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17 associations unissent leurs forces contre le dernier projet de surfpark encore actif

De fait, c’est bien la raison d’être de ces vagues artificielles qui est questionnée au regard des enjeux écologiques et sociaux du XXIème siècle. Wavelandes Castets est le seul projet de piscine à vagues artificielles qui n’ait pas encore été abandonné en France !

C’est un projet vieux de quatre ans qui refait surface : le surfpark de la société Wavelandes à Castets. Cette vague artificielle de 10ha, officiellement « verdie », s’accompagne désormais d’un surf camp de 10ha lui aussi. Si le financement est bouclé, les travaux pourraient commencer à la fin de l’année et raser les forêts qui existent actuellement sur les deux zones. Mais c’est sans compter la résistance de 17 associations écologistes locales qui dénoncent un projet anachronique et incohérent avec les enjeux écologiques du XXIème siècle. Elles sont prêtes à lutter jusqu’à son abandon définitif.

Un projet sans substance

Il lui manque 60 millions d’euros mais il y croit dur comme fer. Le porteur de projet, Norbert Ducrot, un ancien commercial ayant fait fortune avec Airbus Helicopters, a annoncé à grand renfort de communication un démarrage des travaux d’un surfpark à Castets, dans les Landes, à la fin de l’année 2021. Son but : ouvrir avant les Jeux Olympiques de Paris en 2024, sous réserve d’avoir réuni les financements nécessaires.

Norbert Ducrot le promet : « Wavelandes est la vague de demain 100% verte ». Cette gigantesque piscine à vagues artificielles, dans un bassin de 180 mètres, doit créer 900 vagues par heure de 50cm à 2m, pour les 300 000 visiteurs annuels prévus et devront débourser 35€ à 40€ pour une heure de surf. Une prévision qui étonne les associations écologistes, qui relèvent que les autres surfparks sont obligés d’établir un coût à 60€ de l’heure pour rentrer dans leurs frais.

Pour construire ce bassin gigantesque, la société Wavegarden prévoit de raser 10ha de pinède, ainsi que 10 autres hectares de forêt pour construire un surf camp adjacent qui proposerait une offre d’hébergement « comprenant une résidence de loisir, un hôtel coliving-coworking et un camping – surf camp 3 étoiles » afin de rentabiliser l’ensemble.

Sous le vernis, la réalité est un peu moins reluisante, ainsi que le dénoncent les 17 associations écologistes mobilisées contre le projet dans leur pétition. En effet, le projet est « coincé entre une autoroute à 8000 camions par jour, 3 sites Seveso et une zone Natura 2000. »

L’emplacement du site, sur la commune de Castets (40) Crédit : Non au Surfpark de Castets

Quant à la promesse de combler la quasi totalité des besoins en eau du parc « grâce à un système de récupération des eaux de pluie », elle est carrément mensongère aux yeux des écologistes qui ont fait leurs propres calculs. Ils les détaillent dans les 24 bonnes raisons de s’opposer à la construction d’une telle structure publiées sur leur page facebook.

Le site consommerait 300 millions de litres d’eau par an (sur la base de 4 mois de temps sec ensoleillé), soit l’équivalant de 120 piscines olympiques. Quant à la vidange annuelle du bassin, elle consisterait à rejeter 37.000 m3 d’eau usée en pleine nature ce qui risque de provoquer l’écocide de la microfaune.

Contactée par La Relève et La Peste, l’entreprise Wavelandes n’a pas répondu et n’a apporté aucune précision quant à la véritable efficacité et utilité de ce système de récupération d’eau de pluie, ni sur l’étude d’impact environnementale du projet.

Dessin de Yann Renauld

Une résistance locale

Les associations écologistes dénoncent un « Disneyland du surf industriel » inutile, alors que l’océan se trouve à une quinzaine de kilomètres seulement du site prévu. De surcroît, l’épreuve de surf pour les JO 2024 aura lieu à Tahiti, pas besoin donc de centre d’entraînement pour les sportifs en métropole.

« Pour moi c’est une aberration. Ce surfpark qui détruirait quelques hectares de forêt tout ça à quelques kilomètres de la plage, je ne vois pas l’intérêt. Même en tant que surfeur débutant, je trouve ça anachronique et aberrant. Pire, aucune étude d’impact n’a été prévue sur le projet pour le volet environnemental. » explique Romain Thiebaut porte-parole des collectifs et animateur de Surfrider40

Leur combat est soutenu par la Fédération Française de Surf, qui estime que le projet Wavelandes « n’apporte pas les garanties attendues en termes environnementaux », ainsi que le Syndicat des Professionnels du Surf pour qui cette vague artificielle est « non soutenable sur le plan écologique et ne devrait pas être poursuivie ».

De la même façon, la Région Nouvelle-Aquitaine avait créé la surprise en juillet 2020 en annonçant officiellement qu’elle ne financerait plus aucun projet de surf park, quel qu’il soit, afin de respecter la feuille de route sur la transition environnementale et climatique du territoire.

La société Wavelandes a donc vu sa demande de subvention de 400 000 euros définitivement refusée par la Région. La portée symbolique est encore plus forte que le refus de financement.

Lire aussi : Nouvelle-Aquitaine : la Région refuse de financer et soutenir les projets de surf park !

Reste donc un seul soutien : celui de la municipalité de Castets, qui a bien prévu de vendre les deux terrains de 10ha à la société Wavelandes. La promesse de vente d’un des terrains a même déjà été signée et court jusqu’à la fin de l’année, mais concernant le surf camp rien n’est fait pour l’instant. Le maire Philippe Mouhel a bien voulu répondre à nos questions.

« Mieux vaut un équipement de ce genre en rétro-littoral que sur les dunes. Nous ne soutenons pas le projet par appât du gain car les finances de la commune se portent bien, et je prends la problématique de l’eau très au sérieux. De toute façon, la zone sur laquelle doit se construire le projet a été classée en zone d’activité. C’est soit ça, soit un entrepôt logistique. Ceci dit, philosophiquement, je comprends que cela dérange, mais après on peut aussi arrêter la neige artificielle, les murs d’escalade artificiels, etc. » explique l’édile à La Relève et La Peste

Dessin de Yann Renauld

Un projet anachronique

« Moi ce qui me choque c’est qu’il n’y a aucune piscine municipale sur la communauté de communes de Côte Landes Nature dont fait partie Castets. Les piscines landaises sont en train de disparaître car les communes n’ont pas les moyens de les entretenir et c’est d’autant plus choquant de voir un projet comme celui-ci : il y a deux poids, deux mesures ! ce n’est pas normal de mettre en équivalent eau autant de piscines olympiques pour un projet privé destiné à une clientèle privilégiée, dans une commune où apparemment 1/3 des habitants n’a accès ni à l’eau potable publique ni à l’assainissement collectif ! » explique Jean-Pierre Garbisu, membre de Landes Urgence Climat Environnement, un des collectifs impliqués dans la lutte

De fait, c’est bien la raison d’être de ces vagues artificielles qui est questionnée au regard des enjeux écologiques et sociaux du XXIème siècle. Wavelandes Castets est d’ailleurs le seul projet de piscine à vagues artificielles qui n’ait pas encore été abandonné en France !

La société de Norbert Ducrot a déjà subi un premier échec à Sevran, où la municipalité de cette ville de Seine-Saint-Denis a finalement décidé d’abandonner la construction d’une piscine à vagues gigantesque à cause de son « empreinte écologique désastreuse ».

Lire aussi : Sevran : la municipalité dit « non » au projet de surfpark hors-norme

A Saint-Père-en-Retz, où la Bergerie Surf Camp voulait se construire à 10km de l’océan, et à Saint-Jean-de-Luz, contre une vague artificielle prévue à 1,5km seulement de l’océan, c’est la mobilisation populaire qui a fait reculer les porteurs de projet. Un succès que les associations écologistes landaises sont bien déterminées à reproduire.

Lire aussi : Le projet de surfpark à 10km de l’océan a été officiellement abandonné

« Ce projet est anachronique. Nous ne sommes plus dans les années 1970, le GIEC vient de publier un 6ème rapport extrêmement sévère sur la responsabilité de l’activité humaine sur le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Ce projet laisserait un lourd fardeau à nos enfants, la municipalité de Castets doit ouvrir les yeux. » expliquent-ils

Pour parvenir à le stopper, ils peuvent compter sur le soutien de leurs voisins basques ayant réussi à faire échouer le projet de vague artificielle de Saint-Jean-de-Luz. Si tant est que Waveslandes Castets démarre un jour, les investisseurs étant de plus en plus réticents à soutenir des projets à rebours du défi écologique et climatique que nous vivons.

Les associations unies face au surfpark : Amis de la Terre 40, Attac Landes Côte Sud, Bizi!, Collectif des Associations de Défense de l’Environnement du Pays-Basque et du sud des Landes (CADE), Collectif Landes Urgence Climat et Environnement, Collectif des Surfers du Born, Collectif des Surfeurs Landais, France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine (FNE NA), Landes Environnement Attitude (LEA), Rame Pour Ta Planète, Sepanso Aquitaine, Surfrider Foundation Europe, Surfrider Gironde, Surfrider Landes, Surfrider Pays Basque, Synapse Crew Europe, Urgence Climat Landes

Pour aller plus loin : L’un des militants ayant fait échouer le surfpark de Saint-Jean-de-Luz, François Verdet, est l’auteur de notre nouveau « Guide pour faire échouer des projets contre la nature » dans lequel il répertorie et compile toutes les étapes et bonnes pratiques à suivre pour organiser une lutte locale… et la réussir.

Laurie Debove

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