« Tout nouveau projet d’énergies fossiles est incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5° » selon le dernier rapport du Giec publié le mars 2023. Pourtant, la France a autorisé début mai l’exploitation de nouveaux puits pétroliers en Île de France. Une suite logique pour le gouvernement après l’annonce de 8 nouveaux forages pétroliers dans le bassin d’Arcachon mi-février.
Le 29 décembre dernier, Emmanuel Macron publiait, dans une tribune au Monde, un appel à “accélérer sur la transition écologique”, “réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités”.
Force est de constater que lorsqu’une opportunité d’exploitation de ressources fossiles pointe le bout de son nez, le gouvernement saute sur l’occasion. Comme le révélaient nos confrères de Libération, début mai, la préfecture francilienne et l’exécutif ont autorisé, en toute discrétion, l’entreprise Bridge Energies à installer deux nouveaux puits de pétrole sur leur exploitation de Nonville (Seine-et-Marne).
La Mairie de Paris s’inquiète depuis des conséquences environnementales du projet, un site de captage d’eau potable se situant à proximité. L’impact sur la biodiversité et notamment sur la forêt de Fontainebleau qui se trouve à 4 kilomètres des exploitations est également pointé du doigt.
De multiples nouvelles exploitations
Mi-février, 8 nouveaux forages pétroliers voyaient le jour à La Teste-de-Buch en Gironde. Tout cela sur un site exploité depuis 50 ans pour ses ressources en hydrocarbures. Les associations locales et le maire de Bordeaux dénonçaient alors la supériorité de l’argument financier face aux dégâts sur un écosystème, le bassin d’Arcachon, déjà affecté par le tourisme, la sécheresse et les incendies à répétition.
La loi hydrocarbures, datant de 2017, interdit tout nouveaux projets d’énergies fossiles, mais ne prohibe pas l’expansion des sites existants. Leur exploitation pourra durer jusqu’en 2040, date à laquelle aucune ressource fossile ne pourra être extraite du sol français.
D’autres projets comme le terminal gazier du Havre, ouvert principalement pour accueillir le gaz de schiste américain, sont accusés de faire le jeu des énergies fossiles.
Un territoire encore parsemé par les exploitations fossiles
Une soixantaine de gisements gaziers et pétroliers sont encore en exploitation en France, principalement dans les bassins aquitain et parisien. Ce dernier représente 60% de la production française. Selon le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, le pays produit 0,8 million de tonnes de pétrole et 0,16 mètre cubes de gaz.
À moins d’un durcissement législatif, les exploitants profiteront jusqu’en 2040 de ces puits, encouragés par une demande en fossile importante et des prix élevés. En 2022, le pétrole était encore la première source d’énergie consommée en France, à hauteur de 39%, loin devant l’électricité 27% (qui peut aussi être issue de centrales fossiles). Le gaz naturel arrive en troisième position avec 18%.
Les importations ont augmenté en 2022 lors de la crise de l’énergie. Les centrales nucléaires ont connu un pic d’indisponibilité à cause de problèmes de corrosions. La demande en fossile a explosé. Le développement des énergies renouvelables à l’échelle nationale ne suit pas les objectifs de la loi climat et de la directive RED III de l’Union européenne.
Accord de Paris, COP, sommet sur l’ambition climatique, chaque négociation autour de la décarbonation de l’économie et de la sortie des énergies fossiles est âpre. Principaux réfractaires, les pays producteurs exportateurs de pétrole et de gaz. Les maigres avancées et ambitions impulsées par les autres pays ne sont que palliatifs.
En fin de compte, la ligne directrice de tout État, même les plus avancés dans la transition énergétique, est uniquement pécunier. La France ne fait pas exception. Hypocrisie quand tu nous tiens !
Sources : « Ressources en hydrocarbures de la France », Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoire, avril 2024 / « Chiffres clés de l’énergie – Édition 2023 », Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoire, septembre 2023