Aujourd'hui, le Parlement européen a pris une décision controversée sur la proposition de règlement relative aux emballages et aux déchets d'emballages de la Commission européenne, publiée en novembre 2022. Cette proposition, conçue pour faire face aux niveaux alarmants de déchets d'emballages en Europe, a été largement affaiblie sous la pression d'un lobbying intense, aboutissant à la suppression de la plupart des dispositions visant à lutter contre les emballages inutiles et les objectifs de réutilisation pour 2040.
Les députés ont voté en faveur de la réduction des ambitions, compromettant la lutte contre les emballages superflus. Certaines cibles de réutilisation ont été révisées à la baisse, accompagnées de dérogations étendues, sapant ainsi l’efficacité des objectifs et envoyant un signal négatif au secteur émergent de la réutilisation et aux précurseurs de l’économie circulaire.
Un lobbying intense
Ces choix renforcent injustement les fausses affirmations, l’alarmisme et le lobbying intense des industries les plus irresponsables, sapant ainsi toute volonté cruciale de lutter contre la prolifération des déchets. Alors que la commission de l’environnement, censée être la principale défenseuse de notre planète, avait déjà édulcoré les ambitions de la proposition en octobre, la plénière a aujourd’hui asséné le coup de grâce aux mesures essentielles nécessaires pour affronter la crise des déchets d’emballages.
Bien que le soutien aux emballages recyclables puisse stimuler les niveaux de recyclage, cela n’adresse pas le problème fondamental de la surproduction de déchets. Les députés ont également supprimé des dispositions limitant l’utilisation d’emballages à usage unique dans les grands restaurants, ainsi que l’emballage non nécessaire des fruits et légumes.
Cependant, une lueur d’espoir réside dans les objectifs globaux fixés pour les États membres, visant à réduire les déchets d’emballages de 5 % d’ici 2030 et de 15 % d’ici 2040. De plus, le Parlement a introduit une interdiction attendue depuis longtemps sur l’utilisation de substances hautement toxiques et persistantes, telles que les PFAS et le BPA, dans les emballages alimentaires.
Une ambition politique au point mort
Maintenant, la balle est dans le camp des États membres du Conseil, appelés à adopter un mandat ambitieux pour la réutilisation et la prévention des déchets d’emballages. Le règlement devrait entrer en trilogues au début de 2024, avec une fenêtre limitée pour finaliser le texte avant les élections européennes.
Réagissant à ce vote, Lucie Padovani de Surfrider Foundation Europe a critiqué le Parlement pour son manque de connexion à la réalité et son choix de favoriser les intérêts des industries de l’usage unique. Charlotte Soulary de Zero Waste France a exhorté le gouvernement français à défendre l’intégrité de la loi anti-gaspillage française dans les négociations à venir. Marco Musso du Bureau européen de l’environnement a qualifié la décision de « plus que scandaleuse », soulignant la suppression des restrictions significatives et l’impact négatif sur les forêts mondiales.
Sergio Baffoni, de l’Environmental Paper Network, a qualifié le résultat de désastreux, mettant en lumière l’augmentation probable de la demande d’emballages en papier, aggravant ainsi la déforestation mondiale. Une décision qui, selon lui, est tout simplement insoutenable.