimie, zone la plus polluée aux PFAS en France

Selon un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable datant de décembre 2022, Arkema a rejeté, depuis 2011, 3,5 tonnes de PFAS dans le Rhône, affectant les eaux qui approvisionnent une centaine de communes. Plus de 220 000 personnes pourraient être touchées par ces rejets.

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) étudie cette pollution depuis 2011. Toutefois Arkema fabrique des produits chimiques fluorés depuis 1957, rendant difficile l’évaluation de l’ampleur du phénomène.

« Il est inquiétant de laisser un industriel peu rigoureux augmenter son activité alors que les produits rejetés dans l’air par l’entreprise sont reconnus nocifs pour la santé des riverain.es et salarié.e.s. Véritable danger pour la santé, les polluants éternels sont à l’origine de cancers, problèmes liés à la thyroïdes, infertilité… » rappelle l’association Notre Affaire à Tous

En juin dernier, des journalistes de France 3 révélaient qu’Arkema avait étudié la contamination de ses employés au PFNA, un acide perfluoré. Entre 2003 et 2016, leur taux d’imprégnation a augmenté de plus de 450 %. Et en 2022, les salariés étaient encore 17 fois plus contaminés que la moyenne nationale, malgré l’arrêt de sa production en 2016.

Eaux et produits agricoles impropres

L’Agence régionale de santé (ARS) a conseillé aux résidents des quinze communes environnantes de ne pas consommer les œufs et volailles de la région, ainsi que les poissons pêchés en aval de Pierre-Bénite.

La métropole lyonnaise a déposé plainte contre Arkema et Daikin (autre entreprise polluante de la Vallée de la chimie), afin d’appliquer le principe de pollueur-payeur, car elle n’est plus en mesure de fournir une eau acceptable à une partie de la population.

« Les nappes phréatiques seront toujours polluées, le Rhône sera toujours pollué parce les usines ont rejeté des polluants éternels » insiste Thierry Mounib, président du collectif Bien Vivre à Pierre Bénite.

Début août, la justice a ordonné une expertise indépendante sur la responsabilité des deux industriels dans la pollution aux PFAS. Le rapport est attendu avant fin 2025.

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Florian Grenon

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