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A Lyon, blocage d’usine et manifestation massive contre Bayer Monsanto

« Tout en promouvant la mort depuis soixante-dix ans par la production toujours croissante d'herbicide, insecticides ou fongicides partout sur la planète, ces mêmes entreprises se targuent d’œuvrer pour la santé humaine et végétale en nous faisant la promesse d'une "science for a better life" » indique le collectif.

Ce week-end, le collectif des Soulèvements de la Terre organisait à Lyon des actions contre Bayer-Monsanto afin de « signifier directement à l’une des multinationales les plus notoirement écocidaires de la planète qu’il est grand temps qu’elle disparaisse ». Au programme : blocage d’usine et manifestation à proximité du siège de l’entreprise, entre 1500 et 2000 personnes ont défilé dans la rue. Un article de Florian Grenon.

Une usine bloquée

Depuis Janvier, une campagne nationale d’actions décentralisée contre Bayer Monsanto est menée par divers collectifs écologistes et paysans. Dans sa continuité, à l’appel du collectif des Soulèvements de la Terre et des militants des Faucheurs Volontaires, mouvement de lutte contre les parcelles d’essais transgéniques et les cultures d’OGM, une énorme mobilisation était prévue le weekend du 5 mars à Lyon.

Dès vendredi matin, près de 80 militants se sont rendus sur l’usine de BASF de Genay au nord de Lyon. Ils ont bloqué l’entrée plus d’une heure pendant que d’autres groupes ont découpé le grillage pour s’introduire sur le site et y mener une inspection. 

Les activistes rentrent dans l’usine BASF – Crédit : Les Soulèvements de la Terre

Filiale de Bayer-Monsanto, un des plus grands groupes chimiques au monde, cette usine est classée Seveso, nom des directives européennes imposant aux États membres d’identifier les lieux à risques d’incidents majeurs et au sein desquels doit être maintenu un « haut niveau de prévention ».

But de l’opération : dénoncer la production et la commercialisation d’intrants chimiques normalement interdits sur le territoire européen, à cause de leur toxicité.

Lors de l’inspection de l’usine, les militants ont ainsi trouvé du fipronil, insecticide interdit depuis plusieurs années. BASF détient aussi les brevets sur les variétés Clearfield de colza et de tournesol, des OGM interdits par la cour de justice de l’Union Européenne depuis trois ans. 

Les activistes rentrent dans l’usine BASF – Crédit : Les Soulèvements de la Terre

Pour cause, le gouvernement français refuse de se plier à l’UE sur ce dossier et continue d’autoriser la production, la vente et la culture de ces OGM en France.

BASF produit également les herbicides utilisés pour protéger ces OGM. Problème, comme « leur utilisation est un non-sens agronomique car les résistances d’adventices se développent, les eaux et les sols sont contaminés et pollués, la santé des utilisateurs, des consommateurs et de tout le vivant est fragilisée » rappelle le collectif.

Les militants ont également vérifié l’application de la loi Egalim, Etats généraux de l’alimentation, qui interdit en France la production de pesticides interdits dans d’autres pays.

« Inspection » des activistes dans l’usine BASF – Crédit : Les Soulèvements de la Terre

1500 personnes dans la rue

Le samedi 5 mars, au lendemain de l’inspection de l’usine BASF, 2 000 manifestants des Soulèvements de la Terre se sont rendus samedi sur la place lyonnaise de Valmy, à proximité des locaux de Bayer-Monsanto. Un cortège antifasciste a également rejoint la manifestation. 

Les activistes ont tenté, en fin d’après-midi, de se rendre au pied du siège de la multinationale mais en ont été empêchés par les forces de police mobilisés.

Avant le début de la manifestation, des militants se sont rassemblés devant le site de production de pesticides Bayer-Monsanto de Lima à Villefranche où environ 80 policiers de la BAC ont tenté de les repousser à coup de gaz lacrymogène et de tirs LBD. Les activistes ont cherché pendant une heure à rentrer dans l’usine. Deux barrières sont tombées et deux personnes ont été interpellées. Le site de Lima a été mis à l’arrêt durant toute la matinée. 

Le collectif des Soulèvements de la Terre le rappelle, l’usine produit « 35 000 tonnes par an de pesticides et fongicides prêts à empoisonner la terre. Chaque semaine, 150 camions chargés partent pour l’Europe entière déverser leur poudre mortifère dans les sols. »

Défilé à Lyon – Crédit : Rebellyon

L’agritech pour conserver son idéologie « mortifère »

Ces deux journées d’action s’inscrivent dans la campagne « Bye Bye Bayer-Monsanto », initié par le collectif des Soulèvements de la Terre formé par de nombreux mouvements, dont Extinction Rebellion, Youth For Climate, les Faucheurs Volontaires, ou encore le collectif « Bassines non merci ». Ils sont également soutenus par la Confédération Paysanne.

Lire aussi : « Pour préserver l’eau, la lutte contre les méga-bassines est un enjeu national »

Les activistes de ces associations dénoncent le développement des « drones pour surveiller les cultures, de tracteurs intelligents et autonomes, d’agriculture de précision pour continuer l’utilisation des pesticides, de robots capables d’arracher les mauvaises herbes » et « la foi dans l’innovation et la convergence des nouvelles technologies – pour sortir des errements de la précédente révolution industrielle ».

Ce développement de l’agritech favorise le maintien des monocultures extensives et intensives grâce « à la bio-informatique et la biologie de synthèse pour séquencer et créer de nouveaux gènes, l’Intelligence Artificielle pour optimiser l’usage des engrais et des pesticides sur tracteur intelligent, les OGM climate-ready pour adapter les plantes à la crise climatique ». 

L’agritech est donc un formidable moyen de greenwashing et d’augmentation des ventes de leurs produits phytosanitaires pour Bayer-Monsanto. 

La multinationale est devenue l’un des leaders mondiaux du conseil en agriculture en proposant une dizaine d’applications dédiées aux agriculteurs pour une utilisation optimale de leurs produits phytosanitaires. Bayer-Monsanto flaire un marché qui s’annonce juteux dans les prochaines années. 

Le gouvernement Macron et son esprit start-up nation n’en est pas en reste puisque le président a déclaré vouloir transformer les fermes en « start-up de la tech » à l’ouverture du salon de l’agriculture. 

« L’agroécologie, c’est quelque chose d’impérieux, d’absolument nécessaire mais ce n’est pas une vision politique » a assuré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie à l’annonce du plan 2030 pour l’agriculture l’année dernière. 

Ce plan prévoit une « troisième révolution agricole, la révolution de la connaissance et du vivant. Nous avons la volonté politique de faire de la France le premier pays à-même de mettre en œuvre cette troisième révolution agricole fondée sur le numérique, la robotique et la génétique ».

Le projet prévoit une enveloppe de 600 millions d’euros pour le développement du volet numérique, robotique et génétique de l’agriculture. 

« Tout en promouvant la mort depuis soixante-dix ans par la production toujours croissante d’herbicide, insecticides ou fongicides partout sur la planète, ces mêmes entreprises se targuent d’œuvrer pour la santé humaine et végétale en nous faisant la promesse d’une « science for a better life » » indique le collectif.

« Cette fuite en avant technologique reconduit les mêmes logiques qui nous ont amenées au désastre : breveter les processus naturels pour satisfaire la rentabilité économique avant tout ; favoriser les monocultures, l’accaparement et la marchandisation des ressources naturelles (terres, eau, semences) par les gros exploitants ; déroger à toutes précautions dans la manipulation du vivant. » explique le collectif. 

Pourquoi passer à des systèmes résilients en favorisant l’agroécologie et l’autonomie lorsque que l’on peut continuer dans un système productiviste exigeant en intrants chimiques ?

Pour aller plus loin : « Il faut reprendre la Terre aux machines pour une alimentation saine et accessible »

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