Vous cherchez un média alternatif ? Un média engagé sur l'écologie et l'environnement ? La Relève et la Peste est un média indépendant, sans actionnaire et sans pub.

Les révoltes de la colère : la police française tue deux fois plus qu’il y a 10 ans 

« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. » L'Abbé Pierre, 1984

Depuis la mort de Nahel, un lycéen de 17 ans tué le 27 juin 2023 à bout portant par un policier, les quartiers s’embrasent, révoltés par cet énième abus. Les faits sont là : il y a eu deux fois plus de morts suite à une intervention des forces de l’ordre en 2021 et 2022 que durant la décennie précédente. Si les révoltes s’essoufflent légèrement depuis ce lundi soir, la colère déborde. Elle est nourrie par des décennies d’abandon des services publics et un racisme institutionnel qui divise la France. Combien de morts faudra-t-il pour réconcilier notre société ?

Violences policières

Un mineur a été tué par la police à bout portant, alors qu’il conduisait une voiture sans permis. La vidéo, qui a été vue des millions de fois, glace le sang. Sur les images, le doute n’est pas possible : le policier a volontairement abattu le jeune Nahel d’une balle dans le thorax, alors que celui-ci emmenait l’un de ses passagers passer son brevet.

Partout, les témoignages des proches et des témoins se multiplient pour reconstituer la scène, alors que l’enquête de l’IGPN suit son cours, en se basant sur la vidéo publiée lundi sur les réseaux sociaux.

Fouad, le troisième occupant de la voiture, a notamment expliqué à la police des polices que le jeune conducteur a reçu des menaces de mort et plusieurs coups de crosse. Le dernier coup l’aurait étourdi, son pied se levant alors de la pédale de frein. La voiture automatique a démarré, le policier a tiré.

Au regard de la loi, personne ne mérite de mourir après un refus d’obtempérer, passible de 3 ans de prison maximum (beaucoup moins dans la plupart des jugements rendus), mais en aucun cas ne justifie une balle dans le Thorax.

Malheureusement, si cet abus a bien été filmé cette fois-ci, il est loin d’être un cas isolé. Seulement deux semaines avant, Alhoussein Camara, 19 ans, a été tué par un policier alors que le jeune homme sortait du travail vers 4 h 30 à Saint-Yrieix-de-Charente, une banlieue résidentielle d’Angoulême.

Les policiers responsables de sa mort prétendent qu’il aurait refusé d’obtempérer en faisant marche arrière, causant une entorse au genou à l’un des officiers. Ce dernier portait une caméra-piéton sur lui, mais aucune image n’a été restituée « faute de charge suffisante pour permettre son activation au moment des faits ». La mort d’Alhoussein a provoqué l’incompréhension de ses proches pour qui le jeune homme était un « exemple », selon le directeur du foyer qui l’a accueilli à son arrivée de Guinée.

Nahel, Alhoussein, et au moins 6 autres personnes ont été tuées par les forces de l’ordre depuis le début de l’année 2023 selon les affaires révélées par la presse. L’an dernier, 39 personnes. En 2021, 52 personnes dont la moitié n’étaient pas armées, ainsi que le pointe le média Basta dans son recensement annuel.

« Ce qu’il en ressort commence à être inquiétant. Pendant les quatre décennies précédentes, nous recensions alors en moyenne une quinzaine de décès, avec son lot d’affaires controversées, de violence arbitraire, voire raciste. Le macabre record remontait à 1988 avec ses 30 morts, un pic principalement lié à l’assaut contre la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. La période actuelle voit un seuil être franchi, avec plus d’une vingtaine, voire désormais plus d’une quarantaine de morts par an » alerte Yvan du Roy, à l’origine du recensement

Des faits corroborés par des chercheurs européens, dont le sociologue Sebastian Roché, qui ont comparé les cas de tirs mortels après refus d’obtempérer en France et en Allemagne sur une période de dix ans.

Les résultats sont accablants : alors qu’en Allemagne, il y a eu un tir mortel en dix ans pour refus d’obtempérer, il y en a eu 16 en France en seulement un an et demi. De surcroît, cette statistique se base uniquement sur les tirs policiers mortels “sur un véhicule en mouvement”. En France et depuis plus d’un an, un automobiliste en moyenne est tué chaque mois par la police.

En cause pour les observateurs des droits humains : la disparition de la « police de proximité », qui permettait de maintenir un lien entre agents de police et jeunes des quartiers, le manque de formation des policiers qui sont confrontés à des publics fragiles. Le plus problématique : le cadre légal instauré depuis 2017 par l’article L.435-1 du Code de la sécurité intérieure, ainsi que la note du 1er mars 2017 de la direction générale de la police nationale (DGPN) interprétant largement le texte, qui facilite le recours à l’emploi des armes notamment en cas de refus d’obtempérer.

« Ce cadre a créé une incertitude juridique délétère s’agissant d’un acte aussi grave dans lequel la prise de décision doit être extrêmement rapide. S’indigner ne suffit plus, il faut agir. Agir pour que les familles de Nahel, Alhoussein et les autres obtiennent justice. Les fausses déclarations qui entretiennent l’impunité policière sont intolérables, tout comme la communication immédiate souvent trompeuse des autorités ou les discours qui visent à relativiser ces décès. Mais aussi agir pour mettre fin à une telle épidémie d’homicides. C’est pourquoi la LDH réitère sa demande d’abrogation de cet article L.435-1, et d’une révision profonde des pratiques policières » exhorte la Ligue des Droits de l’Homme

De partout, les témoignages des victimes de violences policières affluent comme celui de Sonia, dont le frère Aïssa Ihich est mort de malaise cardiaque en garde à vue à 19 ans, ou encore celui de Nadir* et Younès*, qui font partie des lycéens ayant dû rester plusieurs heures à genoux, mains sur la tête et dans le froid, dans leur école en 2018, suite à une manifestation « calme » contre la réforme du bac et Parcoursup. Quatre ans après, ils ont enfin été auditionnés par la justice.

Et la raison de leur colère devient limpide : Nahel, cela aurait pu être eux, leur frère, leur voisin.

Justice à deux vitesses

La vidéo de ce nouvel homicide a embrasé les quartiers, révélant aux yeux des adultes dépassés toute la colère que ressent une génération, privée de liberté et durement contrôlée pendant les confinements à répétition : celles de jeunes dont certains pas plus âgés de 12 ou 13 ans, n’hésitant pas à aller affronter torses nus et avec des feux d’artifice les forces de l’ordre.

« Ces jeunes sont abandonnés par l’État. On ne leur propose rien, on les maltraite, on leur parle comme à des chiens et après on s’étonne. On nous a abandonnés, tout simplement » résume ainsi Hamza, un sexagénaire de Nanterre, au média Politis

Plus de 40 000 policiers et gendarmes ont été répartis sur le territoire face aux révoltes. En Ile-de-France, les moyens de transports publics ont été supprimés le soir pour empêcher leur venue sur la capitale, notamment les Champs Elysées où de nombreux policiers ont été déployés. De façon erratique, les révoltés s’en sont pris durant toute la semaine à des bâtiments aussi divers que des stations de police ou des magasins, parfois des bâtiments publics créant la colère et l’inquiétude des mamans qui ont exhorté les enfants au calme.

Pris dans l’effet de foule, de nombreux opportunistes en ont profité pour piller des magasins, notamment dans les grandes villes, déclenchent une répression judiciaire féroce et expéditive, « du jamais-vu » pour certains greffiers et avocats, qui vise à étouffer la révolte suite à une circulaire diffusée par Eric Dupond-Moretti.

Parmi les opportuns, quasiment que des hommes, énormément de casiers judiciaires vierges, beaucoup de jeunes majeurs, en activité économique précaire, au chômage ou en formation. Des peines très lourdes sont prononcées pour des délits commis dans la rue, ou même simplement pour une vidéo TikTok, créant de dangereux précédents judiciaires.

A l’inverse, alors qu’il y a eu 13 tirs létaux perpétrés par des policiers durant des contrôles routiers en 2022, le taux le plus fort en une seule année, pour l’instant aucun agent n’a été condamné.

Dans les prévenus, on pouvait trouver : « Parfois, un lycéen ou un jeune étudiant bien inséré, mais, la plupart du temps, la misère, qui a voulu améliorer l’ordinaire, voire la grande misère, celle qui désarçonne. A Marseille, Michel a été arrêté à la sortie d’un supermarché du 3e arrondissement, les bras chargés de victuailles : « J’ai pris des pêches et des abricots car j’ai pas mangé de fruits depuis un an. » Toujours à Marseille, un sans-domicile-fixe a été arrêté avec 246 tablettes de chocolat, rue de la République » narre Le Monde

Si Emmanuel Macron a été prompt à accuser les jeux vidéos et les parents, menaçant carrément de mettre des amendes aux familles (déjà pauvres) dont les enfants auraient été pris en train de participer au soulèvement, c’est bien la misère, l’impossibilité de s’en sortir et la violence quotidienne qui nourrissent la colère des jeunes révoltés.

« Auparavant, le rap ou l’islam ont été pointés. C’est une façon de dépolitiser la mobilisation. Mais en plus, cela permet d’éviter de s’attaquer aux causes profondes de cette crise des quartiers populaires qui demande des réformes en profondeur de la société. Les chantiers vont de l’entrée dans l’âge adulte aux conditions d’entrée sur le marché de l’emploi, en passant par les conditions de rémunération. Plutôt que d’évoquer ces problèmes structurels que les sociologues dénoncent depuis 40 ans, on préfère détourner l’attention » accuse le sociologue Sami Zegnani pour le BondyBlog

40 ans de discrimination

Les révoltes de 2023 ont un air de déjà-vu. Tragiquement, l’Histoire se répète. En 2005, la mort de Zyed (17 ans) et Bouna (15 ans), deux adolescents électrocutés dans un transformateur après une course-poursuite avec la police, avaient provoqué le soulèvement des banlieues. A l’époque, Jacques Chirac avait lancé un message d’apaisement, en rappelant dans une allocution télévisée deux semaines après le début des conflits, alors qu’il prolongeait l’état d’urgence :

 « Je veux dire aux enfants des quartiers difficiles quelques soient leurs origines qu’ils sont tous les filles et les fils de la République. Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter d’où qu’ils viennent le racisme, l’intolérance, l’injure, l’outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations. Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n’assumons pas la diversité de la société Française. Elle est inscrite dans notre Histoire, c’est une richesse et c’est une force. »

La dernière nuit de révoltes est celle du 17 au 18 novembre 2005, elle met alors fin à trois semaines de conflits. 20 ans après, le racisme continuer d’infiltrer toutes les strates de notre société, de la police aux institutions, favorisée par une politique impulsée par Nicolas Sarkozy ainsi que nous l’expliquaient Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer pour Amnesty International, et Pierre Januel, ancien attaché parlementaire et fonctionnaire au Ministère de la Justice.

Les réactions gouvernementales aux évènements des dernières semaines en sont révélatrices à elles seules. En 2019, le gouvernement avait traité de « cagnotte de la honte » le financement participatif lancé pour l’ex-boxeur gilet jaune Christophe Dettinger. En 2023, Elisabeth Borne s’est contentée de dire que celle lancée par le fasciste Jean Messiha « ne contribue pas à l’apaisement » tout en précisant qu’il n’appartenait pas au gouvernement de « décider ou non de (son) existence ».

Suite à la plainte déposée par la famille de Nahel pour escroquerie en bande organisée et recel de cette infraction, Jean Messiha, un ancien du Front national, ex porte-parole d’Eric Zemmour et chroniqueur régulier sur Cnews, a clôturé la cagnotte dans la nuit de mardi à mercredi 5 juillet après avoir récolté 1,6 million d’euros. Il n’a pas encore précisé ce qu’il allait faire de l’argent mais a également menacé la famille du défunt de poursuites judiciaires pour diffamation. La cagnotte pour la mère de Nahel a récolté plus de 400 000 euros au moment d’écrire ces lignes.

Ironie de l’Histoire, le 24 mai dernier, soit un mois avant les faits, les associations et les maires de banlieues lançaient une alerte au gouvernement dans une tribune sur le fait qu’ils se trouvaient « au bord du précipice » à cause de la précarité alimentaire, la flambée des prix de l’énergie et le délabrement des bâtiments urbains. Réponse du chef de l’Etat ? Rien. Le silence. Aucun rendez-vous proposé.

Les 200 maires victimes de violences urbaines, eux, ont tous été reçus dans l’urgence et l’émotion le mardi 4 juillet par Emmanuel Macron qui va lancer un grand « plan de reconstruction ». Or, pour Ali Rabeh, maire de Trappes, dans les Yvelines, ce n’est pas de subventions dont les banlieues ont besoin mais bien de mixité sociale et d’égalité des chances.

« La politique de la ville permet d’aider certains à s’en sortir par l’école, par l’entrepreneuriat, par la culture, par le sport. Ceux qui s’en sortent s’en vont dès qu’ils le peuvent. Ces ghettos restent des ghettos puisqu’ils accueillent uniquement des familles en grande difficulté. Il faut sortir de ça. Pour ça, il faut que toutes les familles, quel que soit leur niveau de richesse, leurs revenus puissent se loger partout, y compris dans les villes très riches. À Maisons-Laffitte, dans les Yvelines, il y a 10 % de logements sociaux. Le maire viole délibérément la loi et refuse de construire. À Trappes, il y a 60 % de logements sociaux. Donc tant qu’on ne sort pas de cela, on vivra chacun dans une sorte de ségrégation qui nous condamne au malheur » explique-t-il sur FranceInfo

Dans ce contexte social profondément divisé, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme a rendu son rapport annuel ce mardi sur « la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ». Il nous apprend que les infractions « de nature criminelle ou délictuelle, commises en raison de l’origine ou d’une prétendue race ou de la religion » ont augmenté de 10% entre 2021 et 2022. L’autorité indépendante lance notamment l’alerte sur la banalisation des discours xénophobes sur internet et dans le débat public.

« Après une année électorale marquée par des discours prompts à faire de l’étranger, de l’immigré, ou de leurs descendants, la cause de tous les maux, le rapport 2022 de la CNCDH entend rappeler, dans l’un de ses focus, les risques de toute essentialisation et instrumentalisation de la haine de l’Autre. Chaque atteinte aux droits dont tout individu doit pouvoir jouir à égalité avec les autres, chaque discrimination impunie atteignant la dignité des personnes constituent des menaces directes pour toute société démocratique, pour le respect des droits fondamentaux, par essence universels, indivisibles et interdépendants »

Parmi les mesures proposées par l’autorité indépendante pour en finir avec ce racisme structurel : entretenir et soutenir la recherche académique sur les actes racistes, renforcer les sanctions de l’ARCOM (gendarme des médias) contre les chaînes qui diffusent des propos xénophobes, ou créer une convention citoyenne sur les migrations pour animer un débat démocratique sur le sujet.

Pour l’heure, c’est plutôt vers un musèlement de la liberté d’expression que tend le gouvernement : Macron a émis l’idée de « couper les réseaux sociaux », qui sont utilisés par les jeunes révoltés, « quand les choses s’emballent ». Une technique utilisée par les régimes autoritaires, de l’Iran au Soudan, depuis 2010. Pourtant, en 2005, de réseaux sociaux, il n’y en avait pas, et cela n’avait pas empêché les révoltés d’aller dans la rue.

Depuis le soir du 27 juin, début des heurts, des centaines de fonctionnaires de police et gendarmes auraient été blessés à des degrés divers selon le Ministère de l’Intérieur. On ne connaît pas le nombre de blessés parmi la population. Près d’un millier de personnes ont été déférées devant la justice depuis le 30 juin, dont 380 incarcérées. A Marseille, un homme de 27 ans a été tué, probablement à la suite d’un tir de Flash-Ball ou de lanceur de balles de défense (LBD), tandis qu’en Meurthe-et-Moselle, un homme circulant en voiture a été grièvement atteint par une munition antiémeute de type beanbag, un sachet de coton contenant de minuscules plombs. La réconciliation démocratique est encore loin.

Sources : « Il a vu son ami d’enfance en train de mourir et était dans l’incapacité de réagir » : ce que Fouad, le troisième passager de la voiture de Nahel, a confié aux enquêteurs, Franceinfo, 04/07/2023 / « Pourquoi personne n’en parle ? » : 15 jours avant Nahel, Alhoussein, 19 ans, a été tué par la police à Angoulême, Mediapart, 30/06/2023/ « Pourquoi une base de données sur les violences policières létales : notre méthodologie », Basta, 30/06/2023 / « Triste record de la police française, l’une des plus meurtrières d’Europe : un mort en dix ans en Allemagne contre un chaque mois en France », La Libre, 02/07/2023 / « Au Val Fourré, on comprend les plus jeunes, sans cautionner leurs actes », Mediapart, 02/07/2023 / « Les banlieues sont au bord de l’asphyxie » : l’appel au secours de maires de quartiers prioritaires, LeMonde, 24/05/2023

Laurie Debove

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Océans, un livre puissant qui va vous émerveiller

Plongez en immersion avec les plus grands scientifiques pour tout comprendre sur l’état de nos océans. Des études encore jamais publiées vous feront prendre conscience de l’incroyable beauté de nos océans. Tout cela pour vous émerveiller et vous donner une dose d’inspiration positive.

Après une année de travail, nous avons réalisé l’un des plus beaux ouvrage tant sur le fond que sur la forme. 

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^