Selon une nouvelle publication de la Liste rouge des écosystèmes, évaluée à partir des critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dix forêts de montagne françaises sont directement menacées par le changement climatique, quant six autres sont quant à elles quasi-menacées, avec des origines multiples et des conséquences difficiles à prédire.
Pins cembros et mélèzes en danger
Qu’il s’agisse de la France hexagonale ou de la Corse, aucun des territoires n’est épargné. Les forêts de montagne sont de plus en plus fragiles face au réchauffement planétaire. Les plus vulnérables étant celles subissant des conditions climatiques de plus en plus éloignées de celles ayant permis leur développement jusqu’alors.
Les premiers écosystèmes touchés, mentionnés comme en étant « en danger », sont deux forêts de pins cembros et de mélèzes. Viennent ensuite huit forêts de l’étage montagnard, un mélange de hêtres et sapins blancs, catégorisés quant à elles de « vulnérables ». Enfin, six autres ont été répertoriées comme étant « quasi-menacées ».
Au total, l’UICN a analysé 19 écosystèmes forestiers de montagne dans les Alpes, le Jura, le Massif central, les Pyrénées, les Vosges et la Corse. Parmi eux, huit étaient des forêts mixtes (hêtres et sapins blancs), six sont des forêts de sapins blancs ou d’épicéas communs et les cinq autres sont des forêts de pins.
Les données, diffusées dans le cadre de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), ont été produites par le Comité français de l’UICN, en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).
Des causes multiples
L’UICN le rappelle, la surface des forêts n’a pourtant fait qu’augmenter depuis le milieu du XIXème siècle et est l’héritage direct de la sylviculture et des anciennes activités pastorales. Par exemple, des alpages reconquis par de jeunes forêts, des « forêts plantées ou semées », du sapin servant au bois d’œuvre ou encore du hêtre pour le chauffage.
Les forêts de montagnes sont aujourd’hui soumises à de multiples pressions, humaine, notamment, provenant de la modification des communautés d’espèces interagissant ensemble, des monocultures ou encore des coupes rases, mais sont aussi victimes de dépérissement, d’une « diminution du renouvellement forestier », et d’attaques de nuisibles comme les scolytes.
Selon l’UICN, il apparaît comme étant relativement difficile de prédire avec exactitude quelle modification subiront les forêts, leur état étant le résultat d’un « cocktail de pressions ». Un même type d’écosystème forestier peut être différent d’un endroit à un autre, et, selon les contextes, les pressions sont indépendantes ou constituent un ensemble dont il est difficile de prédire les effets sur le fonctionnement des écosystèmes des forêts de montagne et leur risque de disparition.
La Liste rouge des écosystèmes, complémentaire à la Liste rouge des espèces menacées, permettant ainsi d’apporter une dimension « écosystémique aux connaissances relatives aux risques de disparition de la biodiversité », recommande aujourd’hui de favoriser la naturalité des forêts de montagne.
Les principaux objectifs étant de favoriser « la restauration et la préservation de la biodiversité forestière et des processus propres à ces écosystèmes », mais aussi d’assurer une surveillance accrue des forêts permettant d’agir essentielle pour mettre en place des actions efficaces et les adapter aux évolutions.
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