C’est un soulagement énorme pour les associations de protection des animaux. L’Espagne vient de refuser d’accueillir les orques et dauphins de Marineland dans un parc animalier ibérique, décrié pour sa dangerosité. Les associations se battent pour envoyer les cétacés dans des sanctuaires.
Marineland face à ses responsabilités
Ce jeudi 10 avril, le cabinet de la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher a informé que les autorités espagnoles refusent d’accueillir les orques et les dauphins du Marineland d’Antibes, dans les Alpes-Maritimes, qui doivent donc rester sur place dans l’attente d’un sanctuaire.
« La ministre demande à Parques Reunidos, le propriétaire de Marineland, de veiller à ce que les soins apportés aux animaux soient maintenus dans l’attente d’une future solution », ajoute le cabinet auprès de l’AFP.
L’annonce espagnole est un véritable camouflet pour Pascal Picot, le directeur du Marineland. Il prônait que le transfert des cétacés vers le parc espagnol Loro Parque, connu pour être un véritable mouroir après le décès de plusieurs bébés orques, était une « urgence pour leur bien-être ».
Ce bouleversement met donc Marineland face à ses responsabilités. Ouvert depuis 1970, Marineland a fermé en janvier 2025, face à la baisse de la fréquentation touristique, mais aussi à la loi de 2021 sur le bien-être animal. Cette dernière interdit à partir de décembre 2026 les spectacles et le maintien en captivité d’animaux sauvages en France.
Pour limiter la casse économique, Marineland a lancé un plan de licenciement du personnel, dont le contrat des soigneurs expirant normalement le 15 avril. Et ce, alors que deux orques et douze dauphins se trouvent toujours sur place !
« De nombreux animaux, et notamment les otaries ont été envoyés dans des structures où leurs conditions de vie seront moins bonnes, des séparations déchirantes d’individus très proches qui se sont toujours connus ont engendré des traumatismes irréparables. Un sort similaire planait sur les orques et les dauphins et ce retournement de situation in extremis redonne l’espoir que nous n’avons jamais perdu : la possibilité de sanctuaires » rappelle Sea Shepherd France
Les associations C’est Assez !, One Voice et Sea Shepherd France se battent pour que les deux orques – Wikie, 24 ans, et son fils Keijo, 11 ans – et les douze dauphins passent de meilleurs jours dans des sanctuaires marins, en semi-liberté. Pour aider les soigneurs à conserver leurs postes et rénover les bassins, Sea Shepherd France propose de verser une enveloppe de 5 millions d’euros au parc français.
La création de sanctuaires pour les orques
Une manne financière refusée jusqu’à présent par Marineland, qui n’a pas donné suite à notre demande d’interview. Et pour cause, « mettre des cétacés dans des sanctuaires signerait la fin de l’industrie de la captivité animale », nous explique Lamya Essemlali, fondatrice de Sea Shepherd France.
En Italie, le sanctuaire de Tarente peut accueillir 4 dauphins d’ici six mois. En Grèce, le sanctuaire de Lipsi est déjà actif et pourrait accueillir les autres dauphins de Marineland d’ici la fin d’année, début d’année prochaine. Reste à trouver un refuge pour les orques, plusieurs pistes sont possibles.
« Je reviens de Grèce où on a vu plusieurs autres baies potentielles pour les orques. En plus, ces sites sont au milieu de nulle part, sans aucune activité industrielle à proximité. Là, on lance les analyses pour estimer la qualité de l’eau » détaille Lamya Essemlali pour La Relève et La Peste
Les analyses sont importantes pour éviter d’exposer les animaux à une pollution lourde, comme le démontrait notre enquête pour un projet de sanctuaire canadien. De son côté, le gouvernement grec bloque depuis des années, sous la pression de l’industrie de la captivité, les permis pour ouvrir de nouveaux sanctuaires, au grand désarroi des associations de protection des animaux.
Preuve de l’efficacité de la pression médiatique, l’Espagne, qui compte une centaine de cétacés en captivité, renvoie aujourd’hui la balle à la France. Le gouvernement français doit donc intervenir pour convaincre son homologue grec, et faire en sorte d’appliquer la loi qu’il a lui-même promulgué.
« L’Union Européenne compte 185 000 km de littoral, on ne peut décemment pas prétendre qu’il n’existe aucun endroit pouvant constituer un sanctuaire pour les orques. Si nous le voulons vraiment, nous pouvons le faire, et la France doit être un moteur » conclut Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France.
Cette période est décisive, car elle marque un véritable tournant dans la fin potentielle de la captivité des animaux marins, connus pour leur intelligence hors-norme. Si l’on parvient à mettre les cétacés de Marineland en sécurité dans des sanctuaires, ce sont tous les autres animaux captifs qui pourraient ensuite en bénéficier.
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