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L’Anses interdit enfin l’un des herbicides toxiques les plus utilisés en France

L’enjeu est maintenant de faire attention à ce que cet herbicide toxique ne soit pas remplacé par d’autres molécules tout aussi nocives, mais bien par des pratiques agroécologiques saines.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a interdit ce 15 février le S-métolachlore, troisième herbicide le plus utilisé en France. Une victoire cruciale pour les associations de l’environnement qui dénonçaient la pollution dangereuse des eaux souterraines par son utilisation.

Principalement utilisé sur grandes cultures de maïs, soja ou tournesol, le S-métolachlore est un herbicide autorisé depuis 2005 et utilisé massivement en France, juste après le glyphosate et le prosulfocarbe. Commercialisé par l’agrochimiste Syngenta, environ 2 000 tonnes de ce produit sont épandues chaque année dans l’Hexagone

Une fois vaporisée sur les champs, cette substance active se dégrade en métabolites qui contaminent les sols, les eaux de surface et eaux souterraines.

Après avoir mis en place des restrictions sur son utilisation pour le maïs, le tournesol, le soja et le sorgho en 2021, l’Anses passe à la vitesse supérieure suite à une récente expertise. Cette évaluation montre que les concentrations estimées des trois métabolites métolachlore-ESA, métolachlore-OXA et métolachlore-NOA dans les eaux souterraines sont supérieures à la limite de qualité fixée par la législation européenne en la matière.

« Ainsi, malgré la réduction des doses maximales d’application des produits, l’Anses pointe un risque de contamination des eaux souterraines par les métabolites du S-métolachlore » accuse l’agence sanitaire

Lire aussi : Les cours d’eau français regorgent d’herbicides et d’insecticides

En 2021, 3.4 millions de français ont ainsi bu une eau non conforme à cause de la présence de l’ESA métolachlore, principal métabolite du S-métolachlore. En juin 2022, l’agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé le S-métolachlore en tant que cancérigène suspecté.

Forte de ces nouveaux éléments, l’Anses a engagé une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques contenant la substance active S-métolachlore. Des délais de grâce de six mois pour la vente et d’un an pour l’utilisation devraient accompagner ces interdictions.

« Cela permettra de réduire la contamination de l’environnement par cette substance et contribuera donc à une restauration progressive de la qualité des eaux souterraines » précise l’autorité sanitaire                                       

En septembre 2022, l’Anses avait relevé la limite de qualité des substances ESA-métolachlore et NOA-métolachlore dans l’eau potable pour que habitants de nombreuses communes boivent à nouveau l’eau du robinet, provoquant l’indignation des associations de protection des consommateurs et environnementales. Cette nouvelle interdiction est donc une avancée dans le respect du principe de précaution par rapport aux décisions précédentes

« C’est une victoire pour Générations Futures car nous avons demandé à l’ANSES le retrait de tous les produits à base de S-métolachlore depuis septembre 2022. Aujourd’hui même si le retrait n’est pas total, il va concerner de nombreux usages » se réjouit l’ONG Générations Futures

En 2004, la Commission européenne alertait déjà les États Membres sur les risques de contamination par les métabolites des nappes phréatiques et par conséquent de l’eau potable. L’enjeu est maintenant de faire attention à ce que cet herbicide toxique ne soit pas remplacé par d’autres molécules tout aussi nocives, mais bien par des pratiques agroécologiques saines.

Fait rare, cette décision française intervient alors que la substance est en cours de réévaluation au niveau européen depuis 8 ans. L’interdiction française vient donc sûrement devancer une prochaine interdiction européenne, prouvant « que les autorités nationales ont le pouvoir de prendre des décisions sur les autorisations des produits sans attendre les conclusions de l’Europe » pointe Générations Futures.

Une inconnue demeure : quand les eaux seront-elles vraiment dépolluées ? Les métabolites sont connus pour perdurer dans les eaux de nombreuses années.

Lire aussi : Les tensioactifs des produits nettoyants polluent dramatiquement l’océan et les littoraux

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