Ce lundi 28 juillet, la pétition contre la loi Duplomb, qui veut notamment réintroduire l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018, a atteint les 2 millions de signatures. Cette protestation citoyenne hors-norme pourrait peser lors du vote du Conseil Constitutionnel le 7 août, pour censurer ou non la loi.
« Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser », affirmait Eléonore Pattery, à l’origine de la pétition, le 10 juillet. Dix-sept jours plus tard, les faits lui donnent raison. Plus de deux millions de personnes ont affirmé leur opposition à la loi Duplomb.
Elles exigent l’abrogation « immédiate » de la loi, « la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée », alors qu’il n’y a pas eu de réel débat dans l’Hémicycle, et une « consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit ».
Le nombre de signataires permettra un débat à l’Assemblée, mais pas de revenir sur les dispositions déjà adoptées. Seule institution ayant ce pouvoir, le Conseil Constitutionnel doit rendre sa décision le 7 août pour décider de la viabilité du texte, ou de sa censure.
Une fois que la décision du Conseil Constitutionnel rendue, Emmanuel Macron pourra décider de promulguer le texte ou demander une seconde délibération au Parlement. Alors que la pression s’accentue sur le gouvernement, le président de la République marche sur des œufs et a appelé à concilier « science » et « juste concurrence » en matière environnementale.
En effet, certains membres de la FNSEA et des JA multiplient les démonstrations de force en faveur de la loi. La permanence de la députée écologiste Delphine Batho a été bloquée par des bottes de paille, le député macroniste Jean-Marie Fiévet a lui été visé par des tags.
En Dordogne, les agriculteurs des JA ont remis au député écologiste Sébastien Peytavie des fruits et autres aliments étrangers contenant de l’acétamipride. Cette action symbolise à elle seule tout le malaise des agriculteurs français : un sentiment d’injustice face à une concurrence étrangère déloyale, dont les produits ne sont pas soumis aux mêmes normes sanitaires.
En filigrane, c’est avant tout d’un changement politique international ambitieux dont l’agriculture française aurait vraiment besoin. Notamment à travers la révision des traités de libre-échange afin d’encourager des modèles agroécologiques en France, et partout dans le monde.
De leur côté, victimes des pesticides, paysans, scientifiques et citoyens de tous bords s’organisent pour éviter une nouvelle exposition délétère à des produits nocifs pour l’environnement et la santé humaine.
Eléonore Pattery, elle, en est convaincue : le succès de cette pétition « prouve que l’intelligence collective existe – et qu’elle triomphera, tôt ou tard ».