Retour aux sources. Dans les Hauts-de-Seine, la ville de Châtillon vient d’inaugurer le premier point de collecte d’urine de France. Le but : transformer l’urine humaine en engrais très efficace pour les agriculteurs locaux.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, en France, l’urine était collectée par des vidangeurs au pied des immeubles ou dans des fosses pour les apporter aux agriculteurs. La création des égouts a mis fin à cette pratique mais a créé une pollution importante dans les cours d’eau, alors que l’azote, le phosphore et le potassium contenus dans l’urine sont un engrais puissant dans les champs.
C’est pourquoi le projet Enville « Engrais humain des villes » a été créé par l’École nationale des ponts et chaussées, et soutenu par l’ADEME Île-de- France. Ce mercredi 18 septembre, le premier point de collecte d’urine de France a été inauguré à Châtillon. Tout le système a été conçu pour qu’il n’y ait pas d’odeurs. Une vingtaine d’habitants étaient présents pour l’occasion.
Le collecteur d’urine installé à Châtillon – Crédit : Thomas SAMSON / AFP
« Récupérer nos déchets ça me paraît être quelque chose de tout à fait normal et c’est une façon de rendre à la campagne ce que la campagne nous amène en produits alimentaires de grande qualité », explique une adhérente de l’AMAP Les radis actifs, qui soutient le projet de collecteur
L’urine est utilisée par un agriculteur voisin, Loïc Dechaseaux, sur ces plants de moutarde. Avant de pouvoir épandre l’urine, cette dernière est d’abord stockée hermétiquement pendant 1 à 6 mois selon les cultures, comme le recommande l’OMS. Dans le bidon fermé, le pH augmente ce qui tue toutes les bactéries potentielles et les résidus de médicaments.
En plus d’être un atout environnemental, c’est une solution économique. Les agriculteurs n’ont plus besoin d’acheter d’engrais chimiques ou azotés, dont les prix ont drastiquement augmenté en même temps que le gaz russe dont ils sont souvent issus. Quant aux habitants, cela leur fait des économies d’eau.
Un homme utilise une station de transfert d’urine, sur le site de collecte à Châtillon, en banlieue parisienne, le 18 septembre 2024. – Crédit : Thomas SAMSON / AFP
Bruno, l’un des habitants participants, a ainsi calculé que cela lui permet d’économiser 50L d’eau, soit environ 70 euros par an. Bruno produit à lui seul 5L d’urine par semaine en moyenne. Les porteurs de projet ont estimé que si tous les Français donnaient leur urine, cela créerait de l’engrais pour 15 % des cultures sur le territoire.
Le collecteur lancé à Châtillon veut démontrer qu’il est tout à fait réalisable de construire des équipements de collecte d’urine en ville. Espérons que d’autres communes se saisissent de cette démarche maligne pour préserver les cours d’eau et fertiliser les champs de façon biologique.
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Sources : « Ça me paraît être quelque chose de tout à fait normal » : ils remplissent des cuves avec leur urine pour fabriquer de l’engrais / France3Regions / 19/09/2024 / « Hauts-de-Seine : le premier point d’apport d’urine inauguré à Châtillon », RTL, 18/09/2024
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