Vous cherchez un média alternatif ? Un média engagé sur l'écologie et l'environnement ? La Relève et la Peste est un média indépendant, sans actionnaire et sans pub.

La COP28 à Dubaï sera présidée par Sultan Ahmed al-Jaber, PDG d’une compagnie pétrolière

Après la présence record de 636 lobbyistes des énergies fossiles à la COP27, les protecteurs de l’environnement craignent en toute logique que les négociations de la COP28 soient encore plus contrôlées par les producteurs d’énergie fossile.

C’est officiel, Sultan Ahmed al-Jaber, à la fois chef du géant pétrolier de la Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC) et ministre de l’industrie des Emirats Arabes Unis, vient d’être nommé président de la prochaine COP28, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï (Emirats arabes unis).

Après une COP27 organisée en Egypte, 13ème producteur de gaz au monde et pays bafouant les droits humains, la COP28 aura lieu en novembre 2023 à Dubaï aux Émirats arabes unis, 7ème producteur au monde de pétrole. Si certains observateurs poussent des cris outrés à l’annonce de son président, sa nomination a tristement le mérite de la cohérence et de la transparence.

Alors que la COP27 était présidée par Sameh Shoukry, ministre égyptien des affaires étrangères, la 28e conférence de l’Organisation des Nations unies sur le climat sera elle présidée par Sultan Ahmed al-Jaber, ministre de l’industrie émirati et PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc).

Lire aussi : COP27 : fin de la réunion climat chez les producteurs de pétrole, la suite en 2023 à Dubaï

C’est la première fois que le patron d’un groupe pétrolier, et plus généralement d’une entreprise, occupera ce poste de chef d’orchestre des négociations climatiques. La coalition Climate Action Network, regroupant 1 900 ONG de 130 pays, dénonce un « conflit d’intérêt » et appelle à la démission du pétrolier émirati. Pour cause, en ouverture de la conférence pétrolière annuelle Apidec en 2021, al-Jaber annonçait :

« Il faut investir 600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande mondiale attendue ». « Oui, les énergies renouvelables se développent rapidement. Mais les gaz et le pétrole restent les plus grandes énergies du mix énergétique et le seront pendant des décennies. Le futur arrive mais il n’est pas encore là. On doit progresser, avec pragmatisme. On ne peut pas tout simplement débrancher le système d’aujourd’hui »

Après la présence record de 636 lobbyistes des énergies fossiles à la COP27, les protecteurs de l’environnement craignent en toute logique que les négociations de la COP28 soient encore plus contrôlées par les producteurs d’énergie fossile. Si « la façon dont l’attribution a été décidée au sein du groupe est opaque », rapporte un article de LeMonde, les Emirats arabes unis eux savent très bien ce qu’ils font.

Pour ce petit pays de dix millions d’habitants, accueillir la COP28 leur permettra de rayonner à l’international (une stratégie qui rappelle celle du Qatar avec la Coupe du Monde) et Sultan Ahmed al-Jaber, âgé 49 ans, est habitué aux négociations climatiques.

C’est lui qui dirigeait la délégation émiratie lors de la COP26 et la COP27 en tant qu’envoyé spécial pour le climat des Emirats, un poste qu’il avait déjà occupé entre 2010 et 2016. Il a étrangement aussi été désigné « champion de la Terre » par l’ONU en 2012 dans la catégorie « vision entrepreneuriale » pour sa promotion des énergies renouvelables.

C’est toute la contradiction des Emirats arabes unis : à la fois 7ème producteur de pétrole au monde, avec la volonté de produire plus pour vendre plus, il développe massivement en interne le solaire et construit des réacteurs nucléaires pour pourvoir à ses propres besoins.

« Pour info, sous l’égide de Macron, Sultan Al Jaber et Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies ont signé l’été dernier un accord pour développer la production de gaz et de pétrole aux Emirats arabes unis » rappelle Mickaël Correia, journaliste à Mediapart et auteur de « Criminels Climatiques »

La situation présage peu d’espoir concernant les engagements majeurs qui devraient être pris lors de cette COP28, censée s’attaquer enfin à la réduction des émissions à la source. Pas de quoi perturber les Emirats arabes unis qui ont l’habitude des grands écarts : alors que le pays est le sixième émetteur mondial de CO2 (22 tonnes par habitant), il s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050.

Lire aussi : « Il faut politiser le changement climatique pour arrêter de le subir »

Crédit photo couv : AFP

Laurie Debove

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Océans, un livre puissant qui va vous émerveiller

Plongez en immersion avec les plus grands scientifiques pour tout comprendre sur l’état de nos océans. Des études encore jamais publiées vous feront prendre conscience de l’incroyable beauté de nos océans. Tout cela pour vous émerveiller et vous donner une dose d’inspiration positive.

Après une année de travail, nous avons réalisé l’un des plus beaux ouvrage tant sur le fond que sur la forme. 

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^