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Historique : le Royaume-Uni interdit l’export d’animaux d’élevage vivants

« C'est un grand jour à célébrer et très attendu. Pendant des décennies, les animaux d’élevage ont subi ces exportations insensées et pénibles vers le continent – mais plus maintenant ! »

C’est une décision historique pour le bien-être animal : le Parlement britannique a voté interdiction de l'export d'animaux d'élevage vivants destinés à l'abattage ou à l'engraissement.

Une décision historique

Avec ce projet de loi, le Royaume-Uni met fin à l’exportation de milliers de bovins, porcs, chèvres, moutons, sangliers et chevaux vivants destinés à l’abattage ou à l’engraissement depuis ou via l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Écosse.

Selon la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, 1,6 million d’animaux étaient exportés du Royaume-Uni chaque année avant 2020. Adopté mardi par la Chambre des Lords, ce projet de loi sera en vigueur dès qu’il aura reçu le sceau royal, une formalité. Il vise à améliorer le bien-être des animaux d’élevage en mettant fin aux voyages longs et pénibles vers d’autres pays, au cours desquels le bétail peut souffrir de surpeuplement, d’épuisement, de déshydratation, de stress et de maladies.

Cette décision représente une avancée historique pour les associations environnementales qui réclamaient cette interdiction depuis des décennies. Une militante avait même été écrasée à mort sous un camion alors qu’elle protestait contre l’exportation de veaux vivants destinés à être mangés en 1995.

« C’est un grand jour à célébrer et très attendu. Pendant des décennies, les animaux d’élevage ont subi ces exportations insensées et pénibles vers le continent – mais plus maintenant ! », a réagi Philip Lymbery, PDG de Compassion in World Farming (CIWF), une ONG spécialisée sur le bien-être des animaux d’élevage

Même si les exportations d’animaux britanniques vers l’UE ont diminué depuis 2020, en raison des contraintes douanières liées au Brexit, cette activité pourrait impacter négativement 10 % de l’élevage ovin, notamment dans le sud-est du Royaume-Uni.

Malgré tout, la Farmers Union Wales (FUW) a soutenu le gouvernement britannique dans sa volonté de devenir un « leader mondial du bien-être animal ». Seule demande : que les agriculteurs britanniques soient protégés de la concurrence déloyale étrangère en exigeant des normes équivalentes pour les importations.

L’organisation paysanne principale du Royaume-Uni, la National Farmers Union, est elle plus prudente. Elle redoute que la Belgique, les Pays-Bas et la France, grands importateurs de moutons britanniques, se tournent vers des fournisseurs plus lointains, notamment en Europe de l’Est.

Export de veaux assoiffés destinés à l’engraissement – Crédit : CIWF

L’Union Européenne en retard

En effet, plus de 1,6 milliard d’animaux sont transportés chaque année au sein de l’UE et au-delà de ses frontières. En 2023, la Commission européenne a proposé de renforcer la législation sur le bien-être des animaux pendant le transport, en raccourcissant les temps de trajet, en augmentant l’espace alloué par individu et en limitant les transports par températures extrêmes.

Cependant, aucune interdiction d’exportation d’animaux vivants n’a été proposée. Alors que certains pays font pression pour des règles plus strictes, comme l’Allemagne, d’autres comme la France et l’Espagne, poussés par l’agro-industrie, se sont unis pour maintenir les exports d’animaux vivants.

Export de moutons – Crédit : Anat Refuah / Wikimedia Commons

L’Union européenne se retrouve donc sous le feu des projecteurs, après cette décision historique. En effet, le Royaume-Uni rejoint une « dynamique croissante » partout dans le monde pour mettre fin aux exportations d’animaux vivants, a expliqué le CIWF. Le 11 mai, l’Australie s’est également engagée à mettre fin à l’exportation de moutons vivants d’ici 2028. D’autres pays comme la Nouvelle-Zélande et le Brésil ont déjà interdit cette pratique en 2023.

« L’Union européenne ne peut pas continuer à faire des promesses creuses en matière de bien-être animal et à prétendre être un leader dans ce domaine. Elle doit prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ce commerce cruel », a déclaré Olga Kikou, directrice des politiques à l’Institut européen du droit et de la politique animale.

La Commission européenne devrait bientôt présenter des propositions sur une révision complète de la législation sur le bien-être animal, initialement prévue pour 2023.

Sources : « After UK ban on live animal exports, NGOs step up pressure on the European Commission », Euractiv, 15/05/2024 / « Interdiction des exportations d’animaux vivants en Grande-Bretagne, une décision historique », 14/05/2024, CIWF

Laurie Debove

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