Après les AMAP, les AMEP réunissent des petits producteurs d’électricité renouvelable présents sur une même zone géographique. Cette nouvelle initiative citoyenne et écologique prône la solidarité énergétique sous forme de partage d’électricité entre associations locales et voisins. Cette démarche écologique et conviviale permet aux particuliers de faire des économies sur leur facture d'électricité, et aux associations de recevoir de l'électricité gratuitement.
Une production locale pour une consommation locale
Les AMEP – Association pour la Mutualisation d’une Énergie de Proximité – s’inspirent des AMAP. Calquée sur le même principe que cette association visant à maintenir une agriculture paysanne de proximité, les AMEP réunissent des petits producteurs d’électricité verte présents sur une même zone géographique, qui partagent le surplus d’électricité généré à partir de panneaux solaires. Et elles ont de beaux jours devant elles.
L’idée est née en 2022 chez Christophe Brun, habitant du village de Simiane-Collongue dans les Bouches-du-Rhône, qui a travaillé dix ans dans le secteur de l’énergie. Il explique à La Relève et La Peste que les initiatives de troc entre voisins sont monnaie courante :
« Tous les ans en septembre, on récolte le raisin des vignes sur notre terrasse. Les quantités dépassent notre consommation alors pour ne pas jeter, on offre le reste à notre entourage ».
En installant des panneaux photovoltaïques sur son toit, il réalisa qu’il pouvait en faire de même avec l’électricité. « Après avoir auto-consommé ce qui est produit sur place, s’est posée la question de l’utilisation du surplus » continue Christophe.
Bénéficiant d’une météo ensoleillée une grande majorité de l’année, la production s’élève d’environ 2500 watts lors de très belles journées, dont seulement 1400 watts consommés. La solution pour répondre au phénomène naturel de surplus d’électricité, directement injecté dans le réseau électrique, est de le vendre à EDF.
« L’alternative à la revente habituelle auprès d’un fournisseur d’énergie repose sur le partage avec son entourage, techniquement appelé autoconsommation collective. C’est autorisé par la loi depuis quelques années, mais reste encore peu connu » ajoute-t-il pour La Relève et La Peste.
Ce système n’est pas impacté par l’intermittence des énergies renouvelables.
« Quand vous mettez des panneaux solaires en autoconsommation, il n’y a pas de risques de coupure plus importants que si vous n’avez pas. On n’est pas dans une autonomie à 100% : les maisons, les immeubles ou les entreprises qui ne payent pas de photovoltaïques deviennent hybrides en électricité. Et tout ce qui n’est pas couvert localement l’est en complément par l’extérieur » explique Christophe pour La Relève et La Peste.
Des producteurs d’électricité adhérents de l’AMEP
Une initiative qui prône la sobriété énergétique
« La sobriété a un vrai sens car il y a moins onéreux que le partage, c’est l’électricité que l’on ne consomme pas ».
La totalité de l’énergie produite par des panneaux solaires doit être consommée instantanément ou injectée dans le réseau. Avec les AMEP, le surplus d’énergie bénéficie gratuitement aux voisins à proximité immédiate. De plus, l’opération permet de changer les mentalités sur la consommation énergétique, modifie les comportements, prône la sobriété énergétique et est donc bénéfique pour le climat.
Les consommations étant mesurées toutes les trente minutes, chaque participant a accès à ses consommations en temps réel, ce qui lui permet de bien comprendre ce qu’il consomme. Christophe nous confirme que « les gens commencent à s’intéresser à leur profil de consommation. Il y a un vrai enjeu de compréhension alors qu’en général, les français ont une connaissance assez faible du sujet ».
Même si le but n’est pas purement financier, l’économie sur les factures des bénéficiaires est d’environ 10%. Et en plus de diffuser la connaissance énergétique, cette démarche de proximité, orientée vers un objectif solidaire citoyen, favorise le lien social.
Une réunion des adhérents de l’AMEP
Des dons d’électricité aux associations
L’électricité autoconsommée qui part dans les câbles est calculée au moment où l’électricité est produite et ensuite récupérée par le gestionnaire du réseau électrique Enedis qui répartit, au prorata des consommations respectives, les surplus entre les consommateurs.
Le projet initial qui se basait sur le don d’électricité aux voisins a, par la suite, pris une tournure associative. « Plutôt que donner de l’argent, on voulait proposer aux associations d’intérêt général un don d’électricité » explique Christophe pour La Relève et La Peste. Les 16 panneaux photovoltaïques installés sur le toit de la maison de Christophe sont maintenant “reliés” à un établissement pour personnes handicapées.
« L’électricité a un rôle social à jouer. On cherchait une dimension de solidarité donc on a trouvé un ESAT – Établissement et service d’aide par le travail – qui fait travailler des handicapés et qui est maintenant destinataire crédit exclusif du surplus ».
L’objectif aujourd’hui est de développer et construire un réseau d’AMEP autour des associations. Christophe nous informe qu’il « cherche actuellement des associations qui seraient volontaires pour recevoir des dons d’électricité ».
Depuis sa création, le concept d’AMEP séduit et se multiplie : une quinzaine de projets est en cours dans d’autres coins de France. « On a été assez vite contactés par des personnes qui aimaient le projet et avaient envie de s’en inspirer pour monter leur propre AMEP » conclut Christophe. Pour accompagner les personnes intéressées par le don d’électricité, les habitants de Simiane-Collongue proposent des webinaires une fois par mois. Le prochain a lieu ce lundi 29 janvier.
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