Immense victoire d’étape pour le collectif STOP TERRA2 et les associations de protection de l’environnement luttant depuis trois ans contre cet entrepôt géant de 70 000 m2, à Saint-Sulpice, dans le département du Tarn. Le Tribunal administratif de Toulouse vient de leur donner raison en stoppant les travaux du chantier, afin d’éviter la destruction d’espèces protégées et notamment de reptiles, le temps que la justice statue sur le fond du litige.
Jeudi 18 février, le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse a décidé de suspendre l’exécution de l’arrêté du 6 mai 2021 autorisant la destruction d’espèces protégées pour l’aménagement des travaux de la ZAC Les Portes du Tarn. L’urgence à suspendre a été reconnue compte tenu des impacts sur les espèces protégées pouvant résulter des travaux en cours sur la ZAC.
« C’est une immense victoire pour le collectif Stop TERRA 2, les associations requérantes FNE Midi-Pyrénées et « Saint Sulpice Active et Citoyenne », tous leurs soutiens et l’ensemble des citoyens qui dénoncent, depuis des années, les erreurs de commercialisation de la ZAC, dont l’entrepôt logistique géant TERRA 2. » a réagi le collectif Stop TERRA 2 dans un communiqué
Dimanche 30 janvier, plus de 250 personnes s’étaient rassemblées sur l’aire de pique-nique de la zone d’aménagement concerté des Portes du Tarn pour protester contre la construction de la plate-forme logistique Terra 2, jugée inutile et écocidaire.
De dimensions titanesques (530 mètres de long, 123 de large, 14 de haut), ce futur mastodonte du e-commerce toulousain et albigeois doit s’étendre sur 70 000 m2 et nécessite d’artificialiser 12 hectares de terres agricoles, à quelques centaines de mètres des plus proches habitations. Il menace également plus d’une centaine d’espèces protégées, ce qui a motivé la décision du tribunal administratif de Toulouse.
« Comme souvent, le retrait (des travaux) a été obtenu grâce à une alliance avec la faune et la flore locale. Des reptiles ont en effet joué un rôle important… Depuis leur hibernation (jusqu’en mars), les lézards des murailles, lézards vert, couleuvres à collier, couleuvres vipérines…ont pesé de toutes leurs écailles dans la bataille juridique et occupent une bonne place dans l’ordonnance de suspension du chantier. En novembre dernier, c’est la pie grièche méridionale qui s’avérait décisive, en alliance avec les Amis de la Terre, pour stopper l’implantation d’un entrepôt Amazon à Pont du Gard. Ces « alliances interspécifiques » soulèvent actuellement des propositions théoriques et politiques tout à fait intéressantes (dans les luttes locales). » a décrypté le chercheur en sociologie David Gaborieau
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Les opposants à cet entrepôt géant craignent qu’il ne serve au final à une multinationale du e-commerce comme Amazon, habitué dorénavant à mener ses projets anonymement pour éviter la fronde locale sur le territoire français.
Par ailleurs, le tribunal a retenu une une motivation insuffisante concernant la raison impérative d’intérêt public majeur. L’arrêté de 2021 omet en effet d’indiquer en quoi la dérogation accordée répondrait à cette raison impérative d’intérêt public majeur.
« On ne peut plus aujourd’hui aménager et développer le territoire comme au siècle passé sans prendre en compte les enjeux environnementaux. Les élus décideurs vont être enfin forcés d’en prendre acte. Nous sommes confortés dans nos prises de position et restons néanmoins disposés à discuter de nos propositions alternatives avec les élus en charge. » ont exprimé les associations requérantes suite à la décision du tribunal
La SPLA (pour « société publique locale d’aménagement ») des Portes du Tarn, comprenant plusieurs collectivités locales actionnaires, a annoncé qu’elle allait se pourvoir en cassation.
La préfecture doit maintenant fermer le chantier. Il ne peut légalement pas reprendre tant que le jugement sur le fond n’aura pas été rendu.
Crédit photo couv : Lézard vert occidental (Lacerta bilineata) – fra298