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Chaque année, 1 million de veaux sont les victimes de l’industrie laitière en France

« Pour continuer à manger de la viande et boire du lait, on trouve des excuses. Ils ne sont pas sensibles, ils ne ressentent pas la même douleur, ils ne sont pas conscients…On est obligés de s’auto-convaincre, car sinon on est face à une grande contradiction : les tuer alors qu’on pourrait ne pas le faire ».

En France, la consommation de lait implique de faire naître des veaux, dont il faut ensuite revendre la viande à tout prix. Considérés comme des sous-produits de l’industrie du lait, leurs conditions de vie sont souvent catastrophiques. Entretien avec Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214.

La France, deuxième producteur de veaux

« On a une production de lait très importante en Europe », commence Brigitte Gothière. « Et pour produire du lait il faut faire naître des veaux. C’est ainsi qu’en France on doit gérer un peu plus d’un million de veaux par an. Notre pays est le 2e producteur et le 1er consommateur de viande de veau à l’échelle mondiale ».

Sur l’ensemble de ces veaux, 85% des veaux sont des mâles, puisque les femelles sont destinées à renouveler le cheptel et produire du lait, et ceux-ci ont une faible valeur marchande.

« La viande de bœuf est de la viande de vache laitière », explique Brigitte Gothière. « En France, on a assez de viande de bœuf pour satisfaire la demande. Donc on ne sait pas quoi faire des veaux. Ils partent ailleurs en Europe, parfois jusqu’en en Turquie ».

Or, cette faible valeur marchande induit des conditions de vie catastrophiques pour la plupart d’entre eux.  Ces veaux nés de l’industrie du lait passent en effet les premières semaines de leur vie dans des cases individuelles, souvent à peine plus grandes que leur corps.

Ils sont ensuite envoyés dans des élevages d’engraissement spécialisés, où ils restent généralement quelques semaines en box individuels, avant d’être parqués en groupes de plusieurs veaux – le logement en groupe étant obligatoire à partir de 8 semaines selon la réglementation en vigueur.

D’après les études de L214, les veaux sont élevés en bâtiments fermés sur caillebotis – c’est-à-dire sur un sol dur sans litière, en bois ou en béton – dans 91 % des cas.  

Veaux entassés – Crédit : L214

Les veaux, « sous-produits » de l’industrie laitière

Séparés de leur mère, ils sont principalement nourris d’un lait en poudre de substitution, constitué notamment des déchets de l’industrie laitière, d’huile de palme et d’additifs.

« Ces veaux devraient être élevés à l’extérieur, dans des conditions radicalement différentes », soutient Brigitte Gothière. « Ce sont des animaux pour lesquels la relation mère-petit est très forte. Les isoler dès le plus jeune âge constitue une véritable violence psychologique ».

Les habitudes de consommation affectent encore davantage les conditions de vie des veaux.

« Aujourd’hui en France, les consommateurs s’attendent à de la viande blanche lorsqu’il mangent du veau » note la cofondatrice de L214 . À cause de cette attente, « les veaux peuvent donc être volontairement anémiés pour que leur chair soit claire ».

Le minimum légal d’apport en fer dans leur alimentation se trouve en effet largement en dessous des recommandations de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments).

Veau assoiffé – Crédit : L214

Depuis quelques années, de nombreux experts alertent la Commission Européenne sur les conséquences des conditions d’élevage.

« On a des connaissances scientifiques très importantes », souligne Brigitte Gothière. « Des ouvrages comme Les cerveaux de la ferme montrent clairement que les animaux sont doués de sensibilité, sont conscients, ont des formes d’intelligence ».  

Les veaux laitiers sont généralement envoyés à l’abattoir à l’âge de 5 à 6 mois en France, et jusqu’à 8 mois en Europe pour l’appellation « veau de boucherie ». D’après les observations en refuges, ils peuvent vivre jusqu’à environ 20 ans.

Veau isolé – Crédit : L214

« Pour continuer à manger de la viande et boire du lait, on trouve des excuses. Ils ne sont pas sensibles, ils ne ressentent pas la même douleur, ils ne sont pas conscients…On est obligés de s’auto-convaincre, car sinon on est face à une grande contradiction : les tuer alors qu’on pourrait ne pas le faire ».

L’ambition de l’association est ainsi de défendre un modèle de société les animaux ne seraient plus considérés comme des ressources.

« On n’a aucun respect pour les autres formes de vie, malgré les preuves scientifiques qui montrent qu’elles sont à considérer », conclut Brigitte Gothière. « Pythagore interrogeait déjà ses compatriotes sur la nécessité de tuer les animaux. Est-il légitime de continuer à les manger alors qu’on en a pas besoin ? Et de les traiter de cette façon ? On n’a jamais maltraité les animaux aussi massivement qu’à notre époque ».

Marine Wolf

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