Après plus de 3 ans d’instruction, le gouvernement a refusé à l’entreprise La Française de l’Energie (LFDE) sa demande de permis pour exploiter le gaz de couche mosellan. Une victoire pour les citoyens, associations et organisations environnementales qui s’inquiétaient des risques sanitaires et environnementaux de l’exploitation de cette énergie fossile.
Un projet de 40 puits de forage
L’affaire a débuté le 26 novembre 2018, lorsque la LFDE a déposé une demande de permis pour extraire le gaz de couche sur près de 200km2 en Moselle-Est. Après 15 ans de recherche, et la mise en œuvre de 5 premiers forages, l’ensemble des travaux avait pourtant confirmé la complexité du projet d’exploitation des sous-sols lorrains.
Malgré ces résultats peu concluants, l’opérateur souhaitait tout de même créer une quarantaine de plateformes de forage et d’extraction de gaz. Le lobbying de LFDE lui avait permis d’obtenir une exclusion des gaz de couche de l’interdiction d’exploration et exploitation des hydrocarbures non conventionnels dans la loi Hulot.
Inquiets par un manque d’études sérieuses sur la pérennité du projet, citoyens, élus et organisations environnementales s’étaient alors mobilisés pour demander le refus de ce permis dans une lettre ouverte que La Relève et La Peste avait relayée en 2021.
Refus du permis d’exploitation
Deux ans plus tard, leurs alertes ont été entendues. Le ministère de la transition énergétique vient de refuser la demande de l’opérateur, au motif que « les essais de production n’ont pas été probants » et qu’ « ils ont conduits à la fermeture définitive du 1er puits, à la mise en sommeil de trois autres et à l’arrêt du dernier puits en raison de l’impossibilité d’atteindre la pression de désorption du gaz de couche ».
Le ministère relève de plus « les difficultés relatives à la mise en œuvre effective de la technique d’exploitation du gisement, la méconnaissance du contexte hydrogéologique local » et les « nombreuses incertitudes [qui] demeurent sur la faisabilité technique de l’exploitation ».
Pour extraire du gaz de couche, il faut normalement utiliser la fracturation hydraulique : c’est-à-dire envoyer à très forte pression de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sol, pour libérer les gaz. Or, cette pratique est interdite par la loi en France depuis 2011, à cause de ses conséquences sur l’environnement.
La conclusion de l’arrêté est très claire : « L’entreprise n’a pas démontré ni sa capacité technique à extraire le gaz de couche ni l’exploitabilité du gisement ».
« Cette décision est saluée par les différentes organisations environnementales qui avaient alerté sur les risques qu’induirait aussi cette exploitation sur les ressources en eau, l’artificialisation des sols, les émissions de gaz à effet de serre » ont réagi les associations dans un communiqué
Sur France3 Régions, Julien Moulin, président de la Française de l’Energie SA, accuse les opposants de préférer « la remise en fonctionnement des centrales à charbon comme à St-Avold et l’importation de milliards de dollars de gaz de schiste pour faire face à nos besoins plutôt que de valoriser une ressource locale en circuit court ».
Décidé à tenter le tout pour le tout, LFDE a immédiatement contesté cette décision auprès du Tribunal Administratif de Strasbourg. En parallèle, La Française de l’Énergie a également déposé une nouvelle demande de permis d’exploitation dans une zone proche, d’hydrogène cette fois.