La dernière semaine de juillet, une vague de chaleur s’est abattue sur le Groenland. Habituellement situées entre 5 et 10 degrés en cette période, les températures sont montées jusqu’à plus de 20 degrés. Certains records locaux ont été dépassés, notamment dans l’Est, au petit aéroport de Nerlerit Inaat, où le mercure a atteint les 23,4 degrés jeudi dernier. Ces températures anormalement élevées ont provoqué une réduction massive des glaces qui ont fondu deux fois plus vite qu’à l’accoutumée : quelque huit milliards de tonnes ont été perdues chaque jour depuis mercredi dernier.
Avec 10 degrés de plus que les normes saisonnières, les glaces de la deuxième plus grande calotte de la planète après l’Antarctique ont fondu avec une forte accélération, selon les scientifiques danois de l’institut météorologique DMI.
D’après Polar Portal, par lequel les institutions danoises publient les résultats de leur surveillance de la calotte polaire au Groenland, les pertes en glace relâchées quotidiennement ces derniers jours seraient suffisantes pour recouvrir entièrement la Floride de plus de 5 centimètres d’eau.
Ce réservoir d’eau douce gelée et accumulée depuis des milliers d’années a commencé à être entamé depuis les début des années 1990 et fond de plus en plus rapidement depuis le début des années 2000.
Contrairement à l’Antarctique, où la fonte est majoritairement liée à l’écoulement des glaces continentales vers l’océan austral ; au Groenland, l’amincissement de l’inlandsis est avant tout lié à la fonte des neiges durant les périodes estivales. Le réchauffement climatique a donc un rôle important dans cet impact.
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Le record de fonte de calotte glaciaire en Groenland n’a pas été surpassé, il s’agit toujours de 2019, où plus de 600 milliards de tonnes de glace ont fondu en un été, c’est-à-dire plus du double de la perte moyenne annuelle de glace sur place entre 2012 et 2016, où le Groenland a perdu environ 280 millions de tonnes de glace par an. Cependant, la surface de territoire touchée est désormais plus grande qu’il y a deux ans.
Au Groenland, dont la calotte glaciaire couvre près de 1,8 million de kilomètres carrés, la fonte des glaces est non seulement plus rapide mais également de plus en plus précoce, ayant commencé cette année en mai.
Ces fontes massives inquiètent les scientifiques : l’Arctique se réchauffe actuellement 3 fois plus vite que le reste du monde.
Selon une étude européenne publiée en janvier, le niveau de la mer augmentera de 10 à 18 centimètres d’ici 2100 si la fonte continue avec une telle rapidité, c’est-à-dire 60% plus vite qu’il n’avait été estimé à l’origine. Selon les scientifiques, si la glace du Groenland fondait en totalité, le niveau des mers augmenterait de 6 à 7 mètres.
Cette eau fondue est également préoccupante car elle entraîne un ralentissement du courant Atlantique Nord, le Gulf Stream, qui apporte l’eau chaude du golfe du Mexique vers l’Europe. Le Gulf Stream influence la régulation des températures hivernales en Europe et soutient son climat tempéré.