Pour la première fois, un parasite redouté a été détecté dans les Landes : le nématode du pin. Ce ver microscopique inquiète la filière forêt-bois. Et pour cause : le massif des Landes de Gascogne, plus grande forêt plantée d'Europe, est composé à plus de 80 % de pins maritimes, particulièrement sensibles à ce ravageur.
Le nématode du pin
Le nématode du pin (Bursaphelenchus xylophilus), est un ver microscopique. Il se nourrit dans les pins et autres résineux des tissus transportant la sève, provoquant l’arrêt de sa circulation et la mort des arbres en quelques semaines. Il se déplace grâce à un insecte vecteur : un coléoptère qui disperse le ver d’arbres en arbres.
Originaire d’Amérique du Nord, ce nématode a été introduit accidentellement au Japon au début du XXe siècle puis en Chine, en Corée et à Taïwan dans les années 1980.
Découvert au Portugal en 1999, il cause des ravages sur plusieurs centaines de milliers d’hectares dans les pinèdes du pays, avant de se diffuser en Espagne à partir de 2008. Pourtant, des moyens considérables ont été mobilisés pour tenter de l’éradiquer de la péninsule ibérique.
En Europe, où il est inscrit sur la liste des organismes de quarantaine, les pertes économiques liées à la propagation du nématode du pin sont estimées à 22 milliards d’euros entre 2008 et 2030 en l’absence de contrôle réglementaires.

Bursaphelenchus xylophilus – Crédit : Wikimedia Commons
Freiner le développement du parasite
Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif. Les seules stratégies consistent à abattre les arbres contaminés et à renforcer la surveillance des zones touchées, des mesures onéreuses et souvent peu efficaces.
Pour tenter de stopper l’expansion des nématodes, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine a publié un arrêté interdisant le transport de végétaux et ordonnant l’Interruption de tous les chantiers forestiers sur les arbres résineux en forêts, mais aussi en parcs et jardins, dans une zone tapon de 20 km autour des arbres infestés.
Des propagations favorisées par les monocultures
Le modèle sylvicole landais, basé sur la monoculture de pins maritimes, favorise la dispersion des ravageurs.
« Les recherches en écologie forestière menées ces cinquante dernières années, ont souvent démontré que les dégâts provoqués par les insectes ravageurs étaient plus faibles dans les forêts mélangées (composées de plusieurs espèces d’arbre) que dans les forêts pures (monocultures) » expliquait l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) dans un communiqué de 2020, basé sur une méta-analyse de plus de 600 articles scientifiques.
Pourtant, la pratique de la monoculture n’est pas remise en cause par les principaux acteurs de la filière forestière des Landes de Gascogne. Au contraire, certaines coopératives forestières étendent ce modèle à d’autres régions, quitte à raser des forêts diversifiées pour les remplacer par des plantations d’arbres.
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