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L’augmentation des profits des entreprises est la cause principale de l’inflation, selon le FMI

Les industries agroalimentaires sont particulièrement gourmandes, le taux de marge est à son plus haut niveau depuis vingt ans. A tel point que même Bruno Le Maire a menacé de les taxer si elles ne restituaient pas leurs marges aux consommateurs.

Ce n’est pas un économiste « de gauche » qui lance l’alerte, mais bien le Fonds monétaire international (FMI) : la hausse des profits des entreprises est responsable de la moitié de l'augmentation de l'inflation en Europe au cours des deux dernières années. Désigné à l’international sous le phénomène de « greedflation », cette cupidité met en danger l’ensemble du système économique, en appauvrissant les salariés qui voient leur pouvoir d’achat s’effondrer.

L’inflation dans la zone euro a culminé à 10,6 % en octobre 2022, les coûts d’importation ayant augmenté après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais les grandes entreprises ont en réalité bien plus augmenté leurs marges sur les consommateurs que l’augmentation directe des coûts. Dans une note publiée ce 26 juin 2023, le FMI lance l’alerte sur cet accaparement des richesses.

La Banque Centrale Européenne précise ainsi que que les bénéfices ont augmenté de quasi 10% au dernier trimestre 2022, alors que le coût de la main d’œuvre a augmenté de seulement 4,7% en moyenne en Europe.

« Certains producteurs ont exploité l’incertitude créée par une inflation élevée et volatile, et les inadéquations entre l’offre et la demande pour augmenter leurs marges au-delà de ce qui était nécessaire pour absorber l’augmentation des coûts. Nous devons surveiller le risque d’une spirale profit-prix ne rende l’inflation sous-jacente plus rigide » alertait déjà Fabio Panetta, l’un des membre du directoire de la BCE dans un discours prononcé en mars dernier à Francfort

Quelques mois après, c’est au FMI de s’inquiéter sur le sujet. Alors que l’inflation a reculé à 6,1% en mai, l’inflation sous-jacente s’est avérée plus persistante. Il s’agit de l’inflation dont on a exclu les biens les plus volatils comme l’énergie, le tabac, ou les produit alimentaires frais.

Si cette inflation sous-jacente reste élevée, le danger est qu’une spirale inflationniste recommence. Ce phénomène maintient une pression sur la BCE pour qu’elle s’ajoute aux récentes hausses des taux d’intérêt, même si la zone euro est entrée en récession en début d’année. Les décideurs politiques ayant déjà relevé ces taux d’intérêt bancaires à 3,5 % en juin, le plus haut en 22 ans.

« Les entreprises européennes ont jusqu’à présent été davantage protégées que les travailleurs contre le choc négatif des coûts. Les bénéfices (ajustés en fonction de l’inflation) étaient d’environ 1 % supérieurs à leur niveau d’avant la pandémie au premier trimestre de cette année. Pendant ce temps, la rémunération des employés (également ajustée) était d’environ 2 % inférieure à la tendance » précise le FMI

Certains pays, comme l’Espagne, n’ont pas hésité à frapper fort en taxant directement les superprofits des grands groupes énergétiques et financiers. Au total, l’Espagne prévoit de collecter 3 milliards d’euros cette année, et autant l’an prochain, qu’elle redistribuera à la population sous forme d’aides.

 

En France, si les marges des entreprises ont globalement diminué depuis 2021, les grandes entreprises, notamment dans certains secteurs comme l’énergie, les transports, le service ou industriels, ont augmenté leur marge assez sensiblement à la fin de l’année 2022, prévient la Banque de France dans une lettre au Président.

Les industries agroalimentaires sont particulièrement gourmandes, le taux de marge est à son plus haut niveau depuis vingt ans. A tel point que même Bruno Le Maire a menacé de les taxer si elles ne restituaient pas leurs marges aux consommateurs.

Maintenant que les travailleurs réclament légitimement des augmentations de salaire pour récupérer leur pouvoir d’achat perdu, les grandes entreprises vont bien devoir accepter une plus petite part des bénéfices si elles veulent redescendre l’inflation à 2,2% en 2025, en accord avec l’objectif de la Banque centrale européenne.

Sources : « Are Big Profits Keeping Prices High? Some Central Bankers Are Concerned. » The New York Times, 31 mars 2023 / « How tit-for-tat inflation can make everyone poorer », Banque Centrale Européenne, 30 mars 2023 / Lettre au Président de la République : « Comment la France et l’Europe vont vaincre l’inflation », Banque de France

Laurie Debove

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