Samedi 11 octobre, près de 2 000 manifestants dans l'Oise se sont opposés au projet du Canal Seine-Nord, en rejoignant le chantier à la nage. Ils lui reprochent l’artificialisation de 3 200 hectares de terres, la destruction de 330 espèces protégées et une menace sur l’eau, avec la création d’une méga-bassine colossale de 14 000 m3.
Samedi 11 octobre, une grande journée de mobilisation a eu lieu contre le projet de méga-canal Seine-Nord dont les travaux ont commencé en 2022. Long de 107 kilomètres pour une largeur de 54 mètres, ce canal artificiel, dont le coût est estimé à 7 milliards d’euros, doit relier Compiègne (Oise) à Aubencheul-au-Bac (Nord), dans les Hauts-de-France.
L’objectif : que le canal, en projet depuis près de 40 ans, constitue le maillon central de la liaison fluviale Seine-Escaut, et rende ainsi possible la circulation de péniches à grand gabarit entre la France, la Belgique et les Pays-Bas, ce que l’actuel canal du Nord, trop petit, ne permet pas.
Les opposants estiment eux que le projet, soutenu par l’Union européenne, coûtera au final entre 8 et 10 milliards d’euros. Des organisations écologistes, syndicales, anticapitalistes, comme la FSU, ATTAC, Confédération Paysanne ont donc exprimé leur colère et leurs inquiétudes.
« Ce sont des hectares de terre engloutis en faveur de l’industrialisation de l’agriculture. Ils feraient mieux de moderniser les lignes de fret ferroviaire et de protéger nos marchés locaux », a ainsi plaidé Elise, de la Confédération paysanne, devant la foule.
De leur côté, les promoteurs du projet expliquent avoir prévu quarante sites pour mettre en place des mesures compensatoires, tandis que le conseil national de la protection de la nature a émis un avis favorable assorti de quelques réserves.
Autre source d’inquiétude majeure : la menace que ferait peser le projet sur la ressource en eau, ainsi que nous vous l’expliquions en juillet 2024. Si le futur canal doit être principalement alimenté par la rivière Oise, une réserve de 14 millions de m3 (22 fois la taille de Sainte-Soline) doit être creusée dans la vallée de Louette, à Allaines (Somme), afin d’assurer l’approvisionnement en eau « en période de trop faible débit de l’Oise, particulièrement l’été ou en période de sécheresse ».
Or, la dernière commission d’enquête publique souligne une « relative fragilité » du canal si de longues sécheresses venaient à se répéter, ainsi que le prévoient les modèles climatiques. C’est pourquoi des dizaines de personnes ont sauté à l’eau pour s’introduire sur le chantier, et déployer une banderole avec écrit « 8 Milliards d’euros au Canal, rien à l’hôpital ».
« Cette première visite surprise en annonce d’autres et indique la détermination des manifestant·es à entraver, bloquer et occuper l’avancée du Méga Canal de multiples manières sur ses 107 kilomètres de tracé dans les mois et années à venir » a annoncé le collectif des Soulèvements de la Terre.
Une plateforme en palettes a ainsi été perchée dans un arbre, à 15m de hauteur, en prévision de futures actions. « Avec cette cérémonie, nous avons annoncé l’occupation future d’un maximum d’arbres pendant toute la période de coupe, qui s’étendra jusqu’au mois de mars », ont ainsi confirmé les organisateurs sur la messagerie Telegram.
Certains agriculteurs et agricultrices, dont les terres agricoles et forêts sont menacées de destruction par le projet, ont prêté leur terrain pour accueillir les opposants au projet lors de ce weekend de mobilisation.
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