Fini de se casser les dents ! Une solution, en phase de test depuis janvier et qui actuellement marche, a été déployée afin de faire cohabiter les castors, de retour en Wallonie depuis 1990 après deux siècles d’absence, et les infrastructures ferroviaires, gérées par Infrabel en Belgique. Cela se passe dans la réserve naturelle des Epioux sur la commune de Florenville, proche de la frontière française. Cette réserve naturelle est, en effet, traversée par la ligne ferroviaire Bertrix-Virton.
Une solution pour la cohabitation entre ces deux infrastructures ingénieuses se devait d’être trouvée afin de les concilier, plutôt que de détruire l’une ou l’autre : le train d’un côté, transportant des passagers de manière plus écologiques, les barrages de l’autre, créant des zones humides propices pour la vie d’autres espèces menacées. Car, oui, les castors permettent à d’autres espèces de se développer, comme illustré dans cet article, une ville tchèque économise 1 million d’euros grâce à des castors.
Au moyen de dérogations, Infrabel peut en effet démanteler, pour raison de sécurité publique, les barrages confectionnés par ces rongeurs-architectes. Cela marche sur le court terme, faisant diminuer rapidement le niveau d’eau, mais le castor est tenace et reconstruit à chaque fois son édifice. Ce qui menace à nouveau d’inonder la voirie.
Le dispositif, durable et qui existe dans d’autres pays, appelée cube de Morency, consiste alors à installer des longs tubes de PVC à l’endroit du barrage, permettant à l’eau de s’écouler, et d’installer un cube grillagé aux extrémités, afin d’éviter que les castors ne rentrent dans ces tubes et ne les bouchent.
Cube de Morency – Youtube
Ainsi, quand le niveau d’eau grimpe, cela évite le trop plein, qui pourrait venir fragiliser la voirie et provoquer un déraillement. Dans le même temps, cela permet de laisser assez d’eau aux castors, qui vont revenir faire leur barrage sur les tubes, préservant leurs besoins vitaux. Une conciliation qui, si elle marche, en appelle d’autres. En effet, d’autres cubes de Morency sont envisagés à d’autres endroits en Belgique.
Cette solution est soutenue par les autorités wallonnes et le Département de la Nature et des Forêts (DNF). Un vrai travail d’équipe donc afin de protéger les deux infrastructures.
A l’heure où la résilience avec la Nature est plus que jamais la bienvenue, d’autres projets, en collaboration avec des associations de protection de la Nature et de l’Environnement (Natagora), en phase avec cette optique fleurissent, comme nous le rappelle la porte-parole d’Infrabel, Jessica Nibelle.
Crédit photo : Niklas Hamann
“A Huy, par exemple, on peut apercevoir des moutons pâturer le long des voiries. On appelle cela l’éco-pâturage. Ce projet, lancé en 2018 partout en Belgique, est avantageux économiquement, car l’entretien par des machines et des hommes dans des zones compliquées est coûteux, et écologiquement, car l’entretien est 100% naturel.” C’est également avantageux pour les éleveurs et éleveuses à qui l’entreprise publique leur propose des terrains. Un win-win entre les deux parties qui profite également à la Nature.
“Dans les nouveaux ouvrages d’art, des nichoirs sont installés. Par exemple, sous un pont ferroviaire à Waterloo, des nichoirs ont été mis, avec l’aide de TUC Rail, pour les martinets noirs, friands des ponts pour établir leur nid.”
“Un “hôtel” pour couleuvres coronelles a été créé en collaboration avec le domaine de Han-sur-Lesse, un domaine de 250 hectares de faune et de flore, afin de garantir leur sauvegarde.” Celles-ci étaient, en effet, menacées par des travaux effectués par Infrabel.
Ces quelques exemples montrent la prise de conscience plus général de l’homme par rapport à l’environnement qui l’entoure et des liens qu’il exerce avec, et l’inévitable équilibre à trouver, ensemble, avec lui.