La revue Scientific Reports a publié une nouvelle étude scientifique aux conclusions étonnantes. Les chercheurs ont découvert que les herbiers sous-marins de posidonie jouent un rôle important dans la lutte contre la pollution des océans. En effet, ces plantes aquatiques sont capables de capturer et éliminer les plastiques déposés dans les fonds marins en les rejetant sous forme de « pelotes de mer » sur le rivage.
En Méditarranée, la pollution plastique constitue un véritable fléau. Au moins 600 000 tonnes de déchets y sont rejetées chaque année, une catastrophe dont la France se trouve en grande partie responsable. Le pays se place en effet comme le premier producteur de ce matériau parmi ses vingt-deux voisins européens.
Une fois dans l’eau, les microparticules de plastiques sont emportées par les courants continus des fonds marins jusque dans des zones essentielles aux écosystèmes aquatiques. Là, leur concentration est extrêmement préoccupante. Une étude pilotée par l’Université de Manchester a récemment enregistré un taux de deux millions de microparticules de plastique par mètre carré en analysant l’eau de la Méditerranée.
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Alors que les initiatives se multiplient et que les scientifiques explorent des solutions pour contrer ce désastre, des chercheurs espagnols viennent de montrer l’action de la posidonie sur les déchets plastiques. Publiée dans la revue Scientific Reports, l’étude a été dirigée par Anna Sànchez-Vidal, de la Faculté des sciences de la Terre de l’Université de Barcelone (UB).
En analysant les côtes de l’île de Majorque, les chercheurs ont pour la première fois montré une capacité inattendue des herbiers de posidonie, ces prairies des fonds de la Méditerranée. Ceux-ci seraient capable de filtrer et capturer les déchets plastiques sur les zones côtières.
« Tout suggère que les plastiques se trouvent piégés par les plants de posidonie », explique A. Sànchez-Vidal. « Dans les herbiers, les plastiques sont incorporés à des agglomérats de fibre naturelle en forme de boule, qui sont expulsés des fonds marins durant les tempêtes ».
Ces boules sont appelées aegagropile, ou pelotes de mer. De couleur brune et de texture fibreuse, elles sont formées des restes de posidonies et s’accumulent sur les plages sous l’action des vagues. Elles résultent de l’effilochage des feuilles mortes de la plante, dont les fibres s’agglomèrent sous l’effet des mouvements de la mer.
D’après l’étude, les microplastiques piégés dans les prairies de posidonie sont principalement des filaments, des fibres et des fragments de polymères plus denses que l’eau de mer, tels que le polyéthylène téréphtalate (PET).
Les chercheurs ont prélevé près de 1500 plastiques par kilogramme de fibre végétale, un taux bien supérieur aux quantités de plastique capturées par les autres végétaux ou le sable.
Ce mécanisme naturel surprenant constitue une nouvelle raison de protéger la posidonie en Méditerranée. Se plaçant comme l’une des clés de voûte de la biodiversité marine, ces prairies se trouvent uniquement dans ses eaux.
Faisant office de nurserie et de lieu d’alimentation pour les poissons, elles abritent 25 % de la biodiversité. Elles ont aussi la capacité de capter le CO2, produire de l’oxygène et empêcher l’érosion des fonds marins.
Se posant comme l’un des écosystèmes les plus utiles pour l’Homme, sa valeur monétaire à l’hectare dépasserait donc largement celle des récifs coralliens ou de la forêt amazonienne.
Cependant, quasiment tous les herbiers subissent des pressions d’origine diverse. La pollution, les aménagements côtiers, le mouillage des bateaux, la pêche au chalut, la surfréquentation du littoral freinent les services rendus par la posidonie.
Face à une régression de 10 % de ces herbiers en un siècle, un réseau de surveillance regroupant 14 pays a été créé.