Alors que ce métal représente un danger, confirmé par l’organisation mondiale de la santé, la France fait preuve d’une grande discrétion sur le sujet.
Une surexposition malgré les alertes
Alors que la commission européenne souhaite réduire la teneur en cadmium dans les engrais phosphatés depuis 2003, la France ne semble pas se saisir du dossier.
Dans un premier temps, revenons sur le cadmium lui-même. Ce métal présente des propriétés chimiques proches de celles de zinc. Il est mou, brillant, blanc et est utilisé pour la fabrication de batteries, d’alliages ou encore de revêtements de pièces métalliques. Cependant, ce métal est présent dans « les roches phosphatées », utilisées pour fabriquer des engrais agricoles.
Classé cancérogène pour l’Homme, par l’organisation mondiale de la santé (OMS) celui-ci présente des effets toxiques sur les reins, le squelette, l’appareil respiratoire et est également reconnu comme perturbateur endocrinien.
L’utilisation d’engrais phosphatés dans la plupart des cultures reste la principale cause de contamination des sols au cadmium. L’alimentation représente donc la plus grande cause d’exposition des populations, avec le tabagisme.
Depuis plus de dix ans les agences sanitaires alertent sur la dangerosité de ce composant et souhaitent réduire son exposition. C’est pourquoi, en 2009, l’autorité européenne de sécurité des aliments a souhaité limiter son utilisation par une « réglementation européenne » (REACH) fixant « un niveau hebdomadaire d’ingestion » à 2.5 microgramme/kilo.
En Europe et en France
Malgré tout, une partie des européens restent surexposés à ce métal. Par ailleurs, la commission européenne souhaite réduire la teneur en cadmium dans les engrais à 60 mg kg pendant trois ans à partir de la promulgation du règlement, puis à 40 mg/kg pendant les neuf années suivantes, avant de passer définitivement à 20 Mg/kg.
Cependant, en 2017 le parlement européen a soutenu ce texte, tout en allongeant de 12 à 16 ans la durée pour parvenir à « la teneur finale de 20 mg/kg ».
Plusieurs gouvernements, dont les autorités allemandes et danoises, se sont montrées favorables au texte. Quatorze états affichent déjà une limite inférieure ou égale à 60 mg de cadmium /kg d’engrais. Pour la Finlande, la Hongrie et la Slovaquie, ce seuil a même déjà été porté à 20 mg/kg.
Quant à l’Espagne, le Royaume Uni et la Pologne, ils s’opposent à cette réglementation pendant que la France ne s’est toujours pas exprimée sur le sujet.
Pourtant, la teneur en cadmium dans les engrais français est plus élevée que la moyenne européenne (51 mg/kg contre 36 mg/kg). De plus, les apports de phosphore sur les grandes cultures françaises sont deux fois supérieurs à la moyenne européenne. Ce qui représente une exposition et un risque accru.
Ainsi, pour réduire l’exposition chronique des populations il est donc nécessaire de diminuer la teneur en métal des engrais mais également de mettre fin à la sur fertilisation phosphatée. Pour cela, les réseaux « environnement et santé » appellent le gouvernement à prendre position et à soutenir le projet proposé par l’UE.