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Des associations appellent à un plafonnement des vols aériens pour le climat et la santé

« Nous sommes face à trois menaces vitales : le bruit, les pollutions atmosphériques et les émissions de GES, trois menaces qui, chacune devraient être traitées de toute urgence par les pouvoirs publics », résume Charlène Fleury, organisatrice du réseau Rester sur Terre.

En fin d’année 2023, le trafic aérien français a retrouvé son niveau de 2019, soit d’avant pandémie, selon la Direction générale de l'aviation civile. S’il n’en finit pas d’augmenter, il pourrait même être amené à doubler d’ici à 2040. Face à ce constat, qui menace le climat et la santé de milliers d’habitants, plusieurs associations ont décidé de se mobiliser partout en France pour demander un plafonnement du trafic aérien au Ministère des transports.

Le plafonnement du trafic aérien

Selon l’un des scénarios du rapport « pour décarboner le transport de l’aérien » de l’ADEME, il serait nécessaire de réduire de 15% le trafic aérien sur l’ensemble des aéroports français d’ici à 2050 afin de parvenir à une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre dues à l’aviation.

« Aujourd’hui, il nous faut l’assurance d’avoir moins de trafic aérien au-dessus de la tête, explique Chantal Bergmander, présidente de l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA). Aux côtés des jeunes générations et des nouveaux réseaux, nous voulons dire qu’on ne lâchera pas l’affaire ».

L’organisation, comme beaucoup d’autres associations, réclame un plafonnement effectif du trafic aérien, de jour comme de nuit. Si aujourd’hui les impacts et les risques de l’aviation commerciale sur le climat et la santé des populations sont bien connus, les membres de l’UFCNA militent, eux, depuis plus de 40 ans, et regrettent aujourd’hui de ne jamais avoir été entendus par les autorités gouvernementales.

Pour espérer avoir gain de cause, les défenseurs de l’environnement misent alors sur « l’étude d’impact selon l’approche équilibrée » (EIAE). Cette procédure est actuellement la seule permettant d’obtenir le plafonnement du trafic dans les aéroports, dans le cadre de directives européennes déclinées à l’échelle française.

C’est d’ailleurs grâce à l’EIAE que le gouvernement des Pays-Bas a pris la décision de plafonner le trafic de l’aéroport d’Amsterdam de Schiphol, où les mouvements devraient désormais passer de 500 000 à 440 000 par an. Une résolution qui a cependant été suspendue en raison d’un « avis négatif » de la Commission européenne.

En France, l’ancien ministre des transports Clément Beaune avait également reçu une délégation en mai 2023 au sujet des EIAE des aéroports franciliens. Il s’était alors engagé à étudier les scénarii de plafonnement lors des échanges avec la société civile et les élus mobilisés. 

Aujourd’hui, ces études sont en cours sous l’autorité des préfets, et concernent la plupart des aéroports français les plus fréquentés, afin, notamment, d’élaborer des scénarios de réduction du bruit. 

« Nous n’avons aucune assurance que les mesures de plafonnement du trafic aérien à la baisse que nous demandons soient retenues », déplore cependant Chantal Beer-Demander.

Un trafic aérien incompatible avec les objectifs environnementaux

Il est pourtant urgent qu’un plafonnement du trafic aérien soit mis en place au plus vite dans de nombreux aéroports français et européens, si l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, réaffirmé par la COP28, veut être soutenable.

« Aujourd’hui, selon la DGAC, la Direction Générale de Radiation Civile, le secteur aérien pèse environ 7% des émissions de CO2 en France », détaille Alexis Chailloux, responsable aviation au sein du réseau Action Climat, lors d’une conférence de presse.

En effet, l’ADEME estime qu’en 2019, le transport aérien français est responsable de l’émission d’environ 24 millions de tonnes de CO2 équivalent. Un chiffre contrastant fortement avec l’objectif fixé par Emmanuel Macron d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

Par ailleurs, prendre l’avion n’est toujours réservé qu’à une petite partie de la population. 

« On estime qu’environ 30% des Français n’ont jamais mis les pieds dans un avion. À l’échelle internationale, c’est encore plus marqué, puisque 1% de la population mondiale est responsable de 50% des émissions de gaz à effet de serre », ajoute Alexis Chailloux. 

Une population qui reste plutôt urbaine, diplômée et financièrement aisée, de catégorie CSP+.

Des impacts sur la santé préoccupants

Outre ses impacts évidents sur l’environnement, le trafic aérien est aussi une grande source de nuisances pour la santé.

« Le bruit est l’un des facteurs majeurs d’atteinte à la santé. Il s’agit d’une urgence sanitaire mondiale, puisque les pollutions sont devenues la première cause de mortalité au monde, devant le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, et bien loin devant les zoonoses, le paludisme ou les maladies infectieuses », explique le Dr Pierre Souvet, membre de l’Association Santé Environnement France, lors d’une conférence de presse.

Par ailleurs, l’Agence Européenne de l’Environnement associe de nombreux cas d’hypertension artérielle, de diabète, de risques d’infarctus, de tension artérielle ou encore d’accidents vasculaires cérébraux dus à un bruit excessif issu du trafic aérien, ou routier.

Alors, pour tenter d’enrayer la situation, l’association Rester sur terre et l’UFCNA prévoient une série de mobilisations partout en France, ce mercredi 13 mars, ainsi qu’un rendez-vous au Ministère des transports le 15 mars.

« Nous sommes face à trois menaces vitales : le bruit, les pollutions atmosphériques et les émissions de GES, trois menaces qui, chacune devraient être traitées de toute urgence par les pouvoirs publics », résume Charlène Fleury, organisatrice du réseau Rester sur Terre.

« La bonne nouvelle, c’est qu’il existe une solution unique à ces trois problèmes : le plafonnement du trafic aérien. La mauvaise, c’est que pour le moment la réponse de la France n’est pas à la hauteur. »

Sources : « Plafonner le trafic aérien, une mesure nécessaire pour la santé et le climat », Libération, 07/03/24 / « Nous appelons Airbus, Safran, Air France, Aéroports de Paris, à envisager publiquement une réduction du trafic aérien », Le Monde, 10/03/24 / « 3 scénarios pour décarboner le transport aérien », ADEME, 2022 / « Les Pays-Bas suspendent la réduction des vols à Amsterdam-Schiphol », AFP via Médiapart, 14/11/23

Juliette Boffy

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