Vingt-trois décennies après la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, la France comme patrie des Droits de l’arbre… Le 5 avril, lors du colloque “Les arbres remarquables, un patrimoine à protéger” de l’association ARBRES, la Déclaration des droits de l’arbre a été présentée à l’Assemblée nationale.
Un être vivant
Le texte, soutenu par des parlementaires, des juristes, des botanistes et des arboriculteurs, se trouve composé de 5 articles. « L’arbre est un être vivant » commence le premier article. Le second détaille ce principe, reconnaissant l’arbre comme un « être vivant sensible aux modifications de son environnement », établissant clairement cette conséquence : l’arbre ne doit plus se voir considéré comme un objet.
Chacune de ses parties, des feuilles aux racines, doit être respectée par l’Homme. Selon l’article 3, celui-ci doit lui donner assez d’espace pour vivre « de sa naissance à sa mort naturelle, qu’il soit arbre des villes ou des campagnes ».
Les arbres remarquables
Une autre implication de la Déclaration : la propriété humaine s’efface face au Droit de l’arbre. L’article 4 établit que « certains arbres, jugés remarquables par les hommes, pour leur âge, leur aspect ou leur histoire, méritent une attention supplémentaire ».
En France, on en compte plus de 500, dont le chêne-chapelle d’Allouville-Bellefosse (Seine-Maritime) qui abrite deux chapelles superposées datant de la fin du XVIIe siècle et le chêne tricéphale du parc des Cordeliers (Gard) âgé de plus de 2 siècles et qui aurait été rapporté des États-Unis par un proche de La Fayette.
« En devenant patrimoine bioculturel commun, ils accèdent à un statut supérieur engageant l’Homme à les protéger comme ‘monuments naturels’ ».
L’article 5 distingue enfin les arbres plantés puis « exploités, échappant forcément aux critères précédemment cités ».
Changer le regard
La signature de ce texte constitue une révolution en France, où l’arbre est considéré comme un objet dans le Code civil actuel et où les arbres remarquables ne bénéficient d’aucune protection. Si l’objectif des auteurs est dans un premier temps d’alerter sans aucune contrainte, ils souhaitent également inscrire l’arbre comme être vivant dans le Code civil.
« Ce texte a pour vocation de changer le regard et le comportement des hommes, de leur faire prendre conscience du rôle déterminant des arbres au quotidien et pour le futur, en ouvrant la voie à une modification rapide de la législation au niveau national » expliquent-ils.
Extraordinaire complexité
Les récents travaux des biologistes ne font qu’appuyer leur démarche. Ils révèlent l’extraordinaire complexité des arbres et de leurs relations avec leur environnement. La recherche s’intéresse de plus en plus à leur plasticité phénotypique (capacité d’un organisme à modifier ses caractéristiques en réponse à des facteurs environnementaux), à leur système racinaire, à leur stratégie hivernale…
Si l’existence de ‘neurones végétales’ fait encore débat, la capacité de communication et d’entraide entre les végétaux ainsi que leurs interactions avec le monde animal se trouvent largement reconnues et popularisées par des ouvrages comme La vie secrète des arbresde Peter Wohlleben. D’où l’importance cruciale de leur protection, alors que les scientifiques estiment que le nombre d’arbres sur Terre a chuté d’environ 46 % depuis le début de la civilisation humaine.