Le World Resources Institute et l’Université du Maryland lancent l’alerte : 4,1 millions d'hectares de forêt tropicale primaire ont été déforestés en 2022 dans le monde, soit 10 % de plus qu’en 2021. Cette destruction a produit 2,7 gigatonnes d’émissions de dioxyde de carbone, l’équivalent des émissions annuelles de l’Inde.
En 2022, 4,1 millions d’hectares ont été perdus, soit la taille de la Suisse. 11 terrains de football de forêt tropicale ont ainsi été perdus par minute nous apprend l’étude du World Resources Institute et l’Université du Maryland
Ces résultats sont publiés un an après l’engagement pris par 145 pays pendant la COP26 de mettre un terme à la déforestation d’ici 2030. L’engagement couvre 85 % des forêts de la planète. Joe Biden, Xi Jinping et Jair Bolsonaro l’ont tous signé. La Bolivie est l’un des rares pays à ne pas l’avoir signé.
La majeure partie des pertes a eu lieu au sein de zones protégées. En 2021, le Brésil, la République démocratique du Congo et la Bolivie arrivent en première place dans cette perte. Le Ghana, producteur majeur de cacao, a souffert de la grande augmentation de la déforestation de forêt tropicale primaire sur son territoire, avec la perte de 18 000 hectares, soit une hausse de 71 % par rapport à l’année précédente.
L’Indonésie et la Malaisie sont pour leur part parvenus à des taux de pertes très bas, grâce à l’action significative des entreprises et des gouvernements de ces dernières années.
La promesse faite dans le cadre de la conférence de Glasgow de 2021 n’est donc pour l’instant pas respectée. Les résultats de 2022 marquent la dernière année de présidence de Jair Bolsonaro au Brésil. Son successeur, Luiz Inácio Lula da Silva, a fait la promesse de mettre fin à toute déforestation de la forêt Amazonienne mais peine à respecter son engagement faute de moyens financiers.
Inger Andersen, la directrice générale de l’UNEP, a estimé qu’il est important de soutenir les territoires qui abritent des forêts tropicale et de payer un prix adapté, un prix qui « reflète la vraie valeur des forêts, qui reflète le coût réel des émissions et qui est assez élevé pour encourager les vendeurs à protéger les forêts encore sur pied. »
Le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo, qui abritent plus de la moitié des forêts tropicales de la terre, travaillent progressivement et conjointement avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) afin de protéger les forêts.
Inger Andersen ajoute : « La protection de la forêt et sa restauration sont bien plus importantes qu’un simple prix pour le carbone. Il s’agit de protéger la biodiversité, les moyens de subsistances de peuples autochtones et de communautés locales. Il s’agit de soutenir le cycle hydrologique, afin de stabiliser les conditions météorologiques et nous protéger des glissements de terrain, de l’érosion des sols et des inondations. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre plus de couverture forestière. »
Les scientifiques rappellent que les êtres humains détruisent l’un des outils les plus efficaces pour atténuer le réchauffement climatique et faire cesser l’érosion de la biodiversité.