En juillet, le conseil municipal d’Amsterdam s’est prononcé en faveur d’un texte prévoyant l’interdiction dans son centre-ville des imposants paquebots de croisière. Ces derniers sont à l’origine d’une grande pollution marine et atmosphérique destructrice pour les écosystèmes des mers et océans et dangereuse pour notre santé. La ville choisit ainsi de faire un beau pas en faveur de la biodiversité.
Depuis plusieurs mois, des membres de la coalition de gauche se plaignaient de ces gigantesques navires. Le maire écologiste, Femke Halsema, s’est exprimé auprès d’un quotidien national :
« De nombreux croisiéristes sont lâchés en ville le temps de seulement quelques heures. Ils vont souvent manger dans les grandes chaînes internationales de restauration. Ce qui n’apporte pas grand-chose à la classe moyenne d’Amsterdam, ils ont par exemple peu de temps pour visiter les musées. »
FranceInfo rapporte des témoignages de passants qui commentent les derniers immenses paquebots sur le départ, tels que le Joyau Des Mers. Richard, un Amstellodamois de 31 ans, explique : « Avec tout mon respect, les passagers ne restent en général que quelques heures ici, ils n’apportent rien à la ville. »
Stan, 27 ans, explique pour sa part ne pas comprendre les arguments de la commune : « Contre les émissions de CO2, on en fait déjà tellement ici aux Pays-Bas… Alors s’en prendre maintenant aux paquebots de croisière ! Je pense au contraire qu’il est temps d’apprécier le tourisme qui est une source de revenus importante. »
Le parti politique de centre-libéral gauche, les Démocrates 66, et à l’origine de l’interdiction, a déclaré : « Les croisières polluantes ne correspondent pas aux ambitions durables de notre ville. »
D’après eux, les passages de bateaux de croisières ne sont en plus de cela pas compatibles avec la réalisation d’un projet de pont sur l’IJ, un lac artificiel d’Amsterdam.
Les paquebots font des dégâts internationalement. Les 300 millions de touristes qui visitent la Méditerranée chaque année constituent une vaste pression sur ses écosystèmes.
Les mastodontes qui font parfois jusqu’à 350 mètres de long, apportent pollution atmosphérique et maritime, avec des moteurs qui tournent 24h/24, pour alimenter l’énergie des activités mises à disposition pour les touristes.
Si certaines villes prennent des dispositions pour épargner les écosystèmes, d’autres continuent d’alimenter le tourisme de masse pour des raisons économiques. Mais l’argument de la contribution à l’économie locale est questionnable.
Selon une étude postée par Euronews et menée à Bergen, en Norvège, une escale populaire pour les expéditions dans les fjords, 40 % des passagers ne quittent jamais le navire, tandis que ceux qui descendent dépensent en moyenne moins de 23 euros.
La qualité de l’air des villes avoisinantes est directement impactée. A Marseille et à Nice, des mesures effectuées par la fédération France Nature Environnement et l’ONG Nabu ont révélé que l’air à proximité des paquebots de croisière contenait des quantités de particules fines allant de 20 à 100 fois supérieures à la normale.
Un navire de croisière moyen à l’arrêt émet par jour autant de particules fines qu’un million de voitures.
D’après la FNE, ces particules sont tellement petites qu’elles s’infiltrent profondément dans notre organisme et peuvent ainsi provoquer des maladies respiratoires, cardiovasculaires mais aussi neurodégénératives.
Des mesures sont cependant déjà prises, telles qu’à Venise, où depuis 2021, les grands navires de croisières sont interdits, puisqu’ils polluaient et érodaient les fondations de la ville, qui souffre déjà d’inondations régulières.
L’interdiction de la mairie s’inscrit dans une série de mesures visant depuis quelques mois à réduire le tourisme de masse afin d’accorder plus de tranquillité aux habitants de son centre historique. 95 % des bateaux de croisière doivent ainsi désormais accoster à un port un peu plus lointain.