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Les bretons font reculer le projet de la plus grande usine au monde de pâtisseries surgelées

« On a encore un arrêté sécheresse aujourd’hui alors qu’on est le 16 novembre, on ne peut plus se permettre de faire des projets comme ça qui sont trop gourmands en eau, en gaz et en électricité » accuse Pascal Branchu

Face à la colère montante de la population, le fabricant de viennoiseries et pains surgelés Bridor suspend son projet d’usine géante à Liffré. Si l’usine sortait de terre, elle détruirait 21ha, plus de 1000 arbres et des haies bocagères, et accaparerait 200 000m3 d’eau chaque année. Les bretons sont bien décidés à aller jusqu’au bout de leur combat et ont attaqué l’industriel en justice.

C’est un communiqué de Bridor (Groupe Le Duff) qui a créé la surprise. Le fabricant de pain et viennoiseries surgelées renonce temporairement à ouvrir une troisième usine à Liffré, à côté de Rennes, le temps d’investir à l’étranger.

En cause : « le combat politique et idéologique en Bretagne depuis les deux dernières élections (qui) a bloqué le démarrage de l’usine Bridor à Liffré ».

Parmi la forte opposition locale : des associations de défense de l’environnement, plusieurs élus de tous bords et des habitants regroupés sous le collectif Colère à Liffré-Cormier. Si ce dernier salue une première avancée salutaire, il reste méfiant et redoute une stratégie de communication pour « mettre la pression aux élus » qui soutiennent le projet, ainsi que nous l’explique Pascal Branchu, président de l’association La Nature en Ville.

« Le permis de construire fait 2000 pages, c’est un dossier hors-norme d’ampleur nationale mais aussi un projet de pillage de ressources. Entre les subventions officielles et déguisées, il ferait presque une opération blanche avec son usine. On a lu le compromis de vente qui est bloqué grâce au recours sur le PLU : dans le compromis l’accord est à 10€/ m2 sur 21ha, c’était normalement à 35€/ m2. Plus les subventions publiques locales et européennes qu’il peut avoir : on ne croit pas du tout à la suspension définitive par contre qu’on mette la lumière sur son business, ça le dérange » détaille Pascal Branchu

Lire aussi : Les bretons luttent contre la construction de la plus grande usine au monde de pâtisseries surgelées

Spécialisée dans le soutien aux collectifs locaux, l’association La Nature en Ville organise les marches climat et la cagnotte pour payer les avocats. L’association a déjà collecté 6000€ sur les 14 000€ qu’il leur faut pour la première instance

« Le seul argument des élus, c’est la création de 500 emplois. Ça aussi on l’a démonté puisqu’on a déjà Bridor à Liffor et Louverné qui n’arrivent pas à recruter. Ce qu’ils proposent sont des emplois d’intérimaire en 3×8 avec des tenues de cosmonautes avec une température de -5°C à -25°C. Non seulement ce n’est pas une création d’emplois pérenne, mais en plus cela détruit les emplois locaux. La logistique Le Duff, c’est l’humain qui donne à manger aux machines, ça détruit les savoir-faire. A Rennes, il reste seulement 20% d’artisans boulangers car leurs compétences sont détruites par la prolifération du surgelé » retoque Pascal Branchu

Crédit : Colere à Liffré-Cormier

Une première audience devait avoir lieu lundi 14 novembre au matin mais a été reportée sans date précise. Le week-end précédent, une marche climat avait été organisée samedi 12 novembre à Rennes pour la journée mondiale du climat. Les manifestants s’étaient arrêtés devant Rennes Métropole pour obliger la présidente à se positionner sur le sujet de l’eau.

« On a encore un arrêté sécheresse aujourd’hui alors qu’on est le 16 novembre, on ne peut plus se permettre de faire des projets comme ça qui sont trop gourmands en eau, en gaz et en électricité » accuse Pascal Branchu

Pour le collectif colère, ce projet de méga-usine est illégal car il enfreint les directives cadre européennes au niveau de l’air, des sols et de l’eau.

 Ils ont découvert tellement d’infractions qu’ils ont dû choisir lesquelles attaquer en justice. « La Nature en Ville » s’occupe du recours contre le PLU tandis que « Eau & Rivières de Bretagne », « Bretagne Vivante » et la Confédération Paysanne d’Ille-et-Vilaine ont déposé un recours commun sur l’impact environnemental du projet.

« Le procès a été reporté au 12 décembre, on a lancé un appel à rassemblement. On est sereins, et la population prend de plus en plus partie pour nous » conclut Pascal Branchu

Lire aussi : Les scientifiques lancent l’alerte sur la sécheresse qui s’installe en France

Laurie Debove

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