Le lundi 16 août, environ 10 000 personnes ont dû être évacuées face à l’incendie qui s’est déclenché au sein du massif des Maures, dans le sud du Var. En tout, le feu a brûlé pas moins de 7000 hectares dans cette région faite de vignobles et de forêts, dévastant ainsi la moitié de la réserve naturelle des Maures. Selon le préfet du Var, le bilan compte à ce jour 26 blessés (dont 19 parmi la population et 7 chez les pompiers) et 2 morts. Il s’agit de l’incendie le plus massif en France de l’été.
1900 sapeurs-pompiers, 3 hélicoptères bombardiers d’eau, 12 canadairs et 5 avions Dash ont été mobilisés. Ces derniers sont capables de transporter jusqu’à 10 000 litres d’eau. 600 largages d’eau ont été effectués depuis lundi. Malgré ces moyens qui ont été énoncés comme sans précédent par le préfet du Var, l’incident n’a pas encore pu être totalement maîtrisé.
Débutant aux alentours de 18h lundi, le fort mistral et ses rafales de 50 à 70 km/h pendant la soirée ont donné place à un feu rapide et ravageur. Mardi après-midi, 5500 hectares de forêt avaient été détruits par le feu.
Le feu a ensuite ralenti, mais des reprises de feu ont encore été constatés mercredi après-midi. Il s’est étendu sur environ 250 hectares en Vaucluse, et sur 60 hectares dans l’Aude, également à cause des vents.
Douze campings ont été évacués et l’un d’entre eux a complètement brûlé dans le village touristique de Grimaud. C’est là-bas qu’ont péri deux personnes. Une centaine d’habitations ont également été touchées par les flammes.
De nombreux axes de circulation ont été coupés et l’ensemble des massifs de forêt du Var sont toujours ce jeudi matin en risque d’incendie “très sévère”. L’accès est strictement interdit.
A 300 km du Sud-Est de la France, en Corse, un épisode de pollution atmosphérique s’est déclenché, ce dernier survenant peu après celui de la pollution aux particules fines venant du Sahara.
Le bilan est alarmant pour la biodiversité du Var.
Selon Concha Agero, directrice-adjointe de l’Office français de biodiversité, la réserve de la plaine des Maures a été dévastée de moitié, et les Maures étaient l’un des derniers habitats de la tortue d’Hermann. L’évènement relève donc à son sens de la catastrophe.
La tortue d’Hermann, ou tortue des Maures comme on l’appelle en France, est la seule tortue terrestre de notre pays. Elle est considérée comme en voie d’extinction. Une sous-espèce de cette tortue, Testudo hermanni hermanni, ne vit qu’en Corse et dans la forêt des Maures, le massif abritant la majeure partie de ses individus.
« C’est comme s’il n’y avait plus de rhinocéros blancs que dans une seule réserve d’Afrique et que cette réserve brûlait », illustre Marie-Claude Serra, la conservatrice du parc national, auprès de Le Monde
Dans le Vaucluse et l’Aude, l’incendie est pour le moment maitrisé, et dans l’arrière-pays de Saint-Tropez (Var) ralenti, mais les pompiers restent mobilisés.
« Ce feu est hors norme par sa vitesse, son ampleur et sa complexité, reconnaît le commandant de sapeurs-pompiers Florent Dossetti. Il va falloir que l’on continue à lutter activement. »
Les fortes chaleurs à l’échelle planétaire se mêlant aux vents cet été ont contribué à nourrir de nombreux départs de feu tout autour de la méditerranée, en Grèce (avec plus de 100 000 hectares brulés), en Turquie (95 000 hectares), en Albanie, ou comme le montrent des évènements plus récents, en Algérie ou au Maroc.
Ces évènements entrent avec l’incendie du Var dans le régime actuel et futur d’amplification de feux et de mégafeux, ces derniers étant extrêmement difficiles, voire impossibles à contrôler par l’homme.
Les raisons derrière ce régime sont multiples : d’abord le réchauffement climatique ainsi que les sècheresses, les canicules et les vents qu’il entraine, l’exploitation et la transformation des forêts qui sont cultivées comme des champs et qui sont ainsi plus vulnérables aux potentiels mégafeux, mais également la politique de cessation de tout feu, qui empêche son utilisation comme outil d’aménagement du territoire et laisse libre aux flammes de dévaster de vastes étendues de biomasses accumulées les unes près des autres.
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Dans le Var, c’est bien l’ensemble de l’écosystème qui est fragilisé par un incendie d’une telle ampleur. Pins parasols, chênes blancs, chênes-lièges… toute la végétation est désormais trop fragilisée par la fréquence de ces feux, qui étaient beaucoup plus rares quelques décennies seulement auparavant.
Crédit photo couv : NICOLAS TUCAT / AFP