A quelques semaines du premier tour, les questions climatiques représentent seulement 2,7% du débat présidentiel. Pourtant, 94% des français considèrent que le changement climatique est un enjeu capital. Face à cette contradiction effarante, « L’affaire du siècle », campagne soutenue par une centaine de personnalités et d’organisations, exige que la question du climat soit centrale dans le débat présidentiel et invite la société civile à signer leur appel. Une initiative soutenue par La Relève et La Peste, voici leur tribune.
« Ensemble, exigeons de parler climat dans le débat présidentiel ! »
La météorite climatique est visible à qui veut bien lever le regard. Et à vrai dire, son impact fait déjà sentir ses effets. La crise écologique s’accélère partout dans le monde, y compris en France. Les rapports scientifiques s’accumulent, précisant chaque fois davantage les perspectives dramatiques qui nous attendent sans un sursaut des responsables politiques et économiques.
En 2021, la France a été doublement condamnée par la justice pour son inaction climatique, notamment par le Conseil d’Etat, la plus haute instance administrative de notre pays.
Juridique, l’événement est aussi social. La mobilisation exceptionnelle de 2,3 millions de citoyens en faveur de cette action en justice, et les marches climat rassemblant plusieurs centaines de milliers d’entre nous, auront été des faits particulièrement marquants de ce quinquennat.
Pourtant, à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité sont largement absents du débat médiatique et politique.
Trop de candidats à la magistrature suprême esquivent le sujet. Trop de fois ce thème est absent des discours et des interviews. Où sont leurs réponses ? Comment peut-on prétendre défendre l’Etat de droit sans dire comment l’on compte sortir la France de l’illégalité climatique ?
Rédactions et journalistes doivent prendre leur responsabilité et exiger des réponses concrètes, sans reléguer le climat en fin d’interview ou de débat.
Après tout, il ne s’agit rien de moins que de notre quotidien – d’aujourd’hui et de demain – de nos factures énergétiques, de nos emplois, de nos récoltes, de notre alimentation, de notre préparation aux canicules ou aux catastrophes naturelles. En somme, de notre possibilité de vivre une vie digne et enthousiasmante dans la France des prochaines décennies.
Quelles mesures les candidat.e.s souhaitent-ils mettre en place pour conjuguer urgence climatique et justice sociale ?
L’essentiel du débat présidentiel est encore devant nous. Il n’y a pas de fatalité à vivre une campagne électorale que deux tiers des Françaises et Français estiment déconnectée des vrais problèmes et qui relègue au second plan l’urgence climatique. L’ensemble des candidat.e.s doit dire aux citoyen.ne.s comment ils et elles comptent sortir la France de l’illégalité et comment ils comptent lutter contre la crise climatique.
Ensemble, nous avons le pouvoir de replacer le climat au cœur du débat pour l’élection présidentielle. Ensemble nous affirmons : Pas de climat, pas de mandat !
Prochaine étape de leur initiative : le « Débat du siècle » organisé par les associations à l’origine de « L’affaire du siècle » (Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam et la Fondation pour la nature et l’homme) avec les candidat.e.s à la présidentielle, autour des enjeux climatiques et environnementaux, le dimanche 13 mars, au lendemain de nouvelles « marches pour le climat et la justice sociale ». Les chaînes télévisées ayant refusé d’y participer car le sujet est trop « technique et anxiogène », le débat aura lieu sur Twitch.
Pour signer l’appel : ici.
Crédit photo couv : Marche climat du 13 octobre 2018 – Jeanne Menjoulet
Source : Pour « L’affaire du siècle », l’institut Onclusive (ex-Kantar) a développé un baromètre du climat afin de mesurer son « bruit médiatique » dans la campagne, à partir de l’analyse de 120 sources (télévision, radio, presse écrite et en ligne). Le premier est publié jeudi 17 février : il indique que les questions climatiques ont représenté 2,7 % du « volume rédactionnel » consacré à la campagne lors de la semainedu 8 au 13 février.
Les premier·e·s signataires :
Philippe Martinez, CGT – Nicolas Girod, Confédération Paysanne – Christophe Robert, Fondation Abbé Pierre – Annick Coupé, Attac – Malik Salemkour, Ligue des Droits de L’homme – Carine Rolland, Médecins du Monde – Morgane Créach, Réseau Action Climat – Philippe Levêque, CARE France – Pascal Revault, Action Contre la Faim – Extinction Rebellion – Youth for Climate – Claire Nouvian, Bloom – Aïssa Maïga, Comédienne – Camille Etienne, Activiste – Cyril Dion, Réalisateur, poète, activiste – Lucas Chancel, Economiste – Laurence Scialom, Economiste – Marc Dufumier, Agronome – Cécile Renouard, Philosophe – Michel Prieur, Juriste – Marie-Anne Cohendet, Constitutionnaliste – Pierre Henri Gouyon, Ecologue – Alain Grandjean, Economiste – Salomé Saqué, Journaliste – Mélanie Luce, UNEF – Pia Benguigui, RESES – Claire Bornais, FSU – Murielle Guilbert, Solidaires – Sylvie Bukhari-de Pontual, CCFD Terre solidaire – Hélène Binet, Makesense – Audrey Landon, Le Mouvement – Fabien Piasecki, Sciences Citoyennes – Jérémie Chomette, Fondation Danielle Mitterrand-France Liberté – Marjolaine Bert, EKO ! et Low-tech & Réfugiés – Sandra Métayer, Coalition Eau – Muriel Arnal, One Voice – José Tissier, Collectif Commerce Equitable – Gilbert Landais, Chrétiens Unis pour le climat – Vaia Tuuha, 4D – Laetitia Vasseur, HOP – Isabelle L’Héritier, 350.org – Juliette Franquet, Zéro Waste France – Jean-Pierre Goudard et Julien Robillard, CLER Réseau pour la transition énergétique – Giliane Le Gallic, Alofa Tuvalu – Magali Payen, On Est Prêt – Charlène Fleury, Action Non-Violente COP21 – Elodie Nace, Alternatiba – Khaled Gaiji, Les Amis de la Terre – Madline Rubin, ASPAS – Théo Rougier, Maintenant ou Jamais – Lucie Lucas, Comédienne – LEJ, artistes – Thomas Wagner, Bon Pote – Baptiste Lorber – Akim Omiri, Humoriste – Aude Gignac, Autrice et comédienne – Hugo Ciel, Activiste – Aymeric Caron, Journaliste et écrivain – Paloma Moritz, Journaliste – Chaymaa Deb, Natura Sciences – François Gemenne, chercheur et membre du GIEC – ECOPOLIEN – Julian Carrey, ATECOPOL – James Costa, Anthropologue linguistique – Laurent Husson, CNRS – Natacha Rossi, Queen Mary University of London – Jérôme Mariette, INRAE – Xavier Fain, CNRS – Christian Paroissin, UPPA – Arthur Leblois, CNRS – Kevin Jean, Épidémiologiste – Matthieu Latapy, CNRS – Sophie Allain, INRAE – Tanguy Farder, Institut Max Planck for Biological Cybernetics – Pascale Moity Maizy, Anthropologue – Philippe Stamenkovic, Historien et philosophe des sciences – Stéphanie Mariette, INRAE – Julien Armijo, Agence Internationale de l’Energie – Jacques Testard, Inserm – Jean-Charles Sicard, CIRAD – Mathieu Pélissier, Institut des Sciences de l’Evolution de Montpellier – Laura Michel, Université de Montpellier – Simon Fellous, INRAE – Jean-Luc Verdeil, CIRAD – Jérôme Fontan, ISAE SUPAERO – Jean-Jacques Devron, Université de Montpellier – Milan Bouchet-Valat, Ined – Joana Beigbeder, IMT Mines Alès – Elodie Vercken, INRAE CNRS UCA – Maurine Vilcot, Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive (Montpellier) – Sylvie Lecollinet, CIRAD – Eve Fouilleux, CNRS et CIRAD – Damien Cartron, CNRS – Nathalie Fromin, CNRS – Sophie Gerber, INRAE – Philippe Roche, CNRS – Philippe Quirion, CNRS – Jeanne Fagnani, CNRS – Sophie Swaton, Université de Lausanne – Loïc Blondiau, Université Paris I Panthéon-Sorbonne – Alain Karsenty, CIRAD – Jean-Dominique Lebreton, CNRS – Nicolas Bouleau, Ecole des Ponts Paris Tech – Marie Duru-Bellat, Sciences Po Paris – Carinne Puech, INRAE – Ollivier Bodin, Economiste – Marc Lachieze Rey, Astrophysicien – Philippe Cury, Ecologue – Benjamin Roux, Psychologue – Marie-Antoinette Mélières, Climatologue.