Selon les chiffres consultés ce mercredi 3 mai, 20 départements de l’Hexagone sont déjà visés par des restrictions sur l’usage de l’eau, soit beaucoup plus qu’il y a un an. Au printemps 2022, seulement 8 départements avaient pris ces mesures.
Sur les 20 départements concernés par les restrictions sur l’usage de l’eau, 3 départements du Sud-Est sont déjà en niveau de crise : les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Var, des départements qui n’étaient pas visés pour ces mesures l’an dernier.
Dans les zones en niveau de crise, les restrictions sont très sévères : l’arrosage des espaces verts, le lavage des voitures dans les stations et le remplissage des piscines privées sont interdits. Des interdictions d’irrigation s’appliquent également aux agriculteurs. Selon le préfet des Pyrénées-Orientales, le 10 mai, le département sera aussi concerné par ces mesures.
9 départements sont concernés au moins partiellement par un niveau d’alerte renforcée, contre seulement 3 l’an dernier. 8 départements sont concernés par un niveau simple d’alerte, contre 5 en 2022, à la même époque.
Les arrosages des pelouses sont interdits en alerte renforcée, mais la restriction ne s’applique que de 11h à 18h en alerte simple.
A la mi-avril, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières a lancé l’alerte : les pluies d’avril n’ont pas été suffisantes et 75 % des nappes phréatiques restent à des niveaux modérément bas ou très bas. Une cinquantaine de départements présentent ainsi un risque “très fort” de sécheresse estivale.
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, dans une déclaration à l’AFP, explique : « La France connaît une sécheresse météorologique préoccupante. » Il ajoute : « Depuis février, ma demande n’a pas changé : pour anticiper l’été 2023, les préfets ne doivent pas avoir la main qui tremble lorsque des décisions de restriction sont nécessaires. »
Outre cette sécheresse précoce, selon un nouveau bulletin de l’Organisation météorologique mondiale, la probabilité de manifestation d’El Niño dans le courant de l’année s’accroît, risquant d’aggraver la situation.
Pour l’instant, il est probable à 60 % que les conditions ENSO neutres (ne dénotant ni un épisode El Niño, ni un épisode La Niña) que connaît actuellement le Pacifique laissent la place à un épisode El Niño entre mai et juillet. Cette probabilité augmente pour atteindre environ 70 % entre juin et août et 80 % entre juillet et septembre. Rien ne laisse présager l’intensité et la durée de cet épisode.
Le secrétaire général de l’OMM, Jukka Petteri Taalas, alerte cependant : « Nous venons de connaître les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, bien que l’épisode La Niña de ces trois dernières années ait freiné temporairement l’augmentation des températures mondiales. L’apparition d’un phénomène El Niño entraînera très probablement une nouvelle flambée des températures mondiales et augmentera le risque de battre des records de chaleur. »
Le secrétaire général conclut : « Le monde devrait se préparer au développement d’El Niño, qui est souvent associé à une augmentation de la chaleur, de la sécheresse ou des précipitations dans différentes régions du monde. Il pourrait apporter un soulagement face à la sécheresse que subit la Corne de l’Afrique et à d’autres effets liés à La Niña, mais il pourrait aussi déclencher des phénomènes météorologiques et climatiques plus extrêmes. Cette situation appelle l’attention sur la nécessité de mettre en œuvre l’Initiative des Nations Unies en faveur d’alertes précoces pour tous, afin d’assurer la sécurité des personnes. »
Selon les rapports de l’OMM, 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, en raison d’un phénomène El Niño très puissant couplé au réchauffement climatique. L’effet sur les températures mondiales se manifeste généralement l’année qui suit l’arrivée du phénomène. Il sera donc le plus évident en 2024.