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A69 : près de 5000 personnes se sont mobilisées malgré une répression féroce

Atosca a dû rectifier son planning des travaux. LVEL le réclame depuis plusieurs mois, mais devra encore faire appel à la CADA (Commission d'accès aux documents administratifs) pour l’obtenir. Les opposants préparent également de nouveaux recours juridiques, dans l’attente du jugement sur le fond.

« Gueule de bois ». Ainsi est qualifiée par Denis, du collectif La Voie est Libre (LVEL), la suite de ce drôle de week-end des 8 et 9 juin. D’une part, avec le rassemblement « Roue Libre » contre l’A69 et d’autre part, avec la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron. A l’heure du bilan, où en sont les travaux ? Quelle suite pour les opposants après la mobilisation ?

A69 : un dispositif policier « disproportionné »

« Roue Libre » : tout était annoncé dans l’intitulé de la mobilisation contre l’A69 des 8 et 9 juin, organisée par LVEL, la Confédération Paysanne 81, le GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres), Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion, la ZADA69.

« Roue Libre » également pour la préfecture du Tarn, l’encore ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et les forces de l’ordre sur le terrain. Dès mardi, lors des questions au gouvernement, le ministre avait expressément demandé à Michel Vilbois (préfet du Tarn actuellement sous enquête de l’Inspection générale de l’administration), l’interdiction de la manifestation, avant même le dépôt de la demande d’autorisation à la préfecture par les organisateurs.

La Confédération Paysanne 81 avait déposé un référé au tribunal administratif de Toulouse contre cette interdiction. Sans succès.

Le jeudi, quelque 1600 gendarmes mobiles contrôlaient tous les passages vers le lieu-dit Font-Basse à Puylaurens, où était installé le camp de base, survolé une partie de la nuit par un hélicoptère de la Gendarmerie. Le samedi matin, tous les accès à Puylaurens (3000 habitants) étaient bloqués par les forces de l’ordre.

Des policiers sous des nuages ​​de gaz lacrymogènes

Des participants ont dû faire 2 km sur la route ou à travers champs pour arriver à Font-Basse, malgré les menaces de Michel Vilbois à l’encontre des manifestants, dont celle d’infliger 135 € d’amende à chaque protestataire pour « participation à une manifestation interdite ». Vu les bâtons mis dans les roues par les autorités, les collectifs à l’origine de « Roue Libre » ne sont pas mécontents de la moindre participation qu’escomptée. Ils ont dénombré entre 5000 et 6000 personnes sur le site.

Le dispositif policier, « disproportionné » pour les organisateurs, de 1600 policiers et gendarmes selon les autorités, a empêché les quatre cortèges prévus d’atteindre la RN126. Deux Centaures et deux canons à eau avaient été mobilisés. Les gendarmes mobiles, manifestants et black blocs se sont affrontés dans l’après-midi, jusqu’à 17h30.

Les forces de l’ordre ont utilisé quantité de LBD, de GM2L, de grenades de désencerclement et de gaz lacrymogène contre les black blocs utilisant, eux, frondes géantes, cocktails Molotov et cailloux. Plus de 40 blessés sont à déplorer du côté des manifestants, dont trois qui ont dû être convoyés à l’hôpital. La police annonçait trois blessés dans ses rangs.

Travaux : Atosca dans les temps ?

La préparation de « Roue Libre » n’a pas été sans dommages pour Atosca. Le concessionnaire, depuis jeudi, a fait transporter tous les engins de chantier dans un lieu sécurisé. Le transport de ces machines aller/retour leur a coûté, au moins, trois jours de travail. Ce n’est pas la seule cause de retard du chantier, malgré les déclarations de Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca, affirmant que la construction de l’A69 « bat son plein » et sera « livrée comme prévu, fin 2025. »

Thomas (LVEL) remarque qu’il reste encore des fouilles archéologiques à faire ou à achever, comme à Castres, suite à la découverte d’une nécropole. Il précise que toutes les expropriations des terrains nécessaires ne sont pas terminées, des procédures devant le juge des expropriations étant encore en cours.

Un manifestant à Puylaurens. Tarn. France. 08/06/2024

Atosca a d’ailleurs dû rectifier son planning des travaux. LVEL le réclame depuis plusieurs mois, mais devra encore faire appel à la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) pour l’obtenir. Les opposants préparent également de nouveaux recours juridiques, dans l’attente du jugement sur le fond.

Manifestants et membres de la Confédération Paysanne dans un champ qui sera détruit par la construction de l’A69.

Quel devenir pour la commission d’enquête parlementaire avec la dissolution ?

Pourtant, ce qui perturbe le plus les oppposants, c’est l’arrêt brutal de la commission d’enquête parlementaire sur l’A69, avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale dimanche soir par Macron. En effet, il ne manquait que trois auditions pour que les travaux de la commission soient clos en attendant le rapport final. Elisabeth Borne et Clément Beaune devaient être entendus, ainsi que Carole Delga, présidente de la région Occitanie.

Pour Gilles (LVEL) : « Il est possible qu’elle soit réactivée après les élections, mais elle devra recommencer ses travaux à zéro ! » Il déplore cette dissolution car « à un mois près, c’était bon. »

Le regret est d’autant plus grand qu’il note que, suite à un rapport de l’IGEDD (Inspection générale de l’environnement et du développement durable), le projet de barrage à Sivens (Tarn) avait été abandonné par l’État. Toutefois, tout n’est pas perdu, estiment les opposants. LVEL a déjà pointé dans les auditions ou les retranscriptions des auditions plusieurs points qui les font tiquer : pas d’étude sur une alternative routière et/ou ferroviaire, de possibles conflits d’intérêts, la compensation agricole gérée uniquement par la FNSEA, l’indigence de la compensation écologique, etc.

LVEL compte s’appuyer sur les dernières auditions et retranscriptions pour déposer de nouvelles plaintes et essayer de répondre à la question « à qui profite le crime ? »

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