Vous cherchez un média alternatif ? Un média engagé sur l'écologie et l'environnement ? La Relève et la Peste est un média indépendant, sans actionnaire et sans pub.

6 minutes de chants d’oiseaux suffisent pour réduire le stress

«  Il est important d’observer et non de se contenter de voir, d’écouter et non seulement d'entendre. »  

Élise Rousseau, journaliste et naturaliste, et Philippe J. Dubois, ornithologue et ingénieur écologue, viennent de publier Ornithérapie. Ce livre nous convie à lutter contre l’écoanxiété, le stress et à prendre soin de notre bien-être. Loufoque ? Point du tout. Les études scientifiques, surtout anglo-saxonnes, s’accumulent et démontrent non seulement le plaisir que les chants d’oiseaux procurent, mais aussi leurs bienfaits thérapeutiques tant au plan mental que physique.

Élise explique comment l’écoanxiété s’est installée dans sa vie de journaliste spécialisée dans l’environnement mais aussi comment, très tôt, dès l’enfance, une vie à la campagne lui a permis de comprendre sa propre biophilie et donc les bienfaits de la nature sur la vie mentale des humains.

« J‘avais une famille déjà très sensible aux animaux en général, et aux oiseaux en particulier, qui m’a transmis le plaisir de les regarder, de les écouter et de les aimer. En tant que cavalière, je me suis intéressée à l’équithérapie, d’où ce titre Ornithérapie » raconte Elise Rousseau pour La Relève et La Peste.

Le bienfait des chants d’oiseaux sur la santé humaine

Les affirmations des deux auteurs s’appuient sur des recherches on ne peut plus sérieuses qui démontrent que moins de 10 minutes d’écoute des chants des oiseaux font baisser votre taux de cortisol durablement, c’est–à-dire pendant plusieurs heures.

Le cortisol est l’hormone du stress. En trop grande quantité, il peut troubler les cellules du cerveau dans leur faculté à absorber le glucose, et mener à la destruction de certaines cellules. En altérant la façon dont le sucre et l’eau sont stockés, un taux de cortisol trop élevé atrophie la masse musculaire. Néanmoins, il en faut pour lutter contre l’inflammation !

Lorsque vous êtes sous stress, angoissé, anxieux, n’hésitez pas à sortir vous promener à l’idéal dans une forêt, et sinon dans un parc public. L’université du Michigan a même montré que cela faisait chuter les idées irrationnelles et même le nombre d’hospitalisations psychiatriques.

Les scientifiques le confirment, les espaces naturels nous sont bénéfiques et plus encore lorsque leur biodiversité est importante. Et le nombre des oiseaux présents majore les bénéfices. Élise et Philippe passent de longues heures à observer et à écouter les oiseaux pour toujours mieux les connaître et les reconnaître.

«  Il est important d’observer et non de se contenter de voir, d’écouter et non seulement d’entendre. »

Une attention aiguë permet des perceptions plus fines des principaux sens mobilisés : l’ouïe et la vue. Et même en ville, on peut découvrir la joie qu’il y a à fixer son attention sur un petit morceau de nature.

« Il existe tout un monde sauvage en ville dont les oiseaux font partie et qu’on peut observer et reconnaître. Les citadins peuvent donc s’entraîner à observer et à écouter les volatiles qui chantent également en milieu urbain. » ajoute Élise pour La Relève et La Peste.

Allongez-vous, fermez les yeux ! Vous êtes installés dans un espace riche en biodiversité et donc en oiseaux. Tous vos sens sont en éveil. Vous vous concentrez sur le moment présent. Ou bien, asseyez-vous, chaussez vos jumelles face à la mer, suivez le vol des oiseaux de mer, laissez-vous hypnotiser.

Dans un cas comme dans l’autre, entrez dans une forme de méditation de pleine conscience ! Les oiseaux peuvent ainsi vous emmener dans un travail personnel profondément relaxant.

Apprivoiser sa peur de la nuit

La nuit, les sons, privés de la vue, nous sont difficilement identifiables et compréhensibles. Or, nous avons peur de ce que nous ne comprenons pas. Marc Namblard, audio-naturaliste, accompagne des sorties dans la forêt de nuit et témoigne de peurs paniques de certains promeneurs lorsque le noir se fait profond et sonore.

Élise faisait partie de ceux-là, afin de se plonger dans l’univers des volatiles. « Autrefois, j’avais peur de la nuit. Le fait de chercher les oiseaux de nuit, les chouettes notamment, m’a permis d’apprivoiser la nuit et de complètement dépasser la peur du noir, mais aussi celle du crépuscule. Ce moment de bascule entre le jour et la nuit réveille des craintes quelque peu archaïques et une véritable appréhension. Finalement, c’est devenu un de mes moments préférés de la journée. »

La connaissance des chants des oiseaux nocturnes permet de retrouver une familiarité avec la nature même lorsqu’elle s’assombrit et nous prive de nos yeux. « Si rien ne nous est visible, nous devenons aussi un peu invisibles la nuit, il ne faut pas l’oublier » précise-t-elle pour La Relève et La Peste.

Rendre l’attention aux enfants

S’il manque des études pour montrer qu’on peut soigner des troubles de l’attention grâce à l’observation et l’écoute des oiseaux, on est sûrs que cela en favorise la bonne construction.

Les difficultés attentionnelles sont régulièrement attestées chez les enfants comme chez les adultes. On incrimine souvent les écrans, mais aussi le désintérêt pour l’activité en cours, la fatigue, les préoccupations, l’anxiété, l’envahissement de l’environnement proche.

Un bain d’oiseaux, qui en pays anglo-saxon peut faire l’objet d’une prescription médicale, peut être très indiqué !

« Les oiseaux sont beaux, bougent, s’approchent des humains ou au moins de leurs jumelles de façon à ce qu’on puisse les observer facilement. Avec les enfants, c’est une merveille. On leur apprend à reconnaître un rouge-gorge, une mésange ou une mouette. Les enfants sont naturellement curieux de ce qui les entoure. Et si ce sont des animaux, c’est encore plus vrai. »

Leur apprendre à se concentrer devient alors un jeu d’enfant ! François Lasserre, entomologue, le confirme. Il emmène les enfants découvrir les insectes et les fait contribuer au programme de sciences participatives Spipoll. Les petits photographient des insectes sans bouger pendant 20 minutes sans problème !

Agir, l’autre thérapie

Il n’y a plus à discuter ! La nature est le meilleur allié de l’humain qui, de fait, en est un élément parmi les autres. Et ce qui bénéficie aux uns, bénéficie aux autres. Nos politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux de santé mentale et physique. Ni des enjeux d’habitabilité de la planète pour l’ensemble du vivant et notamment pour les humains.

Pourtant, les scientifiques ne cessent de réclamer notre attention pour que nous renoncions à voir et entendre disparaître les oiseaux et leurs chants. Encourager l’enseignement dehors pourrait être une des mesures rapides à mettre en œuvre.

Ornithérapie invite aussi à l’action. Dès 1960, Rachel Carlson lançait un cri d’alarme devant l’effondrement des populations d’oiseaux. Malgré cela, 1/4 des oiseaux ont disparu en Europe, il faut agir. L’action est un des meilleurs remèdes contre l’écoanxiété qui touche de plus en plus de nos contemporains, en particulier l’action collective.

Observer et écouter les oiseaux peut se faire en groupe, en famille, et partout. Contribuer aux sciences participatives organisées par la LPO aussi. Lorsqu’on a un jardin ou même un balcon, on peut installer des nids, des mangeoires à graines, des abreuvoirs pour les oiseaux. Planter des végétaux très diversifiés et des arbustes qui produisent des baies toute l’année est également nécessaire. Enfin, dans les haies et les arbres morts vivent de nombreux insectes dont se nourrissent les oiseaux.

Élise conclut : «  Tout ce que vous pouvez faire de bénéfique pour la nature est bénéfique pour les oiseaux. Ce sont des indicateurs très fiables de la santé de notre monde. » 

Un autre monde est possible. Tout comme vivre en harmonie avec le reste du Vivant. Notre équipe de journalistes œuvre partout en France et en Europe pour mettre en lumière celles et ceux qui incarnent leur utopie. Nous vous offrons au quotidien des articles en accès libre car nous estimons que l’information doit être gratuite à tou.te.s. Si vous souhaitez nous soutenir, la vente de nos livres financent notre liberté.

Sources :

En ville et au-delà, des études montrent qu’un bon accès à des espaces végétalisés est lié à un meilleur développement cognitif (Bratman et al., 2012 ; Reuben et al., 2019), à une diminution des symptômes de dépression (Cohen-Cline et al., 2015 ; Miles et al., 2012), à un moindre stress (van den Berg et al., 2010) et à un moindre risque de troubles psychiatriques (Engemann et al., 2019). La richesse en biodiversité est positivement associée à la capacité des personnes à se remettre du stress (Lindemann-Matthies et Matthies, 2018 ; Wood et al., 2018). La richesse et l’abondance des espèces d’oiseaux sont liées au bien-être personnel et du quartier (Luck et al., 2011) et l’abondance d’oiseaux l’après-midi est associée à une meilleure santé mentale chez les citadins (Cox et al., 2017).

Isabelle Vauconsant

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Animal, un nouveau livre puissant qui va vous émerveiller 🐺

Notre livre Animal vous invite à vous émerveiller face à la beauté du peuple animal. Des dernières découvertes scientifiques sur le génie animal jusqu’au rôle primordial de chaque espèce qui peuple notre terre, notre livre vous plonge au cœur du monde animal et vous invite à retrouver votre instinct.

Après une année de travail, nous avons réalisé l’un des plus beaux ouvrages tant sur le fond que sur la forme.

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^