Ces dernières années, les villes qui ont décidé d’éteindre les lumières de nuit se multiplient. C’est particulièrement le cas en 2022, dans un contexte de crise de l’énergie. Des pas sont faits pour protéger nos ressources, mais aussi la faune et la flore, pour qui la lumière artificielle a un impact mortel, du fait d’une biologie rythmée par le photopériodisme, soit le rapport entre le jour et la nuit.
Plusieurs communes près de Lille ont éteint les lumières publiques, telles que Mouvaux, Faches-Thumesnil, Tourcoing, Seclin, Wattrelos, etc. A Lille même, désormais, seule la place principale voit ses bâtiments publics être mis en lumière de nuit.
Selon France3, à Strasbourg (Bas-Rhin), le marché de Noël réunit chaque année un peu plus de deux millions de visiteurs, notamment pour ses illuminations. Ces dernières vont cette année être réduites de 10 à 20 %, et les lumières LED seront éteintes à partir de 23h, contre minuit les années précédentes.
Selon un sondage réalisé par le Syndicat Départemental de la Haute-Garonne, sur les 49 communes de la communauté urbaine du Havre qui éteignent les lumières entre minuit et 6h du matin, 98 % d’entre elles n’ont constaté aucune augmentation des problèmes de sécurité depuis. Beaucoup de maires et autres élus constatent également un retour de la faune en ville.
Un des répondants au sondage a commenté : « Nous avons constaté un retour des vers luisants »
Au Pays Basque, à Urrugne, tous les lampadaires sont éteints entre 23h et 5h30 pour protéger la biodiversité comme les rongeurs, les hérissons ou les chauve-souris. Mais les habitants qui veulent se déplacer de nuit, pour promener leur chien ou faire un footing, ont la possibilité de gérer l’éclairage. Ils se géolocalisent par l’intermédiaire d’une application mobile et peuvent choisir quel réverbère allumer en fonction de leur itinéraire.
Le conseiller municipal et adjoint chargé de la transition écologique, Nikolas Regerat, a estimé que 35 000 euros d’électricité ont été économisés en neuf mois.
Il commente : « Nous constatons environ 20 allumages par nuit en semaine. Cela augmente surtout le samedi soir. »
En 2022, de nombreuses décisions d’éteindre l’éclairage public sont prises par nécessité, par économie énergétique, comme à Bergerac (Dordogne). Le maire a déclaré auprès de FranceBleu :
« Les prix de l’énergie explosent. En 2021, l’éclairage public, électricité et gaz des bâtiments communaux représentaient 1,3 millions d’euros. On nous annonce 2,4 millions en 2023, pour une consommation identique. »
D’autres communes des Landes ont pris la décision cette année, comme à Saint-Sever, ou encore Saint-Perdon, avec un lampadaire sur deux. Depuis hier, le parc naturel régional du Vexin français organise l’événement national Le Jour de La Nuit, qui cherche à sensibiliser à la pollution lumineuse et à la protection de la biodiversité nocturne.
Le 13, un webinaire sur l’utilisation de la lumière dans nos quotidiens et ses conséquences, ainsi que les actions à mener pour lutter contre son impact néfaste a eu lieu. Le 15, différentes villes d’Ile de France mettent en place sorties et observations nocturnes pour observer chauves-souris, insectes, ainsi que le ciel étoilé.
Les villes qui prennent la décision d’éteindre certains ou tous leurs lampadaires et de réduire leurs points lumineux de nuit constatent systématiquement le retour de la faune et de la flore, ainsi qu’un retour économique conséquent. Ces nombreuses décisions sont plus que les bienvenues dans un contexte où l’éclairage public représente 6 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pour aller plus loin : Le combat de chercheurs français pour lutter contre la pollution lumineuse