La France sera-t-elle ingouvernable ? Une majorité parlementaire arrivera-t-elle à se dégager ? Que pourrait-il se passer dans les prochaines semaines ? Tour des scénarios possibles.
Une coalition ?
Dans sa lettre adressée aux Français le 10 juillet, Emmanuel Macron a appelé les différents partis politiques à former une coalition majoritaire. Mais la marge de manœuvre est faible. Les macronistes rejettent en bloc toute alliance avec La France Insoumise. Certains d’entre eux tentent même d’exclure les Écologistes de « l’arc républicain ».
Gérald Darmanin a déclaré, mercredi 10 juillet, qu’il voterait une motion de censure en cas de gouvernement incluant des Écologistes. Une idée diffusée auprès des députés Renaissance proches de l’ex-ministre de l’Intérieur.
« Je serai le premier signataire d’une motion de censure, mais pas que vis-à-vis de LFI, je ne peux pas accepter que Madame Rousseau puisse participer à un gouvernement, même chose pour Madame Tondelier, qui a invité Médine à ses universités d’été, alors qu’il a des discours très ambigus sur la laïcité » a argumenté Gerald Darmanin au micro d’Europe 1.
Avant d’expliquer que les membres du parti étaient « du côté des personnes qui envoyaient des pavés sur la tête des gendarmes à Sainte-Soline ne pourront pas avoir ma voix ». Tout en occultant, évidemment, les violences perpétrées par les forces de l’ordre à Ste Soline et dénoncées par de nombreuses organisations des droits humains.
Saisissant l’opportunité, Marine Le Pen lui emboitait le pas un jour plus tard, indiquant vouloir censurer « tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles ».
Une tactique qui participe à la polarisation des idées politiques et à l’extrémisation de toute forme d’opposition. Ce type de propos n’est pas nouveau chez « l’aile droite » de la macronie, mais traduit une stratégie contextuelle. Éloigner les Écologistes d’une coalition revient à ne proposer qu’un unique format d’alliance possible pour atteindre une majorité parlementaire : Parti Socialiste – Renaissance – et Républicains.
L’élection de Yael Braun Pivet à la présidence de l’Assemblée avec les votes des Républicains envoie un premier message. Il existe trois blocs clairs, les votes ne se mélangent pas. Le RN, le NFP, et le bloc Macroniste plus, potentiellement, Les Républicains. Autant dire qu’une majorité sera extrêmement difficile à atteindre. Que pourrait-il alors se passer ?
Un gouvernement technique ou minoritaire ?
En cas de blocage, trois scénarios existent. Emmanuel Macron pourrait nommer un gouvernement technique, composé de hauts fonctionnaires ou d’experts du domaine en question. Une manière de ne pas teinter l’exécutif d’une couleur politique. Un tel gouvernement serait en charge des « affaires courantes », c’est-à-dire des « dossiers urgents » et de« l’administration quotidienne ».
Une autre solution pourrait être mise sur la table, celle d’un gouvernement minoritaire, issu d’une coalition qui n’atteindrait pas les 289 députés à l’Assemblée (seuil pour parvenir à la majorité absolue). Cette formation serait sous la menace constante d’une censure par l’Assemblée nationale, ce qui provoquerait une succession de gouvernements.
Selon l’article 12 de la Constitution, « il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections ». La nouvelle Assemblée siègera donc au moins jusqu’à l’été 2025. Que se passera-t-il si la nomination d’un Premier ministre est impossible ? Si celle-ci se confronte de suite à une motion de censure ? Il reste dans ce cas une solution dure : la démission du président de la République.
Un schéma improbable, mais pouvons-nous encore être surpris des décisions d’Emmanuel Macron ?