Espèce pourtant protégée en France depuis un arrêté de 1981, le nombre de hérissons a drastiquement diminué. S’il n’existe aucune étude officielle sur les causes du phénomène en France, les associations estiment que l'ampleur de cette extinction est similaire à celle du Royaume-Uni, et survient à cause de l’usage massif des pesticides, de l’urbanisation et du réchauffement climatique.
Selon plusieurs études britanniques, au Royaume-Uni, les populations de hérissons ont chuté de 36,5 millions d’individus en 1950 à 1,55 million en 1995. Entre 2000 et 2014, les populations rurales ont diminué de moitié et les populations urbaines d’un tiers. En 2020, le hérisson a ainsi été classé sur la liste rouge des espèces menacées en Grande-Bretagne.
Anne et Patrick Fingar ont créé un sanctuaire à Fouencamps, près d’Amiens. Depuis 1998, 1790 hérissons y ont été accueillis. L’objectif principal est avant tout de pouvoir les relâcher dans la nature une fois soignés.
Anne Fingar explique auprès de France 3 : « C’est une espèce qui a côtoyé les mammouths et qui va peut-être disparaître. Ça fait 25 ans que j’alerte sur la baisse du nombre de hérissons ! On sollicite le ministère de l’Environnement, le Parlement Européen… Tout le monde s’en fout. »
Le Sanctuaire des Hérissons souligne : « La disparition des bocages, donc de leur biotope, oblige le hérisson à se réfugier dans nos jardins où il encourt d’autres dangers : blessures occasionnées par des tondeuses à gazon, feux de feuilles, noyade (piscine). »
Selon France Nature Environnement, la disparition de l’habitat des hérissons tels que les haies impacte directement sa capacité à se nourrir, à s’abriter et à se reproduire. La pollution lumineuse participe également activement à son déclin en affectant son rythme de vie. De plus, pour la Fédération, si un quart des mortalités est du aux accidents de la route, un autre quart est dû aux pesticides.
Lydia Bourdeau, responsable du centre de soins de la faune sauvage à Poitevine, dénonce cet usage intensif des pesticides auprès de FranceInfo : « Ils sont empoisonnés avec des hémorragies très importantes. Souvent, on se focalise sur les hérissons qui sont écrasés sur la route. En fait, c’est une petite partie. C’est leur état de santé général qui est précaire. »
Pour Jean-Xavier Duhart, à la tête de l’association Sauvons les hérissons, le statut du mammifère empêche de lui offrir refuge, même pour la bonne cause :
« On demande la création d’un statut d’écocitoyen hérisson, pour que les gens puissent les soigner en relation avec un vétérinaire référent. »
Il est à l’origine d’une pétition pour sauver l’espèce en mettant en place ce statut. Cela permettrait dans le même temps la création de nombreux réseaux citoyens bénévoles, et une sensibilisation de la population à la disparition de la biodiversité. La pétition a récolté plus de 260 000 signatures.
Nathalie de Lacoste, chargée d’étude des mammifères au Muséum national d’Histoire naturelle, expliquait pour Le Monde en 2017 l’importance de l’hérisson au sein de son écosystème :
« En restaurant l’habitat des hérissons (haies, végétation naturelle, bocages), on améliore celui d’autres êtres vivants, comme les insectes, les escargots, limaces, araignées. C’est aussi un animal qui sonne l’alerte sur l’état des écosystèmes. »
La Fédération France Nature Environnement préconise aux particuliers de ménager des coins sauvages pour les hérissons dans leurs jardins afin qu’il puisse s’installer avec plus de sécurité, d’éviter les produits toxiques et d’être particulièrement vigilant lors du passage de la tondeuse.
Pour Hélène de Romans, gérante d’un centre de soins, SOS Hérissons 49, globalement : « Il faut replanter des haies, installer des passages à faune sur les routes, limiter la vitesse de circulation dans les campagnes et arrêter le cercle vicieux des pesticides. »
De son côté, France Nature Environnement relance pour la 3e année l’Opération Hérissons, grande opération de science participative qui permet de signaler les hérissons, vivants ou morts partout en France.