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En Inde, la Paani Foundation a aidé plus de 6000 villages à vaincre la sécheresse

Pour la Paani Foundation, l’issue à la sécheresse repose sur la science de la décentralisation de la gestion des réserves d’eau. C’est-à-dire un ensemble de savoirs et de techniques qui permet aux eaux de pluie de ralentir et de percoler pour augmenter la retenue d’eau dans le sol de la façon la plus efficace.

Créée en 2016 par Aamir Khan et Kiran Rao, la Paani Foundation (La fondation de l’eau), située en Inde, a formé plus de 6000 villages en gestion de l’eau, augmenté leur capacité de stockage de millions de litres d’eau dans les sols et formé plus de 40 000 fermiers à des pratiques agricoles durables. Ensemble, ils luttent pour la résilience climatique.

La Paani Foundation, un combat contre la sécheresse

La Paani Foundation a pris les devants face aux défis climatiques que les fermiers rencontrent en Inde. Le Maharashtra (centre-ouest) fait face à une sécheresse très intense et a été sévèrement affecté ces dernières décennies par des précipitations imprévisibles.

« La prochaine mousson sera en Juin/juillet, pour la récolte de janvier suivant. Plusieurs villages seront donc dépendants des réserves d’eau ce qui va mener à une faible production agricole, et provoque beaucoup de migration chez les fermiers. Ils sont forcés de laisser derrière eux les animaux et leurs foyers parce qu’ils ne sont pas dans la possibilité de subvenir à leurs besoins. Ce qui amène à des situations de malnutrition et de famines jusqu’à la mort par suicide. » raconte Lipi, responsable communication et sensibilisation chez la Paani Foundation, pour la Relève et la Peste

La Paani Foundation s’est donné pour mission d’explorer la possibilité de motiver, d’autonomiser et d’inspirer la population de cet État afin qu’elle résolve le problème de la sécheresse. L’idée étant de briser le cycle de dépendance entre le gouvernement et les fermiers, ainsi que celle avec les fondations et les associations caritatives.

« La crise de sécheresse existe depuis plusieurs générations mais les solutions existent également depuis la même durée, si ce n’est plus. » explique Lipi, responsable communication et sensibilisation, pour la Relève et la Peste

Pour la Paani Foundation, l’issue à la sécheresse repose sur la science de la décentralisation de la gestion des réserves d’eau. C’est-à-dire un ensemble de savoirs et de techniques qui permet aux eaux de pluie de ralentir et de percoler pour augmenter la retenue d’eau dans le sol de la façon la plus efficace.

Leur constat est que, d’une part, les villages n’ont pas assez d’infrastructures pour la captation et le stockage de l’eau et, d’autre part, que ces derniers ne pensent pas être capables de les mettre en place eux-mêmes.Pour former les villageois, la Paani Foundation a créé deux compétitions comme une expérimentation sociale.

Les indiennes apprennent à retenir l'eau de pluie

Les femmes travaillent avec les hommes

La Satyamev Jayate Water Cup

La Paani foundation propose quatre jours de formation immersive et résidentielle pour les fermiers qui souhaiteraient prendre part à la Water Cup. Ensuite, ces derniers sont encouragés à appliquer ces pratiques chez eux, sur leurs propres sols en participant à cette compétition.

Les compétitions réveillent la capacité des gens à se regrouper, construire ces structures et planifier leurs infrastructures de stockage. Cela, par le biais d’un chantier participatif volontaire manuel et avec des machines.

« De la même façon que fonctionne la coupe du monde de cricket, nous avons repris ce concept mais pour la meilleure façon de préserver l’eau et protéger les sols. On a ainsi créé une charte stricte avec des critères quantitatifs et qualitatifs sur les objectifs à atteindre et des prix monétaires importants. » précise Lipi, responsable communication et sensibilisation chez la Paani Foundation, pour la Relève et la Peste

La première année a été testée avec 116 villages et 3 blocs. En quatre ans, cette compétition a explosé pour inclure 76 blocs au sein de 24 districts du Maharashtra. C’est maintenant 6000 villages qui sont concernés. Le travail de ces participants a mené à la création d’une capacité de stockage d’eau estimé à des centaines de milliards de litres.

La Paani Foundation est gratuite et offre les prix ainsi que le modèle de la compétition. Ils ont conçu beaucoup de livres et de films d’animés pour aider les villageois à mieux comprendre comment travailler sur ces infrastructures de stockage d’eau.

« C’est sur la base du volontariat. Nous ne voulons pas suivre le modèle d’une autorité qui dit « vous devez ». C’est pour cette raison que l’on pense que ce modèle fonctionne sur le long terme. »

Ne pouvant plus accueillir de monde pendant la COVID, ils ont travaillé sur la restauration et la conservation écologique, la Samruddha Gaon Spardha, dont le management de l’eau dans la compétition pour permettre aux villages de prospérer.

« Nous avons reçu des demandes et des besoins sur le terrain qui concernent la qualité de vie des fermiers. C’est très important, en particulier dans les villages qui ont déjà accès à l’eau car une grande quantité est déjà utilisée dans l’agriculture. »

Les fermiers tiennent des épis de maïs

Les récoltes obtenues

La Jayate Farmer Cup

C’est une compétition entre groupes de fermiers pour faire le meilleur travail d’agriculture durable. Actuellement, 3000 groupes de fermiers sur 40 blocs sont concernés. Si la Paani Foundation a choisi comme format la compétition, c’est parce que selon elle, elle favorise un environnement dynamique, de création et de joie pour tout travail à faire.

« Si on dit aux villageois faites ce travail vous y gagnerez beaucoup, ça peut être suffisant pour certains. Mais pour quelqu’un qui n’a jamais fait ça, il y a peu d’encouragement car cela demande beaucoup physiquement et mentalement. »

L’idée était de favoriser la création de liens entre les villageois, les fermiers et leurs voisins par le biais de cette compétition pour qu’ils apprennent les uns des autres.

Lipi nous confie : « on a vu beaucoup de coopération et de collaborations au fur et à mesure des années. Aussi, les prix accordés sont un levier de motivation important. On est sûr que l’on va finir par atteindre ce niveau où les fermiers et les villageois n’auront plus besoin de compétition pour mettre en place ces pratiques. »

Satyamev Jayate Water Cup

Satyamev Jayate Water Cup

 

L’eau, une problématique au-delà de toute fragmentation sociale

On peut être propriétaire d’un terrain mais on ne peut pas être celui de l’eau qui est sous le terrain de quelqu’un. Elle permet de briser les frontières. Quand les gens se réunissent pour offrir leur force de travail en vue d’une mission commune, cela amène à un état d’esprit de fraternité et de sororité au-delà de toute fracture sociale.

« Il y a eu beaucoup de femmes qui sont sorties du modèle patriarcal et de celui de femmes au foyer. Hommes et femmes ont contribué de façon égale dans ce travail manuel. Nous avons eu plusieurs exemples de villageois et fermiers qui se sont réunis au-delà des différences de castes, de religions. Quand il y a eu beaucoup d’eau récoltée après la mousson, que les gens ont vu l’impact de leur effort et travail communs, leur amitié s’est approfondie. »

Selon Lipi, toute personne consciente des dynamiques locales peut concevoir un tel projet « même s’il faut garder en tête que la Paani Foundation est née d’un état de crise et que nous devions travailler de manière urgente à cette échelle. »

Nous sommes tous concernés par la crise de l’eau. Des modèles résilients comme en Inde ont fait leurs preuves pour montrer que la récolter et en prendre soin est possible. Il est temps de cultiver l’effort collectif pour le bien commun. 

Liza Tourman

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