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Le nombre de loups a baissé pour la première fois depuis son retour en France

L’augmentation des tirs risquait de provoquer une baisse du taux de survie et un affaiblissement de la population : c’est ce qui arrive aujourd’hui.

En 2022, le nombre de loups a baissé pour la première fois depuis son retour en France. Le gouvernement a annoncé lundi que la population de loups se situait à 906 individus en 2022, alors qu’elle se situait à 921 individus en 2021. Pour les associations de protection des animaux, cette baisse doit induire une réduction des tirs autorisés, afin d’atteindre le bon état de conservation de l’espèce prévu par les conventions signées par la France. Pour l’instant, le gouvernement prévoit d’autoriser l’élimination de 172 loups, soit dix loups de plus qu’en 2022.

En 1992, le loup est revenu naturellement dans les Alpes françaises depuis l’Italie, et sa population a connu une croissance régulière. En 2019, les loups étaient présents dans une dizaine de départements et ils évoluent désormais dans plus de 50 départements.

L’estimation de la population en 2022 a été officiellement dévoilée lundi à Lyon, à l’occasion de la réunion du Groupe national loup, qui rassemble des représentants des éleveurs, des associations et des élus impliqués dans la gestion du loup.

Lors de l’évènement, le gouvernement a annoncé que le nombre d’autorisations de prélèvements sur l’espèce, en cas d’attaques répétées sur les troupeaux, serait de 172 loups en 2023, soit dix loups de plus qu’en 2022.

Les éleveurs de brebis et de moutons, pour leur part, ne s’expliquent pas cette baisse de la population de canidés. Claude Font, secrétaire général de la Fédération nationale ovine (FNO) et chargé du dossier loup, explique :

« On nous dit que la population diminue mais la pression de prédation, elle, a augmenté de 20 % l’an dernier et de 16 % sur la période comprise entre janvier et mai 2023. C’est pourquoi on ne comprend pas ce chiffre ».

La FNO affirme dans une lettre ouverte envoyée le 26 juin à la Première ministre Elisabeth Borne que « 3 720 attaques et 11 641 victimes ont été dénombrées en France en 2021 ».

Le responsable du dossier loup à France Nature Environnement, Jean-David Abel, estime pour sa part : « Oui, le loup poursuit son expansion numérique et géographique en France mais c’est la première fois que la population de loups est en baisse en France depuis deux décennies.

Il faut faire attention aux discours uniquement quantitatifs car dans les territoires où le loup est historiquement présent, on constate une baisse des dommages aux troupeaux, du fait de l’efficacité des moyens de protection mis en place par les éleveurs et les bergers ».

D’après un communiqué des associations FERUS, Humanité et Biodiversité, FNE, LPO, ASPAS, WWF, les scientifiques du Muséum National d’Histoire Naturelle et du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN) alertent depuis plusieurs années sur la facilitation de la politique de tirs en combinaison avec la forte augmentation de destructions légales (passée de 10 % de la population en 2018 à 20 % en 2020).

L’augmentation des tirs risquait de provoquer une baisse du taux de survie et un affaiblissement de la population : c’est ce qui arrive aujourd’hui.

Le 23 mai 2023, le CNPN a par ailleurs rappelé à l’État dans un avis que le seuil de viabilité démographique de l’espèce, qui vise à sa conservation à long terme, se situe à 500 individus potentiellement reproducteurs, c’est à dire ayant atteint leur maturité sexuelle, et non 500 individus, jeunes inclus. Le nombre n’est aujourd’hui pas atteint. L’espèce n’est donc pas encore dans un état de conservation favorable.

L’évolution actuelle du nombre de loups intervient après l’année 2022, au cours de laquelle 162 loups ont été tués lors de tirs légaux dérogatoires. Ce nombre était déjà record et s’accompagnait d’une hausse des destructions illégales.

Pour les associations, l’État doit être cohérent avec ses engagements en assumant l’objectif d’atteindre le bon état de conservation, prévu par les conventions signées par la France. Alors qu’il a fait le choix de réhausser fortement le taux annuel maximum de destructions légales, il doit donc revoir ce pourcentage à la baisse en cas de fléchissement de la population.

Cette modification doit être mise en place cette année, sans attendre la finalisation du prochain plan national loup (PNA 2024-2029), afin d’éviter deux années consécutives de baisse de la population lupine.

Maïté Debove

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