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Les riches de Sydney érigent un mur de 7m de haut pour protéger leurs maisons de l’érosion

En 2002, l’ONG Surfrider commençait déjà à mener un combat acharné contre la mise en place de murs à Collaroy, la destruction et les inégalités qu’ils présentent, en formant notamment une ligne dans le sable pour démontrer l’importance de la préservation de la dune. De nombreux habitants de Sydney se sont joint aux voix des militants pour dénoncer cette injustice.

Depuis décembre 2020, pour se protéger de la fracture des plages à Collaroy (Nouvelle-Galles du Sud), au nord de Sydney, 49 propriétaires financent la construction d’un mur de 13 mètres de haut, dont 7 mètres qui font surface, sur 1,3 kilomètre de long. Selon le journal The Guardian, chacun des propriétaires a déboursé 300 000 dollars. Ce mur met en avant les vastes inégalités de possibilités d’adaptation qui existent face à la crise climatique.

Ces 49 x 300 000 dollars représentant, au total, 80 % du montant nécessaire à l’édification de ce mur se voulant infranchissable face aux tempêtes et aux érosions de la plage de Collaroy. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud et le Conseil des plages du Nord se sont engagés à fournir les 20 autres pourcents.

En juin 2016, 150 mètres de la plage de Collaroy sont dévastés par une forte tempête et les immenses vagues qui l’accompagnent, en l’espace de trois heures. De nombreuses maisons et piscines privées se sont retrouvées accolées à, voire dévastées par un gouffre. Depuis, deux autres tempêtes ont frappé les lieux.

La tempête de 2016 est arrivée jusqu’aux maisons – Capture vidéo de TheGuardian

Les tempêtes risquant de se multiplier avec le réchauffement climatique en même temps que la montée des océans, les résidents ont décidé de construire un rempart en contrebas afin de contrecarrer les potentiels dégâts. Cependant, des évidences du début de l’érosion de la plage ont été découvertes dès 1920, la rendant de ce fait, particulièrement vulnérable.

A un peu plus de 50 km au nord de Colleroy, se trouve Wamberal, une banlieue côtière. Là-bas, les phénomènes météorologiques violents sont également récurrents. Ces évènements de grande ampleur frappent les lieux depuis le début des années 70, tous les quatre ou cinq ans.

En 1974 et 1978, des maisons ont été détruites par des tempêtes, et celle de 2016 a bien failli apporter des conséquences similaires. Un projet de rempart y est également en cours.

Tayanah O’Donnell, experte en adaptations face à la crise climatique et en gestion côtière, estime : « Il viendra un temps où il faudra que les habitants acceptent qu’ils ne peuvent plus vivre ici ».

D’après elle, il n’aurait jamais fallu construire sur la plage, et l’installation potentielle de ces murs ne peut être que temporaire. Ces derniers ont des revêtements onéreux, en plus d’être dévastateurs pour le littoral.

Des experts savent pourtant depuis des années que des murs verticaux peuvent déstabiliser la formation naturelle des côtes, et ainsi en augmenter l’érosion.

Tayanah O’Donnell explique :  « Les littoraux sont façonnés pour le mouvement. Une structure dure telle qu’un mur de soutènement tend plutôt à renforcer les occurrences de ces mouvements naturels. »

En 2002, l’ONG Surfrider commençait déjà à mener un combat acharné contre la mise en place de murs à Collaroy, la destruction et les inégalités qu’ils présentent, en formant notamment une ligne dans le sable pour démontrer l’importance de la préservation de la dune. De nombreux habitants de Sydney se sont joint aux voix des militants pour dénoncer cette injustice.

La plage est détruite pour construire le mur – Capture vidéo de TheGuardian

Un ingénieur spécialisé dans les aménagements côtiers, Angus Gordon, estime également que l’établissement d’un mur vertical est brutal pour l’environnement, tend à progressivement échouer et que le problème aurait été mieux résolu avec un revêtement en pierre.

D’après lui, une digue verticale à des potentiels d’effondrement catastrophiques, et un brise-lame de pierres serait bien plus adapté aux modalités du changement climatique.

Andy Short, géoscientifique pour l’Université de Sydney, ajoute pour le journal 9News que, dans l’impossibilité de mouvement, le sable pourrait être emporté par les nouvelles tempêtes :

« Sur le long terme, il n’y aura que ces murs, et plus de plage. »

Les opposants au mur multiplient les actions – Capture vidéo de TheGuardian

L’inégalité que représente cette résolution privée du problème est considérée comme un apartheid climatique, selon l’ONU. En juin 2019, le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté, Philip Alston, s’exprimait sur le sujet :

« Une dépendance excessive au secteur privé pourrait conduire à un scénario d’apartheid climatique dans lequel les riches paient pour échapper au réchauffement, à la faim, aux conflits, tandis que le reste du monde souffrirait ».

D’après le dernier rapport du World Inequality Lab publié à la mi-octobre, 10 % des populations les plus aisées sont à l’origine de la moitié des émissions de CO2 de la planète. Les responsabilités ne sont donc toujours pas prises, et le confort individuel prime toujours avant l’intérêt général : nombreux sont les résidents des côtes ouest de l’Australie qui s’estiment satisfaits de ces projets de murs.

Maïté Debove

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