Selon une étude parue le 18 mai dans la revue Science, la quantité d’eau diminue dans 53 % des lacs et réservoirs du monde. Les changements observés ont été révélés par satellite. 1972 étendues d’eau ont été étudiées de 1992 à 2020, soit sur une période de 28 ans.
Environ un quart de la population mondiale vit dans une zone qui comporte un lac ou un réservoir, ou un plan d’eau régulé par un barrage, qui s’assèche. Cette nouvelle étude attribue largement cette tendance au réchauffement climatique, et à une utilisation excessive de l’eau par les humains.
Balaji Rajagopalan, professeur à l’université de Colorado Boulder, aux Etats-Unis, et co-auteur de l’étude, a déclaré à l’AFP :
« Les lacs sont en danger au niveau mondial, et cela a de vastes implications. Ils permettent aux sociétés et à l’humanité de vivre, et pourtant ils ne reçoivent pas le respect qu’ils méritent. »
Les lacs couvrent environ 3 % de la surface terrestre. Les scientifiques ont conclu qu’en l’espace de 30 ans, les 1972 étendues d’eau se sont vidées de l’équivalent de toute la consommation d’eau des Etats-Unis en 2015.
Les régions humides sont également concernées. Pour Balaji Rajagopalan, cette donnée est surprenante : « On considère généralement que quand le climat se réchauffe, les régions arides s’assèchent encore plus, et que les régions humides deviennent plus humides. »
Les scientifiques ont analysé les causes des tendances observées par type d’étendue d’eau. Pour les parcs naturels, la moitié des pertes en eau est attribuée aux activités humaines et à la hausse des températures, qui provoquent une évaporation accrue.
Un autre facteur est le manque de précipitations, qui « peut aussi être attribué au changement climatique à certains endroits ». D’autant plus que les températures plus élevées amènent les humains et les animaux à consommer plus d’eau.
Près de deux tiers des gros réservoirs sont également en déclin. Cette fois, l’accumulation de sédiments est le facteur principal. Mais au Sud-Ouest des Etats-Unis, la sécheresse affecte tout de même certains réservoirs.
Les conséquences de ces déclins sont désastreuses : le manque d’eau provoque des déplacements de populations, et la qualité de l’eau peut être affectée si le niveau est trop bas.
D’après Balaji Rajagopalan, pour certains lacs : « Il n’est pas trop tard pour intervenir », car les décideurs sont désormais « armés d’informations ». Il conclut : « Les lacs sont d’une importance capitale. Nous devons en prendre soin, et ils prendront soin de nous. »
Les chercheurs ne se veulent pas fatalistes et visent à provoquer une prise de conscience.