Bientôt sauvés de la bétonisation ? Pour les jardiniers des Vaîtes à Besançon, l’espoir renaît pour préserver leurs 34ha de terres fertiles. Le tribunal administratif de Besançon vient d’annuler l’arrêté qui permettait la destruction d’espèces protégées pour construire un « écoquartier ». Cette décision remet en cause l’existence du projet, les associations réclament maintenant son abandon définitif.
C’est une troisième victoire judiciaire pour les associations « les Jardins des Vaîtes » et « France Nature Environnement 25-90 ». Ce mardi 21 février 2023, le tribunal administratif de Besançon a rendu sa décision dans le cadre de la procédure au fond et leur a donné raison en annulant l’arrêté qui permettait la destruction d’espèces protégées pour construire un écoquartier.
En cause : l’espace concerné par l’éco-quartier, d’environ 23 hectares, est une zone d’habitat d’espèces protégées. Or, le Tribunal administratif a estimé qu’aucune « vérification préalable de l’absence de solution alternative satisfaisante » n’avait été faite. Cette décision du tribunal administratif remet en cause le projet immobilier. Sans dérogation, pas de travaux.
Alors que les associations luttent depuis 2018 contre le projet, la mairie a quand même coupé plusieurs arbres pour tenter de passer les travaux en force avant le rendu des jugements, et détruit une partie des jardins.
« Les Vaîtes sont aujourd’hui encore traversées par une tranchée de la honte qui défigure le paysage et surtout a abaissé le niveau de la nappe phréatique, rendant la survie de plusieurs grands et vieux saules aléatoire. Nous exigeons la remise en état écologique du site ! » tonne l’association Jardins des Vaîtes
Depuis 2005, les 34 hectares des terres des Vaîtes à Besançon sont menacés par un projet d’écoquartier. Composés de jardins, vergers, prairies, espaces boisés et de zones humides entourées de collines, les Vaîtes sont pourtant un endroit historique de la ville. Depuis le milieu du siècle dernier, ce sont plusieurs générations d’habitant.es de Besançon qui y cultivent en autogestion leurs potagers comprenant des mares, vergers, chemins et cabanes.
Avec cette nouvelle décision en leur faveur, les jardiniers espéraient que la municipalité se rangerait enfin de leur côté. Hélas, la mairie a annoncé lors d’une conférence de presse qu’elle veut toujours construire dans cette zone, en s’appuyant sur un nouveau projet.
« Nous regrettons l’acharnement de la mairie à vouloir bétonner les Vaîtes. Dans l’ébauche de leur nouveau projet, d’après leurs propres chiffres, il s’agit de 11 hectares qui seraient toujours directement menacés dans la première phase du projet d’urbanisation des Vaîtes (sur la ZAC) » décrypte l’association Jardins des Vaîtes
Pour eux, ce projet d’écoquartier est incompatible avec le principe de zéro artificialisation nette du territoire en 2030. Aujourd’hui, seulement la moitié du territoire métropolitain reste peu anthropisé.
« Alors que le GIEC alerte sur les risques de perte de terres agricoles, que la Conférence citoyenne sur le Climat exige que l’effort soit porté sur la réhabilitation de l’existant, que nous vivons un nouvel épisode de sécheresse hivernale appelé à devenir la norme, plus que jamais, les riches terres agricoles des Vaîtes, situées en fond de vallon et donc plus humides, à la qualité agronomique largement reconnue, réserve de biodiversité, doivent être préservées » plaide l’association
Pour l’heure, les jardiniers ont gagné un temps précieux. La mairie doit reprendre « à zéro » toutes les démarches administratives nécessaires pour faire valider son nouveau projet, les travaux ne pourront donc pas reprendre avant 2026 au plus tôt. De leur côté, les jardiniers ont déclaré rester déterminés à préserver les Vaîtes de toute artificialisation.
Crédit photo couv : Amandine Polet