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La Banque Postale devient la première en Europe à désinvestir des énergies fossiles

Selon le communiqué, la Banque Postale est l’une des trois premières institutions financières au monde reconnues par la SBTi pour son action en faveur du climat. La MAIF a par ailleurs suivi et a annoncé jeudi dans un communiqué l’arrêt immédiat de son soutien envers de nouveaux projets de l’industrie pétro-gazière et un plan de sortie des énergies fossiles.

Le 14 octobre 2021, la Banque Postale a lancé une petite bombe en annonçant l’accélération de sa stratégie de décarbonisation. Elle s’engage à sortir totalement du pétrole et du gaz, conventionnel et non-conventionnel, d’ici 2030 au plus tard. Les ONG Reclaim Finance, Oxfam France et Les Amis de la Terre France saluent cette véritable action en alignement avec les appels scientifiques et appellent le reste des organes financiers français à suivre sa démarche.

Dans un communiqué, le groupe La Poste a expliqué que la Banque postale va réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46,2 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2019.

La banque s’engage à suspendre dès maintenant ses financements, investissements et cesse de fournir des services aux entreprises qui participent à l’expansion du pétrole et du gaz par de nouveaux projets d’exploration, d’extraction ou d’infrastructures.

Pour cela, elle s’appuiera sur la première base de données publique listant précisément les entreprises actives dans le gaz et le pétrole et couvrant 80% du secteur, la Global Oil and Gas Exit List (GOGEL) qui sera rendue publique le 4 novembre 2021. La liste est développée par l’ONG Urgewald, également à l’origine de l’annuelle Global Coal Exit List.

La Banque Postale s’engage ainsi à exclure les 900 entreprises qui figurent sur la GOGEL.

D’ici 2040, elle vise également à ne plus « soutenir les entreprises activement impliquées dans le lobbying en faveur du pétrole ou du gaz, ou celles ralentissant ou bloquant les efforts pour sortir de ces secteurs ».

Reclaim Finance, aux côtés de la fédération des Amis de la Terre, a salué cette décision, la Banque Postale devenant ainsi le premier financier français à prendre des mesures concrètes pour laisser le gaz et le pétrole dans le sol et ainsi répondre pragmatiquement aux appels scientifiques.

Alix Mazounie, chargée de campagne à Reclaim France, commente : « A quelques jours du Climate Finance Day, le signal envoyé aux autres acteurs de la Place de Paris – y compris à sa propre branche de gestion d’actifs, la Banque Postale Asset Management – n’aurait pas pu être plus clair. Cette nouvelle politique crée le précédent à suivre immédiatement pour tout investisseur, assureur ou banque un tant soit peu sérieux sur son ambition « Net Zéro » ou son engagement à respecter l’Accord de Paris.»

La stratégie de décarbonisation de la Banque Postale a été approuvée par le partenariat SBTi (Science Based Targets initiative) réunissant quatre grandes organisations internationales : le Carbon Disclosure Project (CDP), le World Resources Institute (WRI), le Pacte mondial des Nations Unies (UNGC) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Ancien logo de La Banque Postale – Crédit : Mamiejeanjean

La Banque postale détient aujourd’hui 1,2 milliard d’euros d’exposition brute dans les secteurs des énergies fossiles, 500 millions d’euros d’investissements et de financement dans le charbon ; et 700 millions dans le pétrole et le gaz. Il ne s’agit donc pas de la banque la plus polluante, mais c’est une première qui pourrait ouvrir la voie à tout le secteur. 

Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et Climat à Oxfam France poursuit : « Si toutes les banques faisaient un copier-coller de la politique de La Banque Postale, le climat serait largement épargné. Malheureusement, pendant ce temps, les soutiens de BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE au développement de l’industrie pétro-gazière sont en roue libre. Ils ont déjà presque doublé leurs financements aux énergies fossiles depuis la COP21, et rien à ce jour ne les empêchera de poursuivre sur cette trajectoire folle au-delà de la COP26. Cela vaut également pour AXA qui figure parmi les 10 principaux assureurs de l’industrie du pétrole et du gaz : il n’est plus concevable d’être chef de file d’une alliance internationale visant à limiter le réchauffement à 1,5°C tout en continuant d’assurer de nouveaux projets climaticides aux quatre coins du monde. »

L’ONG Oxfam a publié un rapport en octobre 2020 pour mettre en avant les chiffres des émissions des banques françaises. Leur empreinte carbone est en réalité colossale, et représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière.

Les activités d’investissement des six banques principales françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale,  BPCE, Crédit Mutuel et la Banque Postale) génèrent à elles seules 3,3 milliards de tonnes équivalent CO2 par an.

Notre argent représente donc notre premier poste d’émissions de CO2. D’après le rapport, si nous prenions en compte les émissions de gaz à effet de serre de notre argent, notre empreinte carbone serait deux fois plus élevée.

Selon le communiqué, la Banque Postale est l’une des trois premières institutions financières au monde reconnues par la SBTi pour son action en faveur du climat. La MAIF a par ailleurs suivi et a annoncé jeudi dans un communiqué l’arrêt immédiat de son soutien envers de nouveaux projets de l’industrie pétro-gazière et un plan de sortie des énergies fossiles.

Ces engagements montrent une véritable prise en compte de la réalité de l’urgence climatique, tandis que l’expansion de l’industrie pétro-gazière se poursuit encore au détriment du climat. Selon une étude publiée en avril 2021 par le Stockholm Environment Institute, les secteurs non-conventionnels représentent toujours la majeure partie de la croissance prévue pour les énergies fossiles, dont 71 % pour le pétrole et 67 % pour le gaz.

Lorette Philippot, chargée de campagne pour les Amis de la Terre France, rappelle en conclusion que malgré les discours, les établissements financiers n’ont pas répondu à l’impératif de stopper l’expansion des énergies fossiles :  « Le gouvernement qui n’a cessé depuis 2017 de brandir son ambition de faire de Paris la « capitale de la finance durable » doit prendre acte de cet échec et enfin en passer par la contrainte et la sanction face à l’impunité du secteur financier.»

Maïté Debove

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