En 2022, entre 12 000 et 14 000 tonnes de miel ont été récoltées de plus qu’en 2021, un chiffre bien en-deçà des espérances, alors que l’année précédente avait déjà été catastrophique pour les apiculteurs. Avec l’augmentation en puissance de la crise climatique, de nombreux apiculteurs craignent désormais de voir leurs essaims mourir cet hiver.
En 2022, les résultats sont très hétéroclites, avec des grandes zones où la production a été plus que médiocre et d’autres où les apiculteurs ont tout de même réussi de belles miellées. Les régions du Sud et de la Loire ont le plus souffert du réchauffement climatique et de la sècheresse.
D’après les chiffres de la Fédération Nationale du Réseau de Développement Apicole, en 2021, les récoltes ont baissé de 38 %, par rapport à 2020, qui avait été une excellente année. En 2022, les bonnes récoltes de printemps ont fait monter ce chiffre, mais il reste très inférieur à celui de 2020.
Selon un communiqué de presse de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), premier syndicat apicole de France, du fait d’un hiver 2021-2022 doux, les abeilles ont commencé leur activité tôt sur l’ensemble du territoire, laissant pressentir une très bonne année. Hormis au Sud Est où un déficit hydrique était déjà ressenti depuis le début de l’hiver, les abeilles ont pu bénéficier des floraisons partout en France.
Les récoltes de colza et de fleurs de printemps ont donc été bonnes dans la plupart des régions, mais celles d’acacia ont été soit excellentes (Bourgogne, Ile de France), soit inexistantes (Sud-Ouest), où les floraisons ont été anéanties par les gelées tardives. C’est également au Sud-Ouest, et particulièrement dans les Landes que les apiculteurs ont dû se confronter aux incendies. Il n’y a pas eu de miellées de bourdaine et de bruyère.
Les récoltes de miel de lavande dans le Sud-Est ont été, hormis dans de rares secteurs favorisés, plutôt décevantes. Le Sud a par ailleurs été confronté très tôt au manque de pluie, et les récoltes précoces de thym, romarin ou garrigue ont été plus que médiocres. Les récoltes de miel de châtaignier ont elles été nettement insuffisantes.
Au Nord-Est, dans les zones de luzerne et de sainfoin, plantes qui résistent bien face aux aléas du climat, les apiculteurs ont eu de très belles récoltes. C’est également au Nord, dans le Bassin parisien et en Bretagne, que les apiculteurs ont été les plus satisfaits, même si la végétation a beaucoup souffert.
Les apiculteurs ressentent de plein fouet le réchauffement climatique depuis une bonne quinzaine d’années, et d’autant plus en 2022, où les récoltes ont été très aléatoires. Nombre d’entre eux sont inquiets et se demandent si leur cheptel pourra passer l’hiver dans de bonnes conditions.
Les apiculteurs de toute l’Europe se réuniront au congrès européen de l’Apiculture, du 20 au 23 octobre, afin de partager les constats après la sécheresse de l’été 2022. Le congrès s’organisera autour du rôle des abeilles, de leur situation actuelle dans un contexte où elles subissent dérèglement climatique, pesticides et différents parasites, mais également des solutions agricoles à la portée des apiculteurs telles que la replantation d’arbres, de haies fruitières, les alternatives aux pesticides de synthèse, les semis de fleurs mellifères sous couvert, ou encore la réorganisation des terrains selon les cycles naturels de l’eau.
Selon un rapport de l’INRAE, les abeilles produisent 35 % de notre alimentation via la pollinisation de 84 % des fruits et légumes, et de 80 % des plantes sauvages. Les floraisons sont de plus en plus précoces et de plus en plus rapides. Cette année, dès le mois de mai, la sécheresse a sévi et ce pour de longs mois, sur l’ensemble du territoire, alors qu’auparavant elle s’étalait sur plusieurs semaines en été.
Les nouvelles idées et leur rapide application pour préserver les abeilles sont plus que jamais nécessaires.
Pour aller plus loin : Un apiculteur a trouvé une méthode pour sauver les abeilles des redoux et du parasite varroa