Il y a 4 ans, La Relève et la Peste découvrait Mélinda et son Arche de Cerise, un refuge spécialement dédié à l’accueil des renards roux en Alsace, dans le Haut-Rhin. À l’époque, sa fondatrice devait faire face à de nombreux obstacles administratifs, mais aussi des intimidations et menaces. Aujourd’hui, Mélinda revient sur ces dernières années aussi exceptionnelles que laborieuses, et se confie sur l’avenir de son refuge.
Un nouveau statut juridique
L’histoire remonte à 2016, quand Mélinda, bénévole depuis plusieurs années dans un centre de soin pour la faune sauvage, ouvre son propre refuge pour renards roux.
« Rien n’était prévu. C’est l’arrivée de deux petits renardeaux au centre qui a tout changé. Après les soins, j’ai appris qu’ils ne pouvaient pas être relâchés dans la nature, car considérés comme nuisibles. Ils étaient destinés à être tués. »
Ni une, ni deux, cette amoureuse des animaux se lance alors dans une aventure qui allait bouleverser sa vie, non sans embûches, et monte un refuge en Alsace. Mais à ce moment, le flou juridique autour de la question du recueil d’animaux sauvages conduit Mélinda à se voir « octroyer un statut juridique qui n’existe pas ». Depuis, les choses ont quelque peu évoluées.
« En 2020, l’administration est revenue sur mon statut et m’a demandé de faire le nécessaire pour être en règle, sans quoi les renards seraient destinés à l’euthanasie », explique-t-elle à La Relève et la Peste. Aujourd’hui, L’Arche de Cerise est considérée comme centre de soins pour renards roux et bénéficie d’un certificat d’élevage.
« Mais le but d’un centre de soin est normalement de soigner puis relâcher l’animal, or dans mon cas, j’ai uniquement le droit de les garder au sein du refuge. »
C’est donc dans l’objectif de pouvoir mener en parallèle cette activité de soin à plus court terme que Mélinda s’est engagée dans l’ouverture d’une deuxième structure.
« J’aimerais cette fois pouvoir recueillir des petits renards malades en vue de les relâcher car nous sommes énormément sollicités par des mairies et personne ne fait rien pour ces animaux. »
© L’Arche de Cerise
Une vingtaine de demandes par an
Une demande importante, notamment due aux nombreuses épidémies de galle, une maladie qui se soigne très bien, mais très répandue sur le territoire. Alors en attendant d’obtenir cette nouvelle autorisation, Mélinda a tout de même aménagé une petite infirmerie où elle récupère des renards des villages alentours ou amenés par les pompiers.
« Ce sont simplement deux petits enclos de transit, où les animaux ne côtoient pas ceux du refuge. Mais la demande est telle que nous avons besoin d’un véritable deuxième espace. »
En moyenne, la fondatrice de L’Arche de Cerise reçoit une vingtaine de demandes par an. Si elle est dans l’obligation de refuser bon nombre de renards, la capacité d’accueil du centre étant limitée à 6, Mélinda peut compter sur le soutien d’associations et de dons pour améliorer ses enclos et maintenir le cap.
« Actuellement, 5 renards sont ici. J’ai recueilli une petite renarde malvoyante, et m’apprête très certainement à en avoir un autre », détaille-t-elle.
Un engagement sans faille, à présent reconnu à sa juste valeur.
« Aujourd’hui, je ne reçois plus d’intimidations. J’ai participé à l’émission « Les Animaux de la 8 », et ce fut une expérience exceptionnelle. J’ai reçu derrière beaucoup de soutiens et je n’ai plus de problèmes depuis. »
© L’Arche de Cerise
Dans le Haut-Rhin, le renard désormais « chassable »
Dans le Haut-Rhin, suite à l’arrêté ministériel du 3 juillet 2019, le renard n’est plus classé Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD) – excepté dans 24 communes en raison de la présence du grand hamster d’Alsace – mais il est dit « chassable », soit pouvant être tué de façon illimitée pour les détenteurs de permis de chasse. Selon la LPO, plus d’un demi-million de renards sont abattus tous les ans, en France. Pour rappel, sa chasse est interdite dans la plupart des autres pays d’Europe.
Et pourtant, le renard est un allié majeur de la biodiversité et notamment des agriculteurs. On estime qu’il est capable de capturer chaque année 6000 rongeurs, responsables de la destruction de culture, permettant ainsi aux exploitants de se passer de produits toxiques à la fois pour les animaux mais aussi pour les sols.
Source : LPO et LPO Alsace, Fiche espèce, Renard roux
Retour
